Que fait-on quand on regarde une peinture ? À quoi pense-t-on ? Qu'imagine-t-on ? Comment dire, comment se dire à soi-même ce que l'on voit ou devine ? Et comment l'historien d'art peut-il interpréter sérieusement ce qu'il voit un peu, beaucoup, passionnément ou pas du tout ?
En six courtes fictions narratives qui se présentent comme autant d'enquêtes sur des évidences du visible, de Velázquez à Titien, de Bruegel à Tintoret, Daniel Arasse propose des aventures du regard. Un seul point commun entre les tableaux envisagés : la peinture y révèle sa puissance en nous éblouissant, en démontrant que nous ne voyons rien de ce qu'elle nous montre. On n'y voit rien ! Mais ce rien, ce n'est pas rien.
Écrit par un des historiens d'art les plus brillants d'aujourd'hui, ce livre adopte un ton vif, libre et drôle pour aborder le savoir sans fin que la peinture nous délivre à travers les siècles.
Mêlant récit romanesque et enquête historique, l'auteur raconte l'histoire d'un tableau célèbre.
" Comme tu viens de l'écrire dans ton poème, le portrait que je fais de Rodolphe dans mon Vertumne n'est pas beau. Soyons franc : il est grotesque, je dirais même qu'il est laid. N'est-ce pas ? – Il est à la fois beau et laid, Giuseppe. C'est son côté grotesque, justement, qui en fait la beauté ".
Giuseppe Arcimboldo n'ignorait pas l'ambiguïté de son œuvre. Il savait que ses tableaux pouvaient déranger autant que fasciner. Pourquoi a-t-il peint Rodolphe II de Habsbourg en dieu-jardinier ? Ce tableau est-il un hommage à l'empereur du Saint Empire ou une façon de se moquer de lui ? Pourquoi tous ses portraits sont-ils des têtes composées de fruits et de légumes ?
Autant de questions qui jalonnent ce récit qui nous entraine dans les pas du peintre italien exilé à la cour de Prague, au service de l'empereur fantasque qui s'est entouré de tout un cercle de devins, de mages, d'astrologues et d'alchimistes.
Mêlant récit romanesque et enquête historique, l'auteur raconte l'histoire d'un tableau célèbre.
Florence, 1450. Fra Angelico, vieux dominicain, peintre de la lumière et de l'indicible, est de passage au couvent San Marco, dont il a créé les fresques. Au hasard d'une promenade, il tombe sur un enfant, têtu, candide, esseulé. Cette rencontre bouleverse les deux êtres, et, mystérieusement, les mène vers la Descente de Croix de la basilique Santa Trinita, chef-d'œuvre du Maître angélique.
Le tableau, son histoire, son sens profond, éclairent d'un jour nouveau le lien noué entre l'homme et l'enfant.
Ce " roman d'un chef-d'œuvre " parle de bonté, d'art, de mort, et de lumière... La lumière qui nimbe le retable de Santa Trinita, celle aussi d'une rencontre inespérée.
L'OEuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité technique annonce, dès son titre, le tournant opéré par la modernité : Benjamin montre dans cet essai lumineux que l'avènement de la photographie, puis du cinéma, n'est pas l'apparition d'une simple technique nouvelle, mais qu'il bouleverse de fond en comble le statut de l'oeuvre d'art, en lui ôtant ce que Benjamin nomme son "aura". L'auteur met au jour les conséquences immenses de cette révolution, bien au-delà de la sphère artistique, dans tout le champ social et politique. Un texte fondamental, dont les échos ne cessent de se prolonger dans les réflexions contemporaines.
« J'ai été arrêté un jour dans une rue par un expert spécialisé en attributions de peintures du XIXe siècle. Il savait que j'avais parlé des "Arts incohérents" dans l'un de mes livres et voulait me dire qu'il avait trouvé dans une malle vingt-deux oeuvres de ces fameux "anartistes" ! Pendant plus d'une dizaine d'années, ces Incohérents ont réalisé des expositions à Paris où l'humour, la drôlerie, la farce, l'ironie, la dérision ont mené le bal en générant la révolution qu'effectue un jour Marcel Duchamp. Car les premiers ready-made, ce sont eux - un rideau de fiacre exposé par Alphonse Allais. Le premier monochrome, c'est eux - Alphonse Allais et Pierre Bilhaud signent une Première communion de jeunes filles chlorotiques par un temps de neige (1883) qui est un simple bristol blanc...
