« Les questions économiques sont trop importantes pour être laissées à une petite classe de spécialistes et de dirigeants. La réappropriation citoyenne de ce savoir est une étape essentielle pour transformer les relations de pouvoir. »
T. P.
En présentant l'évolution en longue durée des inégalités entre classes sociales dans les sociétés humaines, Thomas Piketty propose une perspective nouvelle sur l'histoire de l'égalité. Il s'appuie sur une conviction forte forgée au fil de ses recherches : la marche vers l'égalité est un combat qui vient de loin, et qui ne demande qu'à se poursuivre au xxie siècle, pour peu que l'on s'y mette toutes et tous.
Des fulgurances littéraires sur fond d'histoire et d'autodérision, Sylvain Tesson signe un grand texte. Le lecteur, embarqué dans cette effraction du temps, enjambe les siècles, dans une épopée carnavalesque et réjouissante.
En octobre 1812, littéralement piégé dans Moscou en flammes, Napoléon replie la Grande Armée vers la France. Commence la retraite de Russie, l'une des plus tragiques épopées de l'histoire humaine. La retraite est une course à la mort, une marche des fous, une échappée d'enfer.
Deux cents ans plus tard, je décide de répéter l'itinéraire de l'armée agonisante, de ces cavaliers désarçonnés, de ces fantassins squelettiques, de ces hommes à plumets qui avaient préjugé de l'invincibilité de l'Aigle. Le géographe Cédric Gras, le photographe Thomas Goisque et deux amis russes, Vassili et Vitaly, sont de la partie. Pour l'aventure, nous enfourchons des side-cars soviétiques de marque Oural. Au long de quatre mille kilomètres, en plein hiver, nous allons dérouler le fil de la mémoire entre Moscou et Paris où l'Empereur arrivera le 15 XII 1812, laissant derrière lui son armée en lambeaux.
Le jour, les mains luisantes de cambouis, nous lisons les
Mémoires du général de Caulaincourt.
Le soir, nous nous assommons de vodka pour éloigner les fantômes.
Napoléon était-il un antéchrist qui précipita l'Europe dans l'abîme ou bien un visionnaire génial dont le seul tort fut de croire qu'il suffisait de vouloir pour triompher et que les contingences se pliaient toujours aux rêves ?
Mais très vite, nous devons abandonner ces questions métaphysiques car un cylindre vient de rendre l'âme, la nuit tombe sur la Biélorussie et trois foutus camions polonais sont déjà en travers de la route.
"Nous ne savons pas ce qui nous arrive et c'est précisément ce qui nous arrive", écrit José Ortega y Gasset.
Que nous arrive-t-il ? Qu'arrive-t-il à la France ? Au monde ? Notre impéritie vient-elle d'une myopie à l'égard de tout ce qui dépasse l'immédiat ? d'une perception inexacte ? d'une crise de la pensée ? d'un somnambulisme généralisé ?
Tant de certitudes ont été balayées !
Comment naviguer dans un océan d'incertitude ? Comment comprendre l'histoire que nous vivons ? Comment admettre enfin que, en dégradant l'écologie de notre planète, nous dégradons nos vies et nos sociétés ? Comment appréhender le monde qui se transforme de crise en crise ? Comment concevoir l'aventure inouïe de notre humanité ? Est-ce une course à la mort ou à la métamorphose ?
Serait-ce à la fois l'un et l'autre ?
Réveillons-nous !
E. M.
Poursuivant le récit d'Alias Caracalla, ce deuxième volume des Mémoires de Daniel Cordier s'ouvre en juin 1943, après l'arrestation de Jean Moulin, et se clôt en janvier 1946, lorsque l'auteur démissionne des services secrets tandis que le général de Gaulle quitte le pouvoir.
De ses fonctions au sein de la Résistance à son internement en Espagne, de ses vacances improvisées à ses conversations avec Sartre, Camus ou Queneau, malgré les doutes, les fous rires ou les emportements, jamais Daniel Cordier n'a cessé d'être fidèle à son engagement pour la liberté.
Toutes les sociétés humaines ont besoin de justifier leurs inégalités : il faut leur trouver des raisons, faute de quoi c'est l'ensemble de l'édifice politique et social qui menace de s'effondrer. Les idéologies du passé, si on les étudie de près, ne sont à cet égard pas toujours plus folles que celles du présent. C'est en montrant la multiplicité des trajectoires et des bifurcations possibles que l'on peut interroger les fondements de nos propres institutions et envisager les conditions de leur transformation.
