Le Qatar est-il une excroissance de l'Arabie saoudite ? Qui sont les al-Thani ? Les Qatariens sont-ils les plus riches du monde ? Comment est née la chaîne de télévision Al Jazeera ? Combien a coûté la Coupe du monde de football ? Pourquoi la rivalité est-elle si forte avec les Émirats arabes unis ? Le Qatar finance-t-il le terrorisme ? Quels sont les investissements du Qatar en France ?
En moins de vingt ans, ce petit pays de 2,7 millions d'habitants pour 300 000 nationaux seulement a connu une ascension fulgurante et a acquis une réputation sulfureuse. Indépendant depuis 1971, le Qatar a su se rendre incontournable sur la scène internationale grâce à sa diplomatie du « carnet de chèques » dont la Coupe du monde est l'exemple le plus frappant. Ce livre aborde la grande et la petite histoire : celle de la famille al-Thani régnant d'une main de fer sur l'émirat, qui détient les 2e réserves mondiales de gaz naturel. Il décrypte les leviers de son soft power économique, religieux, géopolitique, culturel et sportif alimenté par un fonds souverain de 450 milliards de dollars et lève le voile sur l'entrisme amorcé dans les milieux universitaires et judiciaires.
Réalisé par un fin connaisseur, cet ouvrage répond à toutes les questions que le lecteur se pose, notamment sur les liens avec les hommes politiques qui défilent à Doha.
La genèse du conflit israélo-arabe, dont l'actualité est surabondamment couverte par les médias, demeure paradoxalement mal connue. Si c'est au sortir de la Première Guerre mondiale que se cristallise ce qui n'est pas seulement le choc de deux nationalismes, mais un affrontement culturel recouvert par un conflit « religieux » et d'innombrables polémiques sur la nature du projet sioniste, c'est bien avant 1914 qu'il a pris forme dans le discours à la fois des élites arabes, de la vieille communauté juive séfarade et des sionistes d'Europe orientale. Ces discours, dominés par la propagande, Georges Bensoussan montre qu'ils sont à mille lieues d'une véritable connaissance historique. Ce faisant, il met en lumière l'importance de la dimension culturelle et anthropologique dans la connaissance d'un conflit dont aucun des schémas explicatifs classiques - du nationalisme au colonialisme en passant par l'impérialisme - n'est véritablement parvenu à rendre compte.
À cheval sur deux continents, longtemps capitale d'empires immenses, Istanbul est le produit d'un extraordinaire empilage de cultures qui se sont fondues les unes dans les autres au fil de vingt-cinq siècles. Tout, ici, étonne, surprend, émerveille. Sommes-nous à Byzance, Constantinople ou Istanbul ?" Cette ville - celle de mon enfance - a tout eu, tout reçu, tout connu. Des empereurs et des sultans, des personnages de légende, des artistes raffinés, des architectes géniaux, des favorites diaboliques et des marchands d'armes d'une habileté hors du commun. On s'y régale de mets d'une rare finesse, on y hume des senteurs troublantes, on déambule au milieu de bruits jamais entendus, on y vit des passions qu'il vaut mieux taire, et lorsque l'on se trouve sur l'une de ses collines, où que se porte le regard, on a le sentiment d'être au Royaume des royaumes.
Tout, ici, étonne, surprend, émerveille. Sommes-nous à Byzance, Constantinople ou Istanbul ? Devant une église orthodoxe ou une mosquée ? Dans une citerne ou une basilique ? Le quartier que nous visitons est-il grec ? juif ? génois ou vénitien ? Sommes-nous rive gauche ou rive droite de la Corne d'Or ? Face au Bosphore, à la mer de Marmara ou à la mer Noire ? Où irons-nous déjeuner, tout à l'heure, en Europe ou en Asie ? "
Apparus en Anatolie au début du XIVe siècle, les Ottomans occupèrent un rôle central dans les Balkans, en Europe orientale et au Moyen-Orient avant de disparaître avec la Grande Guerre. Leur empire, consacré par la prise de Constantinople en 1453, s'étendait au XVIIe siècle de la Hongrie au golfe Persique et du Yémen à l'Algérie. Cette superficie n'ayant d'égal que la diversité religieuse, ethnique et culturelle, l'Empire ottoman dut faire face aux défis du gigantisme et de l'hétérogénéité. Grevé par une machine étatique lourde et coûteuse, menacé par de puissants voisins, ralenti par une économie agraire, il perdit pied dans un monde dominé par l'Europe. Si l'occidentalisation lui accorda un long sursis, ce fut au prix d'une soumission aux forts relents coloniaux. Cent ans après la fin de l'Empire ottoman et la création de la république de Turquie qui lui succéda, Edhem Eldem propose de cette structure complexe, de son fonctionnement, de ses forces et de ses faiblesses un récit nuancé, doublé d'une analyse critique.
