"La peur était pour le peuple iranien une compagne de chaque instant, la moitié fidèle d'une vie. Les Iraniens vivaient avec dans la bouche le goût sablonneux de la peur. Seulement, depuis la mort de Mahsa Amini, la peur était mise en sourdine : elle s'effaçait au profit du courage."
Fin 2022, au plus fort de la répression contre les manifestations qui suivent la mort de Mahsa Amini, François-Henri Désérable passe quarante jours en Iran, qu'il traverse de part en part, de Téhéran aux confins du Baloutchistan. Arrêté par les Gardiens de la révolution, sommé de quitter le pays, il en revient avec ce récit dans lequel il raconte l'usure d'un monde : celui d'une République islamique aux abois, qui réprime dans le sang les aspirations de son peuple.
À la veille de la Seconde Guerre mondiale, Felix Kersten est spécialisé dans les massages thérapeutiques. Parmi sa clientèle huppée figurent les grands d'Europe. Pris entre les principes qui constituent les fondements de sa profession et ses convictions, le docteur Kersten consent à examiner Himmler, le puissant chef de la Gestapo. Affligé d'intolérables douleurs d'estomac, celui-ci en fait bientôt son médecin personnel. C'est le début d'une étonnante lutte, Felix Kersten utilisant la confiance du fanatique bourreau pour arracher des milliers de victimes à l'enfer.
Joseph Kessel nous raconte l'incroyable histoire du docteur Kersten et lève le voile sur un épisode méconnu du XXe siècle.
Graham Robb a l'art de raconter l'histoire de France à l'aide de détails méconnus tout en divertissant ses lecteurs par son humour pince-sans-rire et ses remarques d'un amoureux de notre pays qui ne le comprend pas toujours.
Depuis les légendes qui accompagnent la naissance de la Gaule jusqu'au récit de la vie des deux fondateurs du maquis du Vercors en passant par le massacre de contre-révolutionnaires à Marseille en 1794 sans oublier les aventures de Narcisse Pelletier, marin naufragé en Australie devenu une attraction lors de son retour à en France la fin du XIXe siècle, c'est une autre histoire de France qu'il raconte dans ce livre.
Comme il l'avait fait avec Paris dont il a écrit l'histoire dans un précédent ouvrage, il entraîne son lecteur de découvertes en surprises avec un art consommé du récit sans omettre de se mettre en scène parcourant l'hexagone en tous sens sur son vélo afin de s'offrir le temps de le découvrir.
En cheminant avec lui, on comprend avec lui à quel point la France demeure un assemblage disparate de microcivilisations dont l'histoire ne saurait être réduite à un unique "roman national".
"Au début, nous ne comprenions pas ce que c'était que la guerre."
Alors que les forces russes envahissent l'Ukraine et que la guerre devient une réalité dévastatrice, en février 2022, Andreï Kourkov tient une chronique au jour le jour. À la fois journal personnel et commentaire politique et historique, ce texte explore les relations entre l'histoire ukrainienne et l'histoire russe, mais aussi entre les deux langues du pays. En décrivant comment une société pacifique fait face à l'occupation, l'auteur nous montre une culture qui, contrairement aux affirmations de Poutine, est singulière et démocratique, libérale et diverse - une culture qui "résistera jusqu'à la fin".
Avec son regard aiguisé sur les événements et son amour des gens, Kourkov dresse le portrait d'un peuple uni dans la lutte contre sa disparition. Le pain est cuit et partagé dans les ruines. Un homme amputé trouve une place dans un train d'évacuation, des grand-mères fuient les villes occupées avec leurs coqs sous le bras... Et malgré tout, l'espoir reste le plus fort : des enfants naissent dans les caves, les fermiers cultivent leurs champs malgré les mines et les bombardements.
Dans son journal, Kourkov entrelace son histoire personnelle avec celle des autres Ukrainiens déplacés, et des communautés qui leur viennent en aide avec une générosité extraordinaire. Ensemble, ils attendent le moment où il sera possible de rentrer chez eux en sécurité.