À partir de données comparatives d'une ampleur et d'une profondeur inédites, ce livre retrace dans une perspective tout à la fois économique, sociale, intellectuelle et politique l'histoire et le devenir des régimes inégalitaires, depuis les sociétés trifonctionnelles et esclavagistes anciennes jusqu'aux sociétés postcoloniales et hypercapitalistes modernes, en passant par les sociétés propriétaristes, coloniales, communistes et sociales-démocrates. À l'encontre du récit hyperinégalitaire qui s'est imposé depuis les années 1980-1990, il montre que c'est le combat pour l'égalité et l'éducation, et non pas la sacralisation de la propriété, qui a permis le développement économique et le progrès humain.
En s'appuyant sur les leçons de l'histoire globale, il est possible de rompre avec le fatalisme qui nourrit les dérives identitaires actuelles et d'imaginer un socialisme participatif pour le XXIe siècle : un nouvel horizon égalitaire à visée universelle, une nouvelle idéologie de l'égalité, de la propriété sociale, de l'éducation et du partage des savoirs et des pouvoirs.
Directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales et professeur à l'École d'économie de Paris, Thomas Piketty est l'auteur du Capital au XXIe siècle (2013), traduit en 40 langues et vendu à plus de 2,5 millions d'exemplaires, dont le présent livre est le prolongement.
L’époque contemporaine a vu l'émergence de conflits planétaires. Des sociétés entières ont été bouleversées. À leur tête, des dirigeants capables de galvaniser les foules, qui détenaient un terrifiant éventail d’instruments de contrôle, de propagande et de mort.
Le nouveau livre de Ian Kershaw propose une analyse lucide et stimulante des conditions d’émergence de cette toute-puissance, en passant au crible les personnalités et les moyens d’action de ces autocrates, qu'ils agissent sur la scène mondiale (Lénine, Staline, Hitler, Mussolini) ou que leur rôle se cantonne à une échelle plus nationale (Tito, Franco). Qu'est-ce qui, chez ces individus, et à l'époque où ils vivaient, leur a permis d'exercer un pouvoir aussi illimité et meurtrier ? Et qu'est-ce qui a mis fin à cette ère de terreur ?
Rassemblant un groupe de figures contrastées, qui inclut aussi de grands dirigeants tels Churchill, de Gaulle, Adenauer, Gorbatchev, Thatcher et Kohl, Kershaw utilise sa connaissance unique du champ politique pour réfléchir à la manière dont des chefs politiques, en tout point différents, ont exercé le pouvoir et changé le monde.
Un ouvrage vif et passionnant par l’un des meilleurs analystes de l’histoire politique de du XXe siècle.
Ian Kershaw est l’auteur d’une monumentale biographie de Hitler (Flammarion, 2000 et 2001) et a publié au Seuil : Choix fatidiques. Dix décisions qui ont changé le monde (2009, « Points Histoire », 2012), La Fin, Allemagne 1944-1945 (2012, « Points Histoire », 2014), L’Europe en enfer, 1914-1949 (2016, « Points Histoire », 2018) et L’Âge global. L’Europe, de 1950 à nos jours (2020, « Points Histoire », 2021)
Avec une nouvelle préface inédite de l'auteur.
« Un prodige. » Le Monde des Livres
Il y a 100 000 ans, la Terre était habitée par au moins six espèces différentes d'hominidés. Une seule a survécu. Nous, les Homo Sapiens.
Comment notre espèce a-t-elle réussi à dominer la planète ? Pourquoi nos ancêtres ont-ils uni leurs forces pour créer villes et royaumes ? Comment en sommes-nous arrivés à créer les concepts de religion, de nation, de droits de l'homme ? À dépendre de l'argent, des livres et des lois ? À devenir esclaves de la bureaucratie, des horaires, de la consommation de masse ? Et à quoi ressemblera notre monde dans le millénaire à venir ?
Véritable phénomène d'édition, traduit dans une trentaine de langues, Sapiens est un livre audacieux, érudit et provocateur. Professeur d'Histoire à l'Université hébraïque de Jérusalem, Yuval Noah Harari mêle l'Histoire à la Science pour remettre en cause tout ce que nous pensions savoir sur l'humanité : nos pensées, nos actes, notre héritage... et notre futur.
« Pharaonique. » Télérama
« Magistral. » Le JDD
Réunissant plus de deux cent cinquante chercheuses et chercheurs issus du monde entier, ce livre nous invite à regarder la colonisation française en face, avec les yeux des colonisés et des colonisateurs. Les meilleurs spécialistes mettent à notre disposition une connaissance profondément renouvelée de la domination coloniale, de ses formes parfois surprenantes, de ses effets dévastateurs, de ses limites longtemps ignorées, ainsi que de ses rémanences actuelles.