Les premiers happenings, ou les premières oeuvres conceptuelles, ce sont aussi eux. Duchamp et Breton connaissaient ce courant esthétique révolutionnaire dont seuls subsistent les catalogues dont on aurait même pu penser, tant leur délire était grand, qu'ils étaient eux-mêmes des oeuvres conceptuelles d'expositions n'ayant jamais eu lieu ! Nous savons désormais que ça n'est pas le cas. » Michel Onfray
Mêlant récit romanesque et enquête historique, l'auteur raconte l'histoire d'un tableau célèbre.
Les œuvres d'Ernest Pignon-Ernest ne naissent vraiment qu'en ville, lorsqu'elles s'y fondent, lorsqu'elles font corps avec les murs sur lesquels elles sont collées. Elles se développent, travaillées par le temps, les intempéries, la pollution urbaine, les graffitis, les taches, les déchirures qui, aussi improbable que cela puisse paraître, les retouchent, les reformulent, les explorent comme si elles n'avaient jamais quitté l'atelier du peintre. Affiché sur un mur de Naples, le portrait de Pasolini portant son cadavre requiert celles et ceux qui le regardent et qui, parfois, s'approchent si près qu'ils se plaquent contre lui pour s'en imprimer ; pour l'absorber corps contre corps, comme une étreinte amoureuse ou mortelle.
C'est un art de combat.
Ernest Pignon-Ernest est un rebelle.
Mêlant récit romanesque et enquête historique, l'auteur raconte l'histoire d'un tableau célèbre.
À la fin des années trente du Quattrocento, dans son atelier de Florence, parmi les coffres et plateaux de bois peints, Paolo di Dono, dit Paolo Uccello (" Paolo l'Oiseau ") met la dernière main au triptyque de la Bataille de San Romano, commande de Cosme de Médicis célébrant la victoire quelques années plus tôt des illustres condottieri florentins contre Sienne et ses alliés.
Antonio, fils d'un boulanger du mercato vecchio, tout juste engagé par le maître, se rêve grand peintre mais est confronté à la réalité des tâches qui incombent au commis : nettoyage, confection des pinceaux, préparation de la tempera, des colles et des mordants. Au beau milieu de cette cuisine de la peinture, et dans l'ambiance à la fois laborieuse et potache de l'atelier de Paolo, le chaos de la Bataille de San Romano prend peu à peu forme aux yeux d'Antonio. Dans la forêt des piques et des lances, dans le tumulte des armes et des chevaux, se révèle l'ordre de cette " douce chose " qu'était la perspective – à ce qu'on dit – selon Paolo Uccello.
Conçu comme la prédelle d'un retable perdu, ce récit à double point de fuite réunit les spéculations d'un génie mélancolique et fantasque, et l'imagination impatiente d'un enfant apprenti.
Elle a longtemps échappé aux radars de l'histoire de l'art. On découvre aujourd'hui avec Anna-Eva Bergman (1909-1987) une peintre d'importance majeure qui a investi dans son oeuvre une ambition sacrée, presque mystique. Sa vie, racontée pour la première fois grâce à une enquête au coeur de ses archives, est extraordinaire : une enfance norvégienne sous le signe de la peur ; une jeunesse bohème et aventureuse à travers l'Europe ; des démêlés avec l'Allemagne nazie ; une lutte acharnée avec une santé défaillante ; trois mariages, dont deux avec le même homme - Hans Hartung - à 28 ans de distance ; une carrière de journaliste ; une fin tragique dans la dépression.Mais, surtout, Anna-Eva Bergman, c'est une vie dédiée à la création, loin des modes. Elle est aujourd'hui l'objet d'un engouement spectaculaire et sa cote s'envole. Mais il n'en a pas toujours été ainsi. Peu reconnue dans son pays d'origine, défendue par quelques rares alliés en France et en Europe, elle fera une honorable carrière, mais en sourdine, dans l'ombre de Hartung. Elle a beau croiser la route de Picasso, Soulages ou Rothko, elle demeure marginale. Caractérisés par l'emploi de feuilles d'or et d'argent, ses tableaux sont des évocations hiératiques et simplifiées, radicales, des grandes forces structurantes de l'univers - les éléments, les minéraux, le temps... Elle a laissé une masse considérable de documents qui permet de comprendre enfin cette femme, dans la complexité de son être et dans le drame de son existence.