Avant le milieu du XXe siècle, les communautés juives du Maroc étaient fortes de 250 000 âmes coexistant avec dix millions de musulmans. Aujourd'hui, elles comptent moins de 3000 personnes. L'auteur remet en perspective leur présence plus que bimillénaire dans le pays.
Rappelant qu'elles formaient la première communauté juive du monde arabe, Mohammed Kenbib souligne leur contribution à l'histoire du Maroc, à sa culture, son patrimoine, son économie, ses échanges maritimes et sa diplomatie. Il s'attache notamment à étudier la diversité des fondements de leurs relations avec les
autres populations, quels qu'en aient été les aléas et les turbulences.
En outre, il analyse les bouleversements provoqués par la présence européenne, le protectorat, la Deuxième Guerre mondiale - principalement la Shoah - et le conflit du Moyen-Orient. Il évoque aussi les juifs du Maroc d'aujourd'hui, ainsi que les liens que gardent avec ce pays près d'un million de leurs coreligionnaires d'origine marocaine vivant pour la plupart en Israël, en France, au Canada et ailleurs dans le monde. Enfin, en 2011, cas unique dans le monde arabo-musulman, une référence explicite à l'« affluent hébraïque » de la culture marocaine figure dans le Préambule de la nouvelle Constitution du royaume.
Qu'est-ce qu'être musulman au XXIe siècle ? Pour certains, l'essence de l'islam serait la charia, loi qui dicte le comportement rituel et social, révélée par Dieu au Prophète et à la première communauté de fidèles. Pour d'autres, l'islam serait une spiritualité ouverte sur le monde, célébrant la diversité de l'humanité et la paix. De telles divergences ne sont pas nouvelles.
Avec cet ouvrage, John Tolan raconte comment ce dernier-né des trois grands monothéismes s'est développé, non pas en autarcie mais en contact avec les traditions religieuses juives et chrétiennes, dans un mélange de cultures arabe, grecque, perse... Il analyse les fondements et les mutations de l'islam. Cette histoire longue nous montre que les fractures au sein d'un monde musulman tantôt ouvert, tantôt rigoriste, sont autant de défis posés à la possibilité d'une entente entre Orient et Occident.
Organisée selon un plan thématique, cette anthologie des idées politiques au Machrek et au Maghreb rend compte de la façon dont le gouvernement des populations, l'organisation des sociétés, la justice et le bien commun ont été pensés, formulés et mis en mouvement de 1920 à 2011. Composée d'écrits juridiques, d'articles de presse, de discours publics, elle réunit des " producteurs " d'idéologie aux profils divers : hommes issus d'institutions religieuses, intellectuels, militants et leaders politiques.
Cet ouvrage poursuit deux objectifs. D'abord, décloisonner les catégories que sont les " nationalistes ", " islamistes ", " gauchistes " et " libéraux ", pour montrer les nombreuses circulations que celles-ci autorisent. Ainsi, nombre de militants et d'intellectuels sont passés de la gauche à l'islam après 1967 puis au libéralisme à partir des années 1980. Ensuite, insister sur la manière dont ces idées informent les rapports de pouvoir. Loin d'être de simples codes de conduite basés sur des visions du monde souvent utopiques, elles sont aussi des instruments discursifs mobilisés dans le cadre de luttes.
Structurée autour de quatre grands thèmes (les frontières de l'umma ; l'exercice du pouvoir politique soulignant la centralité du paradigme autoritaire ; l'économie et le développement ; et enfin l'autocritique, revenant notamment sur les facteurs endogènes du " malheur arabe "), cette anthologie permet de restituer la diversité des références qui ont nourri l'imaginaire et l'histoire politique et sociale des sociétés du Machrek et du Maghreb au XXe siècle.