Le samouraï, entre mythes et réalités.Samouraï. La seule évocation de ce mot, passé intact dans presque toutes les langues de la Terre, suffit à susciter un puissant imaginaire, peuplé de héros en armures laquées de jais, sabres au côté, mus par le
Bushido, le code du guerrier, ou encore de spadassins au visage balafré. Depuis plus d'un siècle, l'Occident s'est pris de passion pour le guerrier insulaire, devenu d'abord l'emblème de la singularité nippone et des ambitions du jeune État moderne japonais, puis celui de sa spectaculaire renaissance des cendres de l'apocalypse nucléaire. Une abondante production littéraire, relayée par un foisonnement d'oeuvres cinématographiques, a nourri cet engouement, les auteurs ne s'autorisant toutefois que très exceptionnellement un léger pas de côté en dehors de cet univers martial.
En réalité, figure multiple et protéiforme, le samouraï s'est fait au fil de l'histoire pirate, brigand, soudard, voire bonze. Raison pour laquelle, qu'il inspire la crainte, le dégoût ou l'admiration, il suscite des sentiments contrastés. Spiritualité, diversité des trajectoires, relation aux arts, voire sexualité, sont dès lors autant de facettes méconnues que Julien Peltier entend explorer au gré d'un périple à travers les âges. Et notamment en donnant la parole aux autres groupes sociaux afin d'interroger leur perception de cette élite combattante, qui imposa sa suprématie en premier lieu par la force avant de s'efforcer de la justifier en s'érigeant en modèle. C'est là le propos dual de cet ouvrage, décliné au travers d'une approche chrono-thématique s'étendant sur plus d'un millénaire, depuis les origines du guerrier japonais jusqu'aux ultimes récupérations de son idéal revendiqué au siècle dernier.
Des histoires qui ont fait l'histoire de France.On ne présente plus Franck Ferrand dont les talents de conteur à la radio font parfois oublier la grande qualité littéraire de ses écrits. Sont ici rassemblés et présentés par ordre chronologique les meilleurs articles qu'il a publiés sur l'histoire de France. Trente-sept tableaux de maître, dont plusieurs inédits, qui conduisent le lecteur de la révolte d'Étienne Marcel en 1357 à la sordide affaire de Bruay-en-Artois en 1972 en passant notamment par l'assassinat de Concini, l'attentat de Damiens, le fiasco de Varennes, la mort énigmatique de Louis XVII, le retour des Cendres, le traité de Versailles ou la sortie du pouvoir de Charles de Gaulle. Portraits s'alternent avec faits divers et grands récits, offrant une galerie qui reflète la riche histoire moderne et contemporaine de la France.
« Les commencements de la Révolution sont ceux d'une extraordinaire accélération de l'histoire. Les événements s'y bousculent dans un luxe d'acteurs, d'envolées, de confusion et de coups de théâtre. Ce qui s'est passé à ce moment-là n'est intelligible que si l'on restitue les faits dans une séquence fondatrice.
« Trois événements, liés entre eux et par lesquels tout advient, n'avaient jamais été racontés en tant que tels. Le mercredi 17 juin, les députés du tiers état s'érigent en "Assemblée nationale". Le samedi 20, ils jurent de ne jamais se séparer avant d'avoir donné une constitution à la France. Le mardi 23 juin, ils envoient promener le roi, sa Cour et ses soldats. "Nous sommes ici par la volonté du peuple et nous n'en sortirons que par la force des baïonnettes." Et le roi cède.
« La Révolution s'est jouée et accomplie en sept jours et cinq décrets. Son destin, ses héritages y sont comme scellés. Jusqu'à la guerre civile. Jusqu'à la Terreur. »
Le dernier opus d'Emmanuel de Waresquiel, enrichi d'abondantes sources inédites, change radicalement notre lecture de la Révolution. L'auteur raconte « ses » sept jours tambour battant en un récit alerte qui se lit comme un roman à suspense.
« Nous ne serons jamais frères ; ni de même patrie, ni de même mère. » Tels sont les mots adressés par la poétesse ukrainienne Anastasia Dmitruk au peuple russe en 2014, miroir inversé des discours récents de Vladimir Poutine qui ne cesse de souligner au contraire l'identité commune entre les deux pays.