Mêlant récit romanesque et enquête historique, l'auteur raconte l'histoire d'un tableau célèbre.
" Je regarde, ébloui, ému, sa dernière peinture. Elle me subjugue. Je suis là, moi Diego, dans ses bras, à la fois enfant et adulte. C'est ainsi qu'elle me voit. Mais l'univers de Frida n'est pas limité à ma personne, je ne suis pas seulement son mari, son amant, son ami, son enfant ; elle est profondément attachée au Mexique, son pays natal, sa terre nourricière adorée, à la végétation tropicale, à l'art précolombien, aux astres et aux chiens sacrés qu'elle vénère. Cet autoportrait de 1949 me semble être la quintessence de tout ce qui l'accroche à la vie, un acte de foi, la confession de ses certitudes. "
Se mettre dans la peau de Diego Rivera pour aborder dans ce récit les rivages du passé, c'est ne pas oublier la douleur physique de Frida Kahlo, c'est parler de l'engagement communiste et de la mutuelle admiration pour leur peinture, c'est aussi décrire leurs pouvoirs de séduction et raconter leurs liaisons, mais c'est surtout s'attacher à la nature d'un amour partagé et indestructible.
Mêlant récit romanesque et enquête historique, l'auteur raconte l'histoire d'un tableau célèbre.
Au-delà du Cri, que sait-on de la vie et de l'œuvre d'Edvard Munch (1863-1944) ? Cet ouvrage est une biographie romancée du peintre, centrée sur son rapport aux femmes. Traumatisé par les drames de son enfance, blessé par une liaison tumultueuse avec Tulla Larsen, obnubilé par la liberté nécessaire à sa création, tourmenté par le désir, Munch eut une relation très ambivalente avec les femmes, tant dans sa vie que dans son art. Son tableau La Danse de la vie, peint en 1899-1900, est une traduction de ses anxiétés et de ses désarrois. Munch était certes angoissé, voire obsédé par un fantasme de femme destructrice, mais, pour autant, il n'était pas misogyne. Le monologue fictif qui lui est ici prêté donne aussi la parole à deux femmes qui lui furent proches.
Mêlant récit romanesque et enquête historique, l'auteur raconte l'histoire d'un tableau célèbre.
Très tôt, elle l'avait décidé. Elle serait une héroïne. " George Sand, Jeanne d'Arc, un Napoléon en jupons " ... " L'important était que ce fût difficile, grand, excitant " ... Un triple vœu exaucé - par le Ciel, les étoiles ou le Destin (auxquels elle croit) - et au-delà de toute attente.
L'histoire, celle d'une franco-américaine bien née (vieille noblesse française...) d'une extrême beauté, commence comme un conte de fées pour virer très vite au cauchemar, au film d'horreur, qui va pourtant rebondir encore et encore. A travers ses amours et son oeuvre, féconde, multiforme, poétique, bavarde... qui nous raconte des histoires, son histoire, qui met en scène le couple mythique qu'elle forme avec le sculpteur Tinguely.
Cette " héroïne ", rebelle et magnifique, va prendre la carabine " pour faire saigner la peinture ", explorer la représentation de la femme : avec ses mariées, ses déesses, ses mères dévorantes et ses fameuses nanas... opulentes, joueuses et colorées.
Sa vie - difficile, grande et excitante - est un roman.
« Voilà longtemps déjà que je pratique mon métier, que je le ressens, le surveille comme on surveille une habitude ; il me pénètre, et j'ai pris cette manie d'en chercher les effets en moi et dans les autres, d'en surveiller les manifestations. »
Les textes qui composent cet ouvrage sont extraits de l'important ensemble de réflexions que Louis Jouvet a transcrites au cours de répétitions, après le spectacle, en tournée, ou à l'issue de ses cours du Conservatoire. Écrites entre 1939 et 1950, ces notes méditatives prennent la forme d'une leçon unique sur l'art théâtral et le métier d'acteur.