Jérusalem n'est pas un champ clos sur lequel se rejouerait depuis des millénaires le "choc des civilisations", la guerre des identités religieuses ou nationales. En se tenant à distance de ces catégories douteuses pour raconter la longue histoire urbaine de Jérusalem des origines à nos jours, en restant attentif à l'esprit des lieux autant qu'aux cassures du temps, on découvre au contraire une ville-monde ouverte aux quatre vents, le berceau commun dans lequel se sont inventés tour à tour le judaïsme, le christianisme et l'islam, et dont les lieux saints emblématiques reflètent autant les échanges et les influences réciproques que les conflits et les confrontations. Pour la première fois, cette synthèse rend accessible à un large public les toutes dernières découvertes archéologiques, des archives encore inédites et les débats historiques les plus récents, en guidant le lecteur grâce à une chronologie et à une cartographie entièrement renouvelées. Une lecture indispensable pour comprendre pourquoi le monde s'est donné rendez-vous à Jérusalem.
4 novembre 1979 : quelques mois après la Révolution islamique, près de 300 étudiants enjambent le mur d'enceinte de l'ambassade américaine à Téhéran et prennent en otages 66 diplomates et employés. Pourquoi une rupture si brutale et spectaculaire des relations entre l'Iran et les États-Unis ? Pour répondre, Yann Richard s'appuie sur des sources américaines mais aussi iraniennes.
En 1945 alors que le jeune Mohammad-Rezâ Pahlavi vient de monter sur le trône, les États-Unis sont perçus comme les seuls capables de libérer l'Iran de la menace soviétique et de la lourde tutelle britannique. Pourtant, la position américaine montre vite son ambiguïté, notamment lors du coup d'État de 1953 qui renversa le premier ministre Mossadeq, promoteur de la nationalisation du pétrole. Maintenu au pouvoir grâce aux Américains, le shah devint leur meilleur allié dans la région. Enrichi par les revenus du pétrole et à la tête d'une immense armée, il gouverne seul. Des manifestations violemment réprimées précipitent sa chute et ouvrent la voie en 1979 à l'instauration par Khomeyni de la République islamique d'Iran.
La posture de l'Américain armé de bons sentiments s'était transformée en une figure de dominateur sans scrupules. Les Iraniens avaient contemplé avec envie la prospérité hollywoodienne et consumériste. On leur montra la marque du collier qui tenait l'Iran enchaîné. C'est bien le sens de la Révolution islamique et de la prise d'otages que de rompre cette chaîne.
Petite nation au rayonnement indéniable, sans cesse menacée de l'intérieur ou de l'extérieur, le Liban traverse une crise profonde dans une région en plein chaos.
Seul pays au Moyen-Orient à montrer un goût marqué pour la culture, à rejeter le radicalisme religieux, à n'avoir jamais connu de régime autoritaire, le Liban fait figure d'exception. Toutefois, cet équilibre fragile a été mis en péril par plusieurs guerres civiles, les occupations israéliennes et syriennes, la présence de réfugiés palestiniens, les ingérences de certains de ses voisins, les inégalités socio économiques et la déliquescence de la classe politique.
De l'Antiquité à nos jours, Xavier Baron retrace la fascinante histoire du pays des cèdres.
"S'étendant jadis des portes de Vienne au Yémen, de l'Algérie à l'Irak, l'Empire ottoman s'effondre en 1923 et cède la place à la république de Mustafa Kemal. Aujourd'hui, la Turquie d'Erdogan, impliquée dans de nombreuses guerres régionales, suscite des inquiétudes dans les pays occidentaux.
L'Empire ottoman connaît plusieurs siècles de conquêtes territoriales, notamment celle de Constantinople en 1453 par le sultan Mehmed II. Le règne de Suleyman le Magnifique parachève cet empire universel. Sa longévité, plus de 600 ans, est une exception dans le monde musulman. Au début du XIXe siècle, il tente de se réformer : absolutisme éclairé, règne autocratique d'Abdülhamid II, révolution jeune-turque de 1908... Après une décennie de guerre, marquée par le génocide des Arméniens, un régime autoritaire, celui de Mustafa Kemal, voit le jour. À la lumière de ces sept siècles d'histoire, Hamit Bozarslan donne à comprendre la Turquie contemporaine, incarnée par son leader islamo-nationaliste Erdogan."