S'appuyant sur son expérience de terrain en Russie et en Ukraine, Anna Colin Lebedev retrace les trajectoires de ces deux sociétés pendant les années postsoviétiques. Elle met en lumière à la fois le maintien de proximités, à travers notamment l'héritage de l'URSS, et la cristallisation progressive des différences. En 2014, Russes et Ukrainiens ont cessé d'avoir la même vision d'un destin partagé. L'annexion de la Crimée et la guerre dans le Donbass ont été un point de rupture. Et c'est un gouffre qui semble depuis février 2022 se creuser entre les deux peuples, alors que l'agression armée de l'Ukraine par la Russie les a fait basculer dans l'horreur d'un conflit meurtrier.
Aucun livre ne suffira à combler ce gouffre et à panser l'immense blessure de la guerre. Ce texte se veut cependant un pas dans une direction essentielle : ne pas renoncer à connaître et comprendre l'autre.Maîtresse de conférences en science politique, Anna Colin Lebedev travaille sur les sociétés postsoviétiques. Elle a publié Le Coeur politique des mères. Analyse du mouvement des mères de soldats en Russie (Éditions de l'EHESS, 2013).
Pour saisir l'évolution politique de la France, les résultats locaux des élections sont essentiels. Leur extrême variabilité géographique semble un défi à leur compréhension. Grâce à des cartes précises qui resituent l'électeur dans son proche milieu plutôt que seulement dans une classe sociale, cet ouvrage ambitieux montre que les variations locales de l'opinion obéissent souvent à une logique historique de longue durée qui se déroule généralement en trois stades : apparition d'une nouvelle opinion à cause d'un évènement singulier, propagation sur un terrain préexistant, limitation par les territoires des opinions rivales. Au fil des pages, Bonnets rouges, Gilets jaunes, partisans de Chasse, pêche, nature et traditions (CPNT), mais aussi du Rassemblement national, du Parti communiste, de la droite et de la gauche se mettent en place dans l'espace français. Alors s'éclaire l'épuisement actuel de l'opposition de la droite et de la gauche, comme les tentatives de remplacer cette opposition, qui puisent dans un passé plus ancien, structuré par des régularités géographiques. Ce qui est souvent présenté comme une histoire progressive est ainsi doublé par une histoire à l'envers, par la réapparition de clivages passés souvent très anciens
Hervé Le Bras est historien et démographe, directeur d'études à l'EHESS. Il a notamment publié Marianne et les lapins : l'obsession démographique (Hachette, 1992) et Naissance de la mortalité (Gallimard/Seuil, 2000). Avec Emmanuel Todd, il est l'auteur du best-seller Le Mystère français (Seuil, 2013). En 2016, il a également publié Le Nouvel Ordre électoral aux Éditions du Seuil.
29 décembre 1890, Dakota du Sud, États-Unis : 300 Sioux Lakota sont massacrés par un régiment de l'armée américaine à Wounded Knee. Cette bavure militaire d'une ampleur inouïe n'épargne ni femme ni enfant, et provoque la mort de Big Foot, l'un des derniers grands chefs indiens. La résistance du peuple sioux, converti de force à l'American way of life, s'achève dans le sang. Et alors qu'articles et témoins se bousculent pour relayer la violence du drame, le jugement qui s'ensuit désespère les tribus visées et soumet au silence les survivants.
Cent trente ans après les faits, l'archéologue Laurent Olivier livre une enquête inédite sur les causes multiples de ce massacre. Entre histoire, reportage et essai, cet ouvrage fait la lumière sur l'un des derniers grands conflits indiens de l'histoire américaine et, par les faits et par l'image, appelle à la justice en apportant les preuves qui manquaient encore à l'établissement de la vérité.