Quelle idée d'aller passer une nuit de décembre 2020 dans ce musée-là !
Le Musée National de Beyrouth se situe sur la ligne de démarcation qui fut la frontière visible, meurtrière, dite « la ligne verte » par la luxuriance de la végétation, entre Beyrouth-Est et Beyrouth-Ouest, tout au long de la guerre civile, laquelle dura 15 ans, si l'on admet même que la guerre est aujourd'hui achevée.
Diane Mazloum est une romancière qui aime l'imagination et le passé récent. Elle n'aurait sans doute pas dû se frotter à la matière historique, sédimentée, confetti d'empires disparus, qui veille sous les murs et s'agrippe aux cryptes du seul musée qui fait office de mémoire au Liban.
Musée d'une nation ou de l'absence d'une nation ?
Par quel miracle ce temple qui abrite les trésors des civilisations disparues, des Égyptiens aux Babyloniens, des Byzantins aux Mamelouks, a-t-il pu survivre aux assauts de la brutalité des hommes ?
Ici, c'est un franc-tireur qui creusa un trou dans le mur pour y viser le passant dont la tête éclatera. Là, ce sont les soldats israéliens qui se réchauffèrent à un brasier aux pieds noircis du Colosse. Ici, c'est une statuette en équilibre que le souffle de l'explosion du 4 août 2020 a fait dévier de son axe ? Là, ce sont les 31 statues aux yeux tournés vers l'intérieur qui semblent plus vivantes que les vivants du dehors ?
La romancière n'aime pas le passé lointain. Mais elle se rend compte, dans cet émouvant récit griffé de vérités, que de Rome à Beyrouth, c'est le passé qui fait le présent, c'est l'ombre des morts qui recouvre la pauvre existence des vivants et l'illumine.
« Le Liban est celui à qui l'avenir arrive le premier » écrit Dominique Eddé.
Alors, si cette phrase est vraie, cette nuit au musée, une nuit qui s'étend jusqu'au jour, sera peut-être le livre que la romancière ne voulait pas écrire sur la fin de nos civilisations. Mais qui s'est imposé à elle.
Mêlant récit romanesque et enquête historique, l'auteur raconte l'histoire d'un tableau célèbre.
L'inquiétante obscurité de ce tableau vous entraine dans le monde des rêves éveillés et nocturnes de Henry Füssli, où se côtoient effroi et obsession dévorante. L'image d'Anna Landolt, la seule femme que l'artiste ait vraiment aimée, l'a poursuivi et hanté à tel point qu'il a réalisé cinq versions de la même vision au cours des années. Comme mû par une intention d'exorcisme ou de sortilège, il a fixé son portrait au dos de la première version, peinte en 1781. Anna a été le fantôme d'une vie, celle de Henry Füssli, qui fut fascinante et passionnée.
Né à Zürich en 1741, Henry Füssli fut considéré comme " le suisse fou " dans le milieu intellectuel de Londres, où il s'installa définitivement à l'âge de trente-huit ans. Il acquit la double nationalité anglo-suisse et marqua l'histoire de l'art par son ambivalence : un goût prononcé pour l'excentricité et une érudition artistique qui lui valut d'occuper les fonctions de conservateur et de professeur de peinture à l'Académie Royale de Londres.
Nous avons tenu à garder de cet échange avec Sam Szafran, qui eut lieu en 1999 dans son atelier, son caractère propre, sans rien modifier de son vocabulaire, de sa syntaxe, sans effacer ses écarts, ses excès, ou toute incorrection de ton, de style ou de grammaire. C'était là respecter la singularité de l'artiste, en faire saisir la complexité, entre raffinement et grossièreté, en faire réentendre la voix, et retrouver la cadence. Samy, le gamin des rues, était le familier des Halles avant leur destruction, quand elles étaient encore le repaire de la faune brutale des vendeurs, voleurs et prostituées. Petit à petit, lentement, il a élaboré une peinture à la sensibilité raffinée, d'une grande érudition. Le barbouilleur, ignorant tout de l'enseignement de sa pratique, deviendra l'un des plus grands peintres de son temps.
Jean Clair
« Pourquoi écrit-on une pièce ? Pourquoi la joue-t-on ? Pourquoi va-t-on la voir ? Pour le goût qu'ont certains de présenter des fables, et d'autres de les voir ; goût qu'il est difficile de définir, d'expliquer et qu'on pourrait appeler au fond la vocation du théâtre.