Voici une histoire de l'Algérie d'Abdelkader à Bouteflika (sur deux siècles), qui précède, enjambe et fait suite à l'histoire coloniale française de ce pays (1830-1962).
Il ne s'agit pas d'oublier la colonisation française, mais au contraire de la réinsérer dans l'histoire longue de l'Algérie, de montrer en quoi et comment elle s'insère (par exemple dans la culture de la violence politique et de la gouvernance militaire de la société) dans l'histoire ottomane, puis débouche sur la République militaire.
La République militaire instaurée avec le FLN est un mixte entre la culture militaire turque et tribale communautaire de la force; la culture jacobine centralisée inculquée par la France; le socialisme égalitaire mâtiné d'islam politique; et la culture militaire d'une armée moderne, qui est peut-être le principal legs de la France à l'Algérie - le tout communiant dans un nationalisme unanimiste et populiste.
L'auteur insiste particulièrement sur l'histoire et les cultures politiques, doublés par les enjeux économiques et sociaux qui se succèdent et varient selon les conjonctures historiques.
Les travaux sont nombreux sur l'Algérie, mais l'articulation d'un récit unifié sur la longue durée telle qu'elle sera ici traitée n'a pas d'équivalent. Ni en Algérie ni en France, ou la plupart des travaux séquencent une période courte, ou additionnent de nombreuses contributions qui ne permettent pas de saisir un récit unifié et qui fasse sens.
Pierre Vermeren, normalien et agrégé d'histoire, est professeur d'histoire du monde arabe contemporain à l'université Paris-1 Panthéon-Sorbonne et membre du laboratoire SIRICE. Il est notamment l'auteur du Choc des décolonisations (O. Jacob, 2015), Histoire du Maroc (La Découverte, 2016) et La France en terre d'islam: Empire colonial et religions, XIXe-XXe siècles (Tallandier, 2020).
De la Perse à la République islamique d'Iran
Nationalisme fervent, politisation du religieux, modernisation de la société, économie en crise, tensions régionales... La République islamique d'Iran ne cesse d'évoluer et d'étendre son influence au Moyen-Orient. En abordant successivement les aspects historiques, politiques, internationaux, économiques et sociétaux de l'Iran, cet essai accessible et vivant donne des clés de lecture pour aborder ce pays, non seulement à travers sa profondeur historique, mais aussi à travers ses paradoxes contemporains. Ainsi, il nous permet de mieux saisir son positionnement actuel sur la scène internationale, caractérisé notamment par une oscillation entre idéologie et pragmatisme, mais aussi de mieux comprendre les défis internes de l'Iran, liés à la nécessité de répondre aux aspirations d'une société en pleine transformation.
Au début du XXe siècle, sous l'égide de l'Organisation sioniste mondiale, les fondements de l'État d'Israël tel que nous le connaissons sont posés. Coup de tonnerre : en 1905, Israel Zangwill quitte l'organisation dont il est un membre historique. Partisan de la création d'un État juif, il demeure sceptique quant à l'idée de le localiser en Palestine. À la fin de sa vie, Zangwill résume ses positions dans un ouvrage majeur, où il propose même une relecture de l'Ancien Testament.Il réconcilie le projet d'un État juif avec des idéaux pacifistes, humanistes, et révolutionnaires. Il se montre tout aussi soucieux de préserver son peuple de la montée des périls, que de respecter l'occupation historique du territoire convoité. Nécessairement, son propos prend aujourd'hui une lueur particulière.
Israel Zangwill (1864-1926) est un écrivain, essayiste et journaliste britannique. Il connaîtra un certain succès littéraire. Conscient des dangers qui menacent les juifs à la fin du XIXe siècle, il s'interroge sur la survie de son peuple et envisage la création d'un État juif. Critique envers les visées coloniales de l'Organisation sioniste mondiale, il la quitte en 1905. Il fonde alors l'Organisation juive territorialiste qui entend créer un État juif hors de la Palestine.