" Ce que les Blancs doivent faire, c'est essayer de trouver au fond d'eux-mêmes pourquoi, tout d'abord, il leur a été nécessaire d'avoir un "nègre', parce que je ne suis pas un "nègre'. Je ne suis pas un nègre, je suis un homme. Mais si vous pensez que je suis un nègre, ça veut dire qu'il vous en faut un. " James Baldwin. Dans ses dernières années, le grand écrivain américain James Baldwin a commencé la rédaction d'un livre sur l'Amérique à partir des portraits de ses trois amis assassinés, figures de la lutte pour les droits civiques : Medgar Evers, Malcolm X et Martin Luther King Jr. Partant de ce livre inachevé, Raoul Peck a reconstitué la pensée de Baldwin en s'aidant des notes prises par l'écrivain, ses discours et ses lettres. Il en a fait un documentaire - salué dans le monde entier et sélectionné aux Oscars - aujourd'hui devenu un livre, formidable introduction à l'oeuvre de James Baldwin. Un voyage kaléidoscopique qui révèle sa vision tragique, profonde et pleine d'humanité de l'histoire des Noirs aux États-Unis et de l'aveuglement de l'Occident. " Attention, chef-d'oeuvre ! " La Croix (au sujet du film documentaire I Am Not Your Negro)
Pourquoi l'Iran fait-il trembler l'Occident depuis quarante ans ? Comment est née cette république islamique dont dépend en partie la paix au Moyen-Orient ?
Depuis l'avènement des Qâjârs au début du XIX siècle, la modernisation de l'État a progressé en même temps que la violence politique. Un nationalisme particulier s'est développé en réaction contre les ingérences des puissances européennes. Une première révolution, en 1906, a doté l'Iran d'une monarchie parlementaire. Soixante-dix ans plus tard, la révolution qui a renversé le chah a été menée par les mollas associés à des intellectuels libéraux et à des forces de gauche. Derrière le rideau de l'islam militant, les cortèges révolutionnaires réclamant l'indépendance et la liberté dénonçaient autant l'absolutisme du chah que l'impérialisme de Washington.
En 2009, le « Mouvement vert », démesurément amplifié par les médias occidentaux, a fait long feu ; à l'automne 2022, la contestation a grondé à nouveau mais la révolte semble s'essouffler. D'où le régime tient-il son dynamisme, et de quelle légitimité se réclame-t-il ? Les Iraniens cherchent la liberté malgré le retour incessant de l'autoritarisme.
De la reine Victoria au début du règne de Charles III en passant par la naissance de l'héritier George, le décès de la reine Elizabeth II et la crise provoquée par Harry et Meghan, le roman vrai d'une famille extraordinaire, aux prises avec le tragique de l'histoire comme avec les drames intimes. Par un maître du genre.De l'Angleterre encore imprégnée du prestige de la légendaire reine Victoria au règne d'Elizabeth II - le plus long de l'histoire, de l'Empire britannique dominant le monde d'avant 1914 au Commonwealth des Nations, des gentlemen en chapeau melon aux Beatles, de la fin des prestigieuses colonies à la naissance de l'héritier George et aux premiers pas du roi Charles III, voici l'extraordinaire saga d'une lignée de monarques, de reines, de princes et de princesses dont les destins sont de véritables romans. Dans leurs bonheurs comme dans leurs malheurs, ils continuent de nous fasciner par un unique mélange de traditions et d'audaces. Windsor ? Une passionnante saga britannique.
Aucun autre pays n'a de liens aussi denses et complexes avec la France que l'Algérie. Ne serait-ce que par les millions de Français qui y ont des racines. Au point que le simple énoncé du nom suscite une gamme infinie de sentiments passionnels et d'opinions tranchées.
C'est dire l'importance de recourir à l'Histoire et de faire un récit de temps long. Celui qui inclut la Préhistoire illustrée par l'art pariétal du Sahara, puis l'Antiquité avec ses vestiges puniques et numides avant que l'Afrique du Nord ne fasse partie de l'Empire romain devenant peu à peu chrétien. Viennent ensuite les siècles de l'islam à la conquête des terres berbères, qui donnent naissance à des royaumes divers et aux grands empires almoravide (XIe-XIIe siècles) et almohade (XIIe-XIIIe siècles).