Chez certains, elle consiste à écrire, chez d'autres à écouter, chez d'autres enfin à jouer. C'est l'appel du théâtre. »
Publiés à titre posthume, les souvenirs, réflexions et pensées de Louis Jouvet sur le théâtre et le métier de comédien constituent le testament professionnel d'un acteur immense et passionné.
Les couleurs existent-elles dans les choses ou n'ont-elles de réalité que dans notre regard ? Sont-elles matière ou idée ? Entretiennent-elles les unes avec les autres des rapports nécessaires ou sont-elles seulement connues de manière empirique ? Y a-t-il une logique de notre monde chromatique ? Pour répondre à ces questions, Claude Romano convoque l'optique, la physique, les neurosciences, la philosophie et la peinture.
En retraversant certaines étapes décisives de la réflexion sur ces problèmes (de Descartes à Newton, de Goethe à Wittgenstein, de Schopenhauer à Merleau-Ponty), il développe une conception réaliste qui replace le phénomène de la couleur dans le monde de la vie et le conçoit comme mettant en jeu notre rapport à l'être en totalité : perceptif, émotionnel et esthétique. L'auteur fait ainsi dialoguer la réflexion théorique et la pratique artistique.
C'est parce que la couleur touche à l'être même des choses, en révèle l'épaisseur sensible, que la peinture, qui fait d'elle son élément, est une opération de dévoilement.
John Dewey (1859-1952) est un des piliers du pragmatisme. Au centre de cette tradition, il y a l'enquête, c'est-à-dire la conviction qu'aucune question n'est a priori étrangère à la discussion et à la justification rationnelle.
Dewey a porté cette notion d'enquête le plus loin : à ses yeux, il n'y a pas de différence essentielle entre les questions que posent les choix éthiques, moraux ou esthétiques et celles qui ont une signification et une portée plus directement cognitives. Aussi aborde-t-il les questions morales et esthétiques dans un esprit d'expérimentation - ce qui tranche considérablement avec la manière dont la philosophie les aborde d'ordinaire, privilégiant soit la subjectivité et la vie morale, soit les conditions sociales et institutionnelles.
Dans L'art comme expérience, la préoccupation de Dewey est l'éducation de l'homme ordinaire. Il développe une vision de l'art en société démocratique, qui libère quiconque des mythes intimidants qui font obstacles à l'expérience artistique.
"L'art contemporain est une langue à laquelle il faut être initié de la même manière qu'il faut l'être à toute oeuvre d'art quelle qu'elle soit, quel qu'en soit le siècle. On ne comprend pas plus facilement le portrait de Louis XIV par Hyacinthe Rigaud si l'on ignore la symbolique de l'époque que le bouquet de tulipes de Jeff Koons si l'on ne se sait rien de son combat LGBTQ+ dans notre temps.
Je voudrais effectuer le chemin qui va des premières traces d'art (Lascaux 20.000 ans environ) jusqu'au fameux bouquet de Jeff Koons (2019), autrement dit de la préhistoire à nos jours, afin de lutter contre les oiseaux de malheur pour qui l'art est mort, le Beau y aurait toujours fait la loi et ne le ferait plus, à quoi il faudrait ajouter que, selon eux, la totalité de l'art contemporain mériterait la poubelle. Le Beau a été un souci récent dans l'histoire de l'art et il a cessé de l'être assez rapidement - quelques décennies entre l'invention du mot esthétique en 1750 sous la plume de Baumgarten et celle de la photographie en 1826. Arguer, donc, que l'art contemporain ayant cessé d'être Beau, il ne serait pas légitime de parler d'art, s'avère une sottise."Michel ONFRAY
Une brève - mais magistrale - histoire de l'art, de la préhistoire à nos jours, par Michel Onfray, qui donne les principales clés pour comprendre et s'initier à l'art.