Dans une époque tout entière dominée par les questionnements identitaires et les affrontements mémoriels, ce livre collectif restitue de manière lucide, accessible et passionnante, la grande diversité et la complexité des situations coloniales en Afrique, en Asie, en Océanie et dans les Amériques.
De la colonisation est née une histoire à la fois riche et violente, tissée d'innombrables échanges, qui fait de nous ce que nous sommes. Colonisés et colonisateurs ont été à la fois liés et transformés à jamais par cette expérience qui retrouve ici toute sa place - à bien des égards centrale - dans l'histoire de France.
Pour déjouer les évidences et répondre aux interrogations contemporaines, cet ouvrage part du présent et remonte le fil du temps jusqu'aux sources méconnues du passé dit « précolonial ». En inscrivant le fait colonial français dans le temps long - du XXIe au XVe siècle - des relations entre la France et le reste du monde, cette histoire globale en appréhende les continuités, les ruptures et les singularités. Ainsi peut-être comprendrons-nous mieux qui nous sommes.Direction : Pierre SingaravélouCoordination : Arthur Asseraf, Guillaume Blanc, Yala Kisukidi, Mélanie Lamotte___SOMMAIRE1. Partie 1 : Après les colonies (des années 60 à aujourd'hui)I. Traces de la colonisationII. Les mutations de l'ex-Empire (1960-1990)III. La puissance française en question (1990-2020)IV. L'histoire de la colonisation aujourd'huiV. Histoires du futur 2. Partie 2 : Vers les indépendances (1930-1962)I. Vivre et mourir sous l'empire (1930-1945)II. L'empire ambiguIII. Luttes, pratiques et cultures anticolonialesIV. Vers l'effondrement (1945-1962)V. Raconter la sortie du monde colonial3. Partie 3 : L'empire qui voulait être monde (1815-1930)I. Pourquoi cet empire ?II. Bâtir et détruireIII. Créer des différencesIV. Contester4. Partie 4 : Aux origines de l'empire (années 1500-1815)I. Les prémices de l'empireII. Gouverner l'empireIII. Les économies colonialesIV. L'esclavageV. AltéritésVI. L'explosion de l'empire5. Partie 5 : Les mondes d'avant, les sociétés à la veille de la colonisationI. MondialisationsII. EmpiresIII. Narrations
Jeanne du Barry (1745-1793) est une énigme. On l'a enfermée dans une légende noire. On en a fait la dernière maîtresse, surgie des bas-fonds, d'un vieux roi jouisseur et décrié. Une honte et un scandale. Il faut aller aux sources pour s'apercevoir de la place capitale qu'elle a occupée à une époque de quasi-perfection des arts, en pleine crise de l'absolutisme monarchique, dans les dernières années du règne de Louis XV. On l'a réinventée pour mieux discréditer le roi, elle s'est réinventée pour oublier les incertitudes de sa naissance. Son existence tient tout à la fois du jeu de piste et de l'enquête policière. Avec elle, on corne les pages de certaines questions essentielles d'un siècle qui est aussi celui de la Révolution: l'identité et l'illégitimité, les sentiments et l'ambition, le libertinage et la morale, l'argent et le pouvoir, la place des enfants et l'invention de l'intimité, la puissance de la presse et la formation de l'opinion, la transparence et le secret, le rôle des femmes et la revanche des hommes.
La vie de Jeanne du Barry - son ascension foudroyante, sa fin tragique sur l'échafaud - est un roman. En chercheur d'archives inspiré, en historien accompli, en écrivain talentueux, Emmanuel de Waresquiel ne se contente pas d'en découvrir la part cachée, il en restitue toute l'intelligence et l'émotion. Ce livre est un magnifique portrait de femme. Il se lit comme un thriller.
Ce livre est une étude comparative, narrative et exploratoire des crises et des changements sélectifs survenus au cours de nombreuses décennies dans sept nations modernes : la Finlande, le Japon, le Chili, l'Indonésie, l'Allemagne, l'Australie et les États-Unis.
Les comparaisons historiques obligent, en effet, à poser des questions peu susceptibles de ressortir à l'étude d'un seul cas : pourquoi un certain type d'événement a-t-il produit un résultat singulier dans un pays et un très différent dans un autre ?