À partir du XVIe siècle, la régence d'Alger, pour partie liée à l'Empire ottoman, confirme le pays dans sa géographie actuelle et dans un destin tout à la fois méditerranéen et africain. Après 1830, les 132 ans de présence française s'inscrivent dans l'histoire coloniale de l'Occident avant qu'une guerre de libération nationale n'y mette fin. L'Algérie devenue indépendante se construit avec ses atouts, ses problèmes, ses réussites et ses échecs. Et ses tragédies telle la décennie noire de 1992 à 2001 ou ses espoirs symbolisés par le Hirak en 2019.
Auberges, bouillons, cafés, brasseries, bistrots, " étoilés "... Plongez au coeur de dix siècles d'une histoire savoureuse : celle du Paris culinaire.Paris est incontestablement la capitale de la gastronomie. Mais qui sait comment cette réputation s'est construite année après année ? Comment se sont progressivement créés les restaurants et les meilleures tables ? Pourquoi les plus grands chefs ont-ils été attirés par cette ville ?
Dès le Moyen Âge, la ville est un grand centre de consommation et un important marché alimentaire. Alors que les halles centrales symbolisent le " ventre de Paris ", un artisanat de bouche raffiné s'y développe progressivement. À l'orée de la Renaissance, la capitale est perçue comme une cité de cocagne et donne le ton du bien manger et du bien boire. Elle devient vite le lieu des débats et des révolutions culinaires : on y intellectualise la cuisine, on y crée une nouvelle littérature gourmande, on y invente le restaurant. Petit à petit, l'art de la " bonne chère " est érigé en dogme et Paris devient la capitale mondiale des gourmets. Désormais cosmopolite et dotée d'un rayonnement international, la Ville Lumière est à la pointe de l'innovation : après avoir fait émerger la " nouvelle cuisine " dans les années 1970 et la bistronomie au cours des années 2000, elle réinvente et modernise la gastronomie (grâce aux
food trucks et autres " prêts à manger ") depuis les années 2010.
Des premiers " petits pâtés " à la parisienne achetés à des marchands ambulants à la création d'institutions iconiques (
Le Dôme,
La Coupole,
La Closerie des Lilas, etc.) en passant par l'invention des célèbres " bouillons parisiens ", cet ouvrage basé sur une recherche approfondie et inédite nous offre l'histoire riche et méconnue d'un Paris gourmand.
C'est au même moment, au IIIe siècle, que les deux puissances dominant depuis des siècles les extrémités de l'Eurasie antique, l'Empire romain et l'Empire chinois, se fissurent et commencent à se désagréger, en proie à des forces de destruction qui les dépassent - un changement climatique, des guerres à répétition, des invasions, la famine récurrente. En Chine, des communautés entières doivent migrer, chercher abri et subsistance ailleurs, mais en quel ailleurs ? Ou bien résister, encore et toujours, se battre, oublier les morts, reconstruire envers et contre tout une vie éphémère ? Certains, dans ce chaos, parviennent à ouvrir le chemin d'un futur et deviennent alors des figures d'autorité, de celles dont le souvenir nourrit au fil des générations des sagas héroïques, tel ce chef-d'oeuvre chinois du XIVe siècle, le « Roman des Trois Royaumes ». C'est cette histoire de sang et de fureur de l'affrontement terriblement destructeur des royaumes de Wu, Shu et Wei que raconte ici l'auteure.
En 1883, Pierre Loti, lieutenant de vaisseau dans la marine française et jeune romancier, assiste à la prise des forts de Huê. À l'issue d'une bataille de deux heures, la France s'installe en Annam. Elle y restera quatre-vingts ans.
Pierre Loti raconte cette campagne militaire pour
Le Figaro. Décrivant le carnage avec force détails, ses articles provoquent un scandale retentissant. Rappelé en France, Loti craint d'être chassé de la marine. Mais il ne comprend vraiment pas pourquoi : il avait cru célébrer l'héroïsme de l'armée française.
Sylvain Venayre enquête sur ce scandale, ses causes et, plus encore, la profonde incompréhension de celui qui l'a suscité. Qu'est-ce que l'" affaire Loti " raconte de l'impérialisme, à une époque où celui-ci était encore mal formulé ? Que dit-elle de la relation des Européens avec le reste du monde, où ils mènent d'innombrables guerres ? Que révèle-t-elle, surtout, des pouvoirs de la littérature : Loti, parce qu'il est écrivain, a-t-il montré la guerre dans toute sa vérité ou l'a-t-il au contraire un peu trop romancée ?