Les hôtes de marque pénètrent dans la majestueuse salle à coupole du palais de la Magnaure. L'empereur byzantin les reçoit, assis sur un trône d'or, couronné de pierreries, chaussé de pourpre et richement vêtu. Derrière lui, semblent rugir des lions dorés. Le maître de l'Orient est entouré de sa cour. Le Xe siècle marque assurément l'apogée de l'empire romain d'Orient qui perdura un millénaire, à l'époque même où l'Occident vivait ce que les hommes de la Renaissance ont appelé le Moyen Âge. Témoin de ce siècle et de ses hommes, l'empereur Constantin VII Porphyrogénète (913-959), nous a laissé un document exceptionnel : le Livre des Cérémonies. Cet ouvrage unique brosse le tableau des fastes de la cour impériale, à cette époque la première puissance de la chrétienté. Michel Kaplan nous ouvre les portes de ce monde quelque peu irréel et nimbé de gloire, où brillent l'or et la pourpre. Il nous rend accessible la description des cérémonies, de l'idéologie politique de l'Empereur devenu lieutenant de Dieu sur terre, des courtisans, avant tout des fonctionnaires civils et militaires, animant ce pouvoir, mais aussi de la vie quotidienne du palais impérial comme de la capitale, la légendaire et remuante Constantinople.
Près de soixante ans après la fin de la guerre d'indépendance algérienne, cette vaste fresque de l'Algérie coloniale, replaçant la guerre d'indépendance dans le temps long - car c'est bien dans la longue durée que le conflit s'enracine - est plus que jamais essentielle pour mieux comprendre la situation actuelle de la France et de l'Algérie, ainsi que leurs relations depuis 1962. Dans ce cadre historique, cet ouvrage, écrit principalement par des historiens (algériens, français et d'autres nationalités), met à disposition les travaux les plus récents, qui tiennent compte des interrogations actuelles des sociétés sur ce passé en France comme en Algérie. Il montre comment l'histoire de ces deux pays et de ces populations s'est nouée, dans des rapports complexes de domination et de violence, mais aussi d'échanges, dans les contextes de la colonisation puis de la décolonisation. Enfin, ce livre interroge les héritages de ces cent trente-deux ans de colonisation qui marquent encore les sociétés.
Parce que pour connaître les peuples, il faut d'abord les comprendre.
L'Iran est un jardin que les mots font fleurir. Sous les coupoles des mosquées d'Ispahan et des mausolées de Chirâz, une somme de fascinantes contradictions persanes est à l'oeuvre.
Les Iraniens aiment les sciences et sont superstitieux. Ils sont mystiques et amoureux des plaisirs plus terrestres. L'Iran des poètes est celui du pardon. Mais l'Iran des juges islamiques condamne à mort le plus grand nombre de mineurs au monde. Les omniprésents mollahs y sont sans cesse moqués, affublés de sobriquets ridicules, maudits, voire insultés. Mais peu d'Iraniens voudraient qu'ils disparaissent de leur paysage.
Ce petit livre n'est pas un guide. C'est un décodeur. L'Iran est un poème persan dont ces pages vous aident à saisir les dérangeantes ambiguïtés. Il dit l'âme d'un pays qui, de tout temps, a figuré au panthéon des voyageurs. Il explique le mystère et les secrets d'un grand peuple. Parce qu'en Iran, comprendre n'est qu'une étape sur le sinueux chemin des sentiments.
Un grand récit suivi d'entretiens avec Clément Therme (Comment les mollahs ont fabriqué l'homo islamicus) et Leili Anvar (Le mythe de la Taverne).
Un voyage historique, culturel et social pour mieux connaître les passions iraniennes. Et donc mieux les comprendre.
EXTRAIT
À Chirâz, même les chardonnerets et les rossignols connaissent les poèmes de Hâfez. À l'entrée de son sanctuaire, pour deux graines et trois sous donnés à l'oiseleur par le passant ou le voyageur, ils vont picorer ses vers recopiés sur de petits bouts de papier qui sont disposés sur le sol, à même la poussière de la rue. L'oiseau choisit le poème d'un rapide coup de bec et le rapporte à son maître qui en dévoile le sens.