L'étude s'organise en trois paires de chapitres, chacune portant sur un type différent de crise nationale. La première paire concerne des crises dans deux pays (la Finlande en 1940 et le Japon des années 1850) qui ont éclaté lors d'un bouleversement soudain provoqué par un choc extérieur au pays. La deuxième paire concerne également des crises qui ont éclaté soudainement, mais en raison d'explosions internes (le Chili en 1973 et l'Indonésie en 1965). La dernière paire décrit des crises qui n'ont pas éclaté d'un coup, mais se sont déployées progressivement (en Allemagne après 1945 et en Australie dans les années 1970), notamment en raison de tensions déclenchées par la Seconde Guerre mondiale.
L'objectif exploratoire de Jared Diamond est de déterminer une douzaine de facteurs, hypothèses ou variables, destinés à être testés ultérieurement par des études quantitatives. Chemin faisant, la question est posée de savoir si les nations ont besoin de crises pour entreprendre de grands changements, et si les dirigeants produisent des effets décisifs sur l'histoire.
Tout en respectant la volonté première de ne pas discuter d'une actualité trop proche qui, faute de distance et perspective, rendrait le propos rapidement obsolète, un Après-propos, propre à l'édition française, esquisse, en l'état des données au printemps 2020, une réflexion sur la pandémie de la Covid-19.
"Au Docteur Grange,
Le dernier HOMME que j'aurai rencontré dans ma vie.
Je suis arrivé dans son hôpital déjà serein, mais peut-être encore troublé. Dès les premiers mots, il a su me rappeler les termes - ou plutôt le terme - de la condition humaine, avec assez de délicatesse pour que je retrouve immédiatement ma joie de vivre, si courte que l'on puisse en fixer l'échéance.
Obtenir des malades qu'ils meurent joyeux parce que confiants n'est pas donné à tout le monde. Demandez-lui le secret, il le possède."
Pierre Sanguinetti
Parmi les machines qui hantent nos vies quotidiennes, le tapis roulant est celle qui traverse le plus insidieusement tous les secteurs d'activité : des tapis mobiles sur chaîne d'assemblage aux tapis de caisse de la moindre supérette en passant par ceux dévolus à l'exercice corporel du fitness. Travail posté, rituel consumériste et souci hygiénique de soi : trois postures qui, chacune à sa manière, nous condamnent à l'éternel recommencement d'une marche forcée.
Cet essai veut en retracer la généalogie, plus sinueuse et méconnue qu'il n'y paraît. Sans s'attarder sur les " grues à tympan " de l'Antiquité romaine, on passe en revue bien des appareils oubliés - le " moulin disciplinaire " des prisons de l'ère victorienne, le " manège à plan incliné " des agriculteurs du XIXe siècle ou le " trottoir mouvant " de l'Exposition universelle de 1900 - avant d'aborder les usages plus récents de cet outil crucial du management fordien, de la consommation de masse et du test d'effort cardiovasculaire.
Au fil de cette enquête, toutes sortes de matériaux historiques sont mis à contribution : des brevets d'obscurs inventeurs aux running gags du cinéma muet.
Et, à l'arrivée, on retombe sur notre très contemporain tapis de course, cette figure terminale du mythe progressiste : de grands bonds en avant qui, la plupart du temps, ne nous ont avancés à rien.
Certains ouvrages ont enchanté des générations de lecteurs, transformé nos connaissances, posé les fondements d'un monde nouveau. D'autres au contraire se sont révélés odieux ou nocifs. Aux uns et aux autres sont consacrées des thèses et des études savantes. Il existe en revanche des livres dont on ne parle jamais, des livres « ordinaires », certes bien plus nombreux mais qui peu de temps après leur parution tombent dans l'oubli.
C'est sur l'un de ces livres discrets que se penche aujourd'hui Michel Pastoureau. À dire vrai, s'il est quelque peu oublié, il n'est pas totalement anodin puisqu'il s'agit de sa première publication, La Vie quotidienne au temps des chevaliers de la Table Ronde, parue chez Hachette, dans une collection célèbre, en 1976. Elle était consacrée à la légende arthurienne et à la société chevaleresque des XIIe et XIIIe siècles. Raconter aujourd'hui l'histoire de cet ouvrage de jeunesse est pour l'auteur l'occasion d'évoquer un certain nombre de souvenirs, de rendre une dernière visite au roi Arthur, et surtout de faire oeuvre historiographique. Que signifiait alors publier un premier livre ? Comment un jeune historien inconnu pouvait-il affronter les moeurs étranges de l'édition française ? Quel était alors le statut de la vulgarisation historique ? Et qu'est-elle devenue aujourd'hui ?