Une guerre au loin est aussi un essai pratique sur la poétique de l'écriture historique.
L'histoire débute à la fin du XIXe siècle. Persuadés d'avoir retrouvé en Afrique la nature disparue en Europe, les colons créent les premiers parcs naturels du continent. Puis, au lendemain des années 1960, les anciens administrateurs coloniaux se reconvertissent en experts internationaux. Il faudrait sauver l'Éden ! Mais cette Afrique n'existe pas. Il n'y a pas de vastes territoires vierges de présence humaine, arpentés seulement par ces hordes d'animaux sauvages qui font le bonheur des safaris. Il y a des peuples, qui circulent depuis des millénaires. Pourtant, ces hommes, ces femmes et enfants sont encore expulsés des parcs naturels africains, où ils subissent aujourd'hui la violence quotidienne des éco-gardes soutenus par l'Unesco, le WWF et tant d'autres ONG.
Convoquant archives inédites et récits de vie, ce livre met au jour les contradictions des pays développés qui détruisent chez eux la nature qu'ils croient protéger là-bas, prolongeant, avec une stupéfiante bonne conscience, le schème d'un nouveau genre de colonialisme : le colonialisme vert.
Après les industries lourdes, automobiles, électroniques, la Corée est en passe de réussir dans de nouveaux domaines où on ne l'attendait pas : le cinéma, les livres ou encore la musique. Une conquête mondiale, un soft power presque parfait qui hisse désormais le pays au rang des nations les plus développées...
Pourtant, la péninsule hyper connectée et résolument tournée vers l'avenir a connu des heures sombres : après son annexion par l'empire japonais en 1910, la nation disparaît de la scène mondiale et ne réapparaît qu'avec la guerre de Corée.
Dans cet ouvrage, Samuel Guex raconte la longue histoire d'un pays qui se réinvente sans cesse et ne renonce jamais. Mêlant son récit aux débats actuels qui agitent les Coréens - et la Réunification n'est pas l'un des moindres -, il montre à quel point le passé reste fondamental pour comprendre la modernité de la Corée...
La plus longue et la plus romanesque histoire d'amour que la monarchie britannique ait jamais connue : celle du roi Charles III et de Camilla. Une histoire dans laquelle Lady Diana n'est pas qu'une " victime "...Lorsque Charles, prince de Galles, est devenu roi sous le nom de Charles III le 8 septembre 2022, son épouse Camilla, duchesse de Cornouailles, est devenue reine consort, ainsi que l'a décidé la reine Elizabeth II le 5 février 2022.
C'est l'aboutissement de plus de cinquante ans de passion (leur première rencontre se situe en 1971), de doutes, de souffrances, de persévérance, de scandales, de tragédies et d'opprobre avant que cet amour " non négociable " triomphe avec la bénédiction de Sa Majesté la reine qui, elle aussi, a dû affronter les conséquences de cette romance hors normes. Une histoire d'amour qui est à rapprocher de celle de l'arrière-grand-mère de Camilla, Alice Keppel, avec Édouard, prince de Galles, qui deviendra le roi Édouard VII en 1901 à la mort de sa mère, la reine Victoria.
Même la belle-mère de Diana, la romancière à succès Barbara Cartland, n'aurait osé imaginer un tel scénario. Dans cette histoire, la " princesse des coeurs " joue le rôle de la victime tragique mais on verra que la vérité n'est pas toujours aussi simple.
Une enquête haletante riche en découvertes et qui surprendra plus d'un lecteur.
Le 25 mai 2020 à Minneapolis, l'homicide d'un homme noir par un policier blanc suscite des manifestations géantes dans l'ensemble des États-Unis. En quelques jours, « Black Lives Matter » devient un slogan universel, tout en inscrivant son action dans la longue histoire des luttes politiques des Noirs américains.