Un peu plus loin, au coeur d'un long jardin annoncé par une garde royale de cyprès, se dresse son tombeau, couronné par une ample coupole qui le protège des terribles ardeurs du soleil. Un petit paradis pour les amoureux. Ici, la police leur fiche la paix et ne vérifie pas s'ils sont mariés ou non. Les yeux dans les yeux, la main droite effleurant le sépulcre du poète, certains ouvrent son Divân pour y chercher leur destin. Depuis huit siècles, les innombrables amis de Hâfez - et il en a sans cesse de nouveaux - sont à ses côtés.
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
[...] Belle et utile collection petit format chez Nevicata, dont chaque opuscule est dédié à un pays en particulier. Non pas un guide de voyage classique, mais, comme le dit le père de la collection, un «décodeur» des mentalités profondes et de la culture. Des journalistes, excellents connaisseurs des lieux, ont été sollicités [...]. A chaque fois, un récit personnel et cultivé du pays suivi de trois entretiens avec des experts locaux. - Le Temps
Comment se familiariser avec "l'âme" d'un pays pour dépasser les clichés et déceler ce qu'il y a de juste dans les images, l'héritage historique, les traditions ? Une démarche d'enquête journalistique au service d'un authentique récit de voyage : le livre-compagnon idéal des guides factuels, le roman-vrai des pays et des villes que l'on s'apprête à découvrir. - Librairie Sciences Po
À PROPOS DE L'AUTEUR
Jean-Pierre Perrin, spécialiste du Moyen-Orient, a longtemps été journaliste à Libération. Il est l'auteur de nombreux livres, dont Le djihad contre le rêve d'Alexandre (Seuil, 2017).
Georges Corm, dont les travaux sur le Proche-Orient contemporain et les rapports entre Europe et Orient sont devenus des références incontournables, propose ici une vision synthétique et vivante de l'histoire du Moyen-Orient depuis la plus haute Antiquité. Il rappelle utilement la " géologie des cultures ", ces différentes couches anthropologiques sur lesquelles l'islam a bâti une des grandes civilisations de l'histoire de l'humanité. Le Moyen-Orient apparaît ainsi dans la diversité de ses patrimoines culturels, avec les ruptures et continuités entre les empires et les civilisations qui ont marqué son histoire. Pour dépeindre la complexité de cette région ouverte sur trois continents, l'auteur présente les " socles géographiques " de ces empires : le socle anatolien, le socle iranien et mésopotamien, le socle égyptien. Grâce à cette approche, il est enfin possible de sortir des amalgames entre des peuples de langues différentes, mais en interaction permanente : Iraniens, Turcs et Arabes, aujourd'hui confondus dans la " nébuleuse islamique ". Enfin, les dynamiques malheureuses des rapports entre l'Occident et le Moyen-Orient, ainsi que la décadence de cette région depuis deux siècles, sont explicitées de façon claire et objective, prenant en compte les facteurs sociaux et économiques si souvent négligés dans la littérature sur l'islam et le monde musulman.
Le témoignage rare et poignant d'un jeune "béret vert" durant la guerre d'Algérie.
Le 22 février 1960, à l'âge de dix-neuf ans, Simon Murray pousse les portes du fort de Vincennes pour s'engager dans la Légion étrangère. L'Aventure commence : l'embarquement à Marseille, l'arrivée en Algérie, à Sidi bel-Abbès, les longs mois d'instruction, l'affectation au 2e régiment étranger de parachutistes, la guerre et la traque des fellaghas de la frontière marocaine à la frontière tunisienne, les Aurès, le putsh avorté de 1961, les accords d'Evian, la lente et difficile adaptation au temps de paix...
Durant ses cinq années de service, Murray consigne dans ses carnets de bord son expérience quotidienne de la rude vie de légionnaire, l'entraînement, les marches sans fin et les échaufourées avec les fellaghas dans les montagnes de l'Atlas. La force du récit tient à la personnalité atypique de son auteur. Issu d'un milieu bourgeois, formé dans une vénérable école britannique, il s'enorguellit de servir dans une unité légendaire. Telle est la vertu première de ce journal de guerre unique en son genre : il dit la vérité, toute la vérité et permet de comprendre l'organisation et les motivations de cette troupe à nulle autre pareille.