L'oeuvre de Pascal Quignard est multiple par la diversité des domaines artistiques dans lesquels il excelle ; musique, dessin, cinéma, littérature... Le Cahier de L'Herne se propose d'explorer ces différentes facettes en retraçant l'itinéraire artistique de Pascal Quignard ; son parcours de musicien et ses nombreuses créations originales, ses collaborations avec compositeurs, scénaristes, musiciens et metteurs en scène dans le cadre de performances artistiques, son oeuvre littéraire tout à fait inclassable, qui oscille entre roman, essais philosophique, autobiographie, écrits historiques, poésie... Nous dévoilons par ailleurs dans ce volume, le manuscrit inédit du Petit Cupidon, plusieurs textes inédits et de nombreux dessins en couleur de Pascal Quignard.
Le terme de "monument" est ici à comprendre dans son sens élargi, soit toute oeuvre humaine qui nous vient du passé, édifice, peinture, sculpture ou parchemin. L'auteur distingue notamment sa valeur historique proprement dite de sa valeur artistique. Surtout, il est le premier à différencier sa valeur historique, voire documentaire, et sa durée, qu'il associe à notre faculté de remémoration, c'est-à-dire l'écho qu'il fait résonner en nous, au présent, par sa patine, les traces du vieillissement ou encore l'étrangeté d'un mot ou d'une tournure de phrase. Il s'agit, en un mot, de la valeur accordée au passage du temps. Ainsi maints objets deviennent des "monuments" en raison de notre goût actuel, sans qu'ils aient été initialement imaginés, à l'époque de leur conception, comme tels.
Historien de l'art autrichien, Aloïs Riegl (1858-1905) a dirigé le département des textiles du Musée des arts industrielsSon oeuvre fondamentale, Questions de style, est centrée sur la question de l'ornement. Il a contribué à ouvrir le champ de l'histoire de l'art à des périodes, des supports ou des genres alors jugés "mineurs". Il pose le concept de Kunstvollen, de "vouloir d'art" et avance l'idée que l'oeuvre d'art est comprise comme une forme de pensée et l'expression d'une conception du monde.
Ce texte est devenu un écrit de référence pour la définition de la notion de patrimoine, tant dans le monde universitaire que dans le monde professionnel. Les auteurs se sont attachés à étudier comment cette notion est récemment apparue en France, au terme d'une longue histoire du domaine, des biens et de la sensibilité, dont l'enchaînement est ici examiné à travers le fait religieux, monarchique, familial, national, administratif et scientifique.
Des objets incongrus, des gestes excentriques, mais aussi des photographies, des vidéos et des peintures de facture traditionnelle, voilà ce qui constitue l'art contemporain. Quelquefois, ces oeuvres étonnent ou choquent. Elles suscitent en même temps la curiosité, au point de s'y perdre un peu. Aussi, pour qui s'aventure dans le monde de l'art, l'auteure de ce livre fournit des repères et suggère quelques pistes de réflexion. Depuis quand l'art « moderne » est-il devenu « contemporain » ? Pourquoi les artistes ont-ils voulu transformer le rapport des spectateurs avec les oeuvres ? Et quand les frontières avec la mode, l'architecture ou même des objets rituels deviennent floues, peut-on encore faire entrer cet art dans une définition ?
Ce livre révèle en quoi l'art contemporain est avant tout un espace ouvert, une aire de liberté pour penser et agir différemment quand les idéologies et les systèmes philosophiques qui nous guident sont en crise.
Jean Cassou disait d'Ortega y Gasset qu'il ne craignait pas la frivolité, voire la recherchait. Ce n'est pas le moindre des paradoxes, quand on lit ce texte-ci, mélange de critique "sérieuse" et de fascination-répulsion pour un art désormais futile aux yeux de l'auteur. Ortega y Gasset s'attaque en effet à une tendance de l'art de l'époque (ce texte est publié pour la première fois en 1925) à éliminer la figure humaine de ses sujets au point de devenir autocritique, voire un jeu entre artistes. Cela conduit à le rendre impopulaire. Dégagé du sérieux et de tout pathos, l'art perd sa transcendance au profit de la superficialité, du divertissement. Il est désormais élitiste, il exclut les masses. Il est le symptôme d'une crise culturelle, qui annonce la décadence d'une société de plus en plus tournée vers le spectacle. En effet, l'art finit par se vider de tout contenu: "Tout comme dans un système de miroirs qui se réfléchissent indéfiniment les uns dans les autres, aucune forme n'est la dernière. Toutes sont moquées et réduites à pure image."