L'histoire des Africains-Américains, nous rappelle Pap Ndiaye, est marquée au fer rouge par l'esclavage, la ségrégation et les
violences raciales. Sans oublier les résistances, les victoires remportées dans la douleur et les cultures artistiques d'une richesse inouïe, notamment les spirituals, le gospel et le jazz.
De la révolte de Nat Turner en 1831 à l'abolition de l'esclavage en 1865, des lois qui imposent la ségrégation et la privation du droit de vote dans le Sud des États-Unis au fameux I Have a Dream de Martin Luther King, du mouvement Black Power à l'élection de Barack Obama, l'auteur analyse les combats, les conquêtes et les espoirs vécus par les Noirs américains depuis deux siècles.
La Turquie est-elle une démocratie? Pourquoi Sainte- Sophie est-elle un symbole important? Qui est Kemal Kiliçdaroglu, le «Gandhi turc»? Peut-on réconcilier Kurdes et Turcs ? Y a-t-il un avenir européen pour la Turquie ? Est-elle amie ou adversaire avec la Russie ?
Depuis vingt ans, la société et l'économie turques se sont modernisées, sous la houlette de Recep Tayyip Erdogan. Mais le coup d'État raté de 2016 a entraîné le durcissement du régime, le fléchissement de la croissance et dopé les ambitions extérieures de son président. Influenceur islamique, proche des dirigeants africains, l'homme d'Ankara a embarqué son pays dans un double jeu diplomatique dangereux pour ses partenaires de l'OTAN. Dorothée Schmid nous fait comprendre comment, de puissance régionale, la Turquie est devenue un acteur incontournable dans un jeu mondial en pleine recomposition.
Après avoir été correspondant sur les fronts du Moyen-Orient, le grand reporter américain Luke Mogelson rentre aux États-Unis en 2020. Voici le récit magistral de sa longue immersion dans une Amérique en colère, une chronique édifiante de l'effondrement d'une partie de la société.
En pleine épidémie de Covid-19, des hommes armés de fusils d'assaut manifestent violemment au Capitole de l'État du Michigan contre les restrictions de liberté. Sidéré, le journaliste se mêle aux mouvements de foule et sillonne, une année durant, ce pays qu'il ne reconnaît plus. Son enquête le mènera à Minneapolis après le meurtre de George Floyd, à Portland, au coeur des marches MAGA jusqu'à la tentative d'insurrection au Capitole à Washington, le 6 janvier 2021.
Véritable témoin de notre temps, Mogelson dépeint des portraits saisissants d'Américains terrifiés d'être effacés ou remplacés et qui, dans ce moment d'incertitudes, sont convaincus qu'ils doivent se soulever. Il nous fait comprendre les sources profondes de ces événements et nous alerte sur l'ampleur de cette croisade antidémocratique : « Le 6 janvier n'était pas l'apothéose de cette mutation, c'était juste une étape. Et ce processus est toujours en cours. » Ce livre d'une intensité fascinante s'inscrit dans la tradition des chroniques essentielles de notre époque.
Ce livre efface la coupure aussi traditionnelle qu'arbitraire entre le Moyen Âge et l'époque moderne. C'est toute cette période, de Charles VII à Henri II, qui est placée sous le signe ' des ' Renaissances. La fin de la guerre de Cent Ans et des grandes crises socio-économiques, au milieu du XVe siècle, est effectivement le point de départ d'un renouveau général, des hommes, des échanges, des richesses... La période 1453-1559 est alors entraînée dans un mouvement de floraison, de dynamisme et de créativité en de multiples domaines ; c'est ce siècle effervescent qui, en définitive, correspond bien à l'appellation de ' beau XVIe siècle '.
Il s'agit bien ici d'un ' certain regard ' sur le temps des Renaissances. La dialectique du changement (emblématique des représentations sur la période) et des continuités suppose d'évaluer avec justesse l'ampleur des mutations. Elle nourrit le débat, déjà ancien, sur la ' modernité ' de la Renaissance : s'agit-il de l'enfantement d'un monde nouveau ou du point d'aboutissement d'un certain rapport au monde, issu des derniers siècles médiévaux ? Cette interrogation permet de tisser la trame qui sépare ce temps lumineux des Renaissances des ténèbres des guerres de Religion...