Un témoignage essentiel sur la guerre d'Algérie comme sur le quotidien des "hommes sans nom" qui composent la Légion étrangère.
La France en Algérie... Une histoire longue et douloureuse, dont les conséquences se font encore sentir dans les événements qui touchent les deux pays, liés pour le meilleur et pour le pire depuis près de deux siècles. Mais sait-on vraiment comment tout a commencé ?Du débarquement de l'armée d'Afrique à Sidi Ferruch, en 1830, jusqu'à la veille de la Première Guerre mondiale, l'auteur raconte les étapes de l'établissement de la France en Afrique du Nord : la guerre et la reddition d'Abd el-Kader ; l'arrivée et l'installation des premiers colons ; l'utopie du « royaume arabe », que Napoléon III ne sait pas imposer ; puis, après 1870, l'action de la République qui croit consacrer l'Algérie française.Pour les Algériens d'aujourd'hui, cette période est celle d'une très dure conquête, de la perte de leurs meilleures terres, de l'installation d'un régime oppressif et injuste. Les Français la méconnaissent trop souvent, quand ils n'en rejettent pas les fautes sur les seuls colons. Cependant, en 1914, le système colonial paraît solide, fondé sur une administration efficace, une certaine collaboration des élites musulmanes, le dynamisme des colons et la résignation des paysans algériens. La réalité est plus complexe, l'équilibre plus fragile qu'on ne pense.Analysant la mentalité des hommes qui ont déclenché la conquête et de ceux qui ont résisté, la violence qui se déchaîne des deux côtés, les erreurs manifestes et les bonnes intentions parfois funestes, cet essai montre les résultats des mauvais choix, nés de l'incompétence des dirigeants et de l'ignorance des peuples. Il nous permet de mieux comprendre la force et la complexité des relations qui persistent entre les deux pays.Ces dernières seront étudiées dans un second volume traitant de la période allant de la Grande Guerre à la Guerre d'Algérie.
Jacques Frémeaux, membre de l'Académie des Sciences d'Outre-mer, ancien membre de l'Institut universitaire de France, est professeur émérite d'histoire à la Sorbonne. Il a écrit une vingtaine d'ouvrages, dont récemment La Question d'Orient (Fayard) et La Conquête de l'Algérie : la dernière campagne d'Abd el-Kader (CNRSÉditions).
Après 1988, l'Algérie a connu plus de dix ans d'une terrible guerre à la suite de l'interruption par l'armée de la première expérience démocratique du monde arabe qui a brièvement profité au Front islamique du salut (FIS). Dans les années 2000, l'Algérie d'Abdelaziz Bouteflika a lentement retrouvé la paix grâce à la rente des hydrocarbures, mais au prix d'une absence de justice et du mensonge. À l'armée, principale détentrice du pouvoir, se sont alors agrégés de plus en plus les milieux d'affaires qui ont profité de la libéralisation économique. La corruption a explosé.
En 2019, une mobilisation populaire pacifique, inédite par son ampleur et sa durée, le
hirak, a demandé que ce régime " dégage ". Après le départ de Bouteflika, l'armée a engagé une transition factice pour reconduire un régime à bout de souffle, ouvrant une nouvelle période à l'issue incertaine. Aucune alternative politique claire ne semblait se faire jour, alors que les perspectives économiques s'assombrissaient. C'est cette évolution de trois décennies d'une Algérie contemporaine très contradictoire que cet ouvrage retrace de manière chronologique.
Parce que pour connaître les peuples, il faut d'abord les comprendre
Ils sont Israéliens et ils le crient. Avec leurs lots de joies, de peines, de colères et de blessures. Dans cet éternel champ de bataille qu'est leur petite terre tant convoitée depuis des millénaires, les citoyens de l'État hébreu racontent avec leurs mots le destin du pays qu'ils continuent de construire et celui des communautés dont ils sont issus. Leurs paroles, rythmées par les prières des croyants, tracent le sillon d'une réalité bigarrée, entre modernisme débridé et hyper-conservatisme.
Ce petit livre n'est pas un guide. C'est un décodeur. Il revisite, à travers une dizaine de portraits puis à l'écoute de grandes voix israéliennes, l'image d'un pays façonné au gré des confrontations religieuses et d'une histoire souvent tragique. Un voyage au coeur des passions israéliennes pour mieux en découvrir l'infinie complexité. Au fil de destins entremêlés.
Un grand récit suivi d'un entretien avec Eva Illouz (L'Etat juif et démocratique est un mariage difficile)
Un voyage religieux, historique et politique afin de mieux connaître les passions israéliennes. Et donc mieux les comprendre
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
- "(...) Belle et utile collection petit format chez Nevicata, dont chaque opuscule est dédié à un pays en particulier. Non pas un guide de voyage classique, mais, comme le dit le père de la collection, un «décodeur» des mentalités profondes et de la culture. Des journalistes, excellents connaisseurs des lieux, ont été sollicités (...). A chaque fois, un récit personnel et cultivé du pays suivi de trois entretiens avec des experts locaux. - Le Temps
- "Comment se familiariser avec "l'âme" d'un pays pour dépasser les clichés et déceler ce qu'il y a de juste dans les images, l'héritage historique, les traditions ? Une démarche d'enquête journalistique au service d'un authentique récit de voyage : le livre-compagnon idéal des guides factuels, le roman-vrai des pays et des villes que l'on s'apprête à découvrir." - Librairie Sciences Po
À PROPOS DE L'AUTEUR
Aude Marcovitch est, depuis 2008, correspondante à Tel Aviv pour la Radio-Télévision Suisse Romande et Libération. Passionnée par le destin d'Israël et familière de ce Proche-Orient si compliqué, elle porte haut la passion du récit et de l'aventure humaine.
Travailleur acharné, charmeur et bluffeur, Kemal Atatürk (1881-1938) réalise en 1923 une étonnante marche au pouvoir : il met fin au sultanat ottoman, proclame la République de Turquie et en devient le premier président.
Ayant vaincu l'occupant allié après la Première Guerre mondiale, Atatürk impose à son pays des réformes radicales - occidentalisation, laïcité, droit de vote des femmes. Fondateur de la Turquie et véritable mythe, il reste au coeur des aspirations, des contradictions et des déchirements du pays : problème kurde, entrée dans l'Europe, question de la laïcité du monde musulman... À partir de sources inédites et des témoignages directs, Alexandre Jevakhoff dresse le portrait de ce chef d'État moderne, au carrefour de l'Occident et de l'Orient, du XIXesiècle et du monde contemporain.
4e édition
Après avoir présenté et analysé dans un précédent ouvrage la conquête de l'Algérie par la France et comment s'est construite cette colonie jusqu'en 1914, Jacques Frémeaux s'attache ici aux événements qui, depuis la Première Guerre mondiale, ont conduit à la lutte armée et à la proclamation de l'indépendance du pays en 1962.Un ordre colonial fondamentalement inégalitaire, l'absence d'une croissance économique suffisante et une population algérienne en augmentation très rapide, des mutations sociales, une légitimité politique française contestée, la guerre engagée avec les forces révolutionnaires, la montée en puissance du FLN... N'éludant aucun sujet, n'épargnant aucun protagoniste, mais sans entrer dans des polémiques qui engageraient un camp ou l'autre, l'auteur relate de façon claire, précise et condensée une histoire longue et complexe, et montre le caractère inéluctable de ce qui s'est produit.Ce livre très documenté aborde et décrypte sans concession la réalité d'une mémoire coloniale douloureuse de part et d'autre. C'est le prélude nécessaire à toute volonté de réconciliation, le seul moyen acceptable d'y parvenir.
Jacques Frémeaux, membre de l'Académie des Sciences d'Outre-mer et ancien membre de l'Institut universitaire de France, est professeur émérite d'histoire à la Sorbonne. Il a écrit une vingtaine d'ouvrages, dont récemment La Conquête de l'Algérie. La dernière campagne d'Abd el-Kader (CNRS-Éditions) et La Question d'Orient (Fayard). Il a publié Algérie 1830-1914. Naissance et destin d'une colonie chez Desclée de Brouwer.