Le récit inédit de la femme qui sauva soixante mille oeuvres d'art pillées par les nazis. Cette femme a sauvé plus de soixante mille oeuvres au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Mais personne ne connaît son nom : Rose Valland.
Lorsque Goering débarque à Paris pour se servir parmi les collections spoliées aux Juifs, elle est là, qui espionne, fondue dans le décor, insoupçonnable. Elle voit et note tout. Les titres, les artistes, les propriétaires, les origines et les destinations. Au risque d'être fusillée ou déportée.
Elle poursuit sa mission de justice jusqu'à sa mort, mais son obsession du secret touche jusqu'à sa vie privée, jugée inavouable.
Pour résister, il faut savoir disparaître.
Le roman de sa vie lui redonne sa place dans l'Histoire.
" Une biographie ardente, qui a l'allure d'un roman d'aventures " Jérôme Garcin, L'Obs
"Voici donc, au jour le jour, trois années de cette vie singulière qui commença pour moi le 17 juin 1940, avec le refus du discours de Pétain puis l'embarquement à Bayonne sur le Léopold II. J'avais 19 ans. Après deux années de formation en Angleterre dans les Forces françaises libres du général de Gaulle, j'ai été parachuté à Montluçon le 25 juillet 1942. Destiné à être le radio de Georges Bidault, je fus choisi par Jean Moulin pour devenir son secrétaire. J'ai travaillé avec lui jusqu'à son arrestation, le 21 juin 1943. Ces années, je les raconte telles que je les ai vécues, dans l'ignorance du lendemain et la solitude de l'exil. J'ai choisi pour cela la forme d'un journal, qui oblige à déplier le temps et à fouiller dans les souvenirs. Les conversations que je relate ont pris spontanément la forme de dialogues. Qu'en penser après tant d'années ? J'ai trop critiqué les souvenirs des autres pour être dupe de mes certitudes : là où finissent les documents, commence le no man's land du passé, aux repères incertains. Mais s'il est dans la nature d'un témoignage d'être limité, il n'en est pas moins incomparable : instantané du passé, il permet de faire revivre les passions disparues. J'ai consacré beaucoup de temps et de soins à traquer la vérité elle seule donne un sens à une telle entreprise pour évoquer le parcours du jeune garçon d'extrême droite que j'étais, qui, sous l'étreinte des circonstances, devient un homme de gauche. La vérité est parfois atroce."
Daniel Cordier
Et si la fragilité de la vie et de la politique au XIXe siècle provenait du plâtre ?Alain Corbin met à nu les effets des matériaux sur nos modes de pensée, et nous rappelle que l'histoire de l'humanité s'est toujours construite autour de matières : pierre, bronze, fer, marbre...
Après la Révolution, le plâtre servait à tout : bâtir, consolider, mouler, décorer... Support facile à manier, peu coûteux, il est omniprésent, du masque mortuaire de l'empereur Napoléon Ier jusqu'aux bibelots d'intérieur. Le plâtre est roi !
Un roi fragile. Le plâtre se brise en mille morceaux. Il signe l'entrée dans le règne de l'éphémère et les femmes, les hommes de ce temps peinent à s'ancrer dans la durée. En quelques décennies pas moins de sept régimes politiques se succèdent.
Après 1860, l'âge du plâtre s'estompe ; vient le temps de la poutrelle métallique, du béton, puis du plastique.
Dans ce livre, Alain Corbin réinvente l'âge du plâtre.
L'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022 a été un choc pour le monde entier. Pourquoi Poutine a-t-il déclenché cette guerre ? Et pourquoi cela paraissait-il inimaginable auparavant ? Les Ukrainiens ont résisté à une armée supérieure à la leur ; l'Occident s'est uni, tandis que la Russie a accru son isolement international.
Serhii Plokhy, éminent historien de l'Ukraine et de la guerre froide, offre une analyse incomparable de ce conflit, de ses origines, de son déroulement et de ses conséquences probables et déjà apparentes.
Les racines de cet affrontement s'enfoncent au plus lointain de l'effondrement impérial et des tensions post-soviétiques des XIXe et XXe siècles. Dressant un large tableau du contexte historique et culturel de l'Ukraine et de la Russie, Plokhy soutient que si cette nouvelle guerre froide n'était pas inévitable, elle était prévisible. L'Ukraine est restée au centre de l'idée que la Russie se fait d'elle-même, alors que les Ukrainiens ont suivi une voie radicalement différente.
Dans un nouvel environnement mondial marqué par la prolifération des armes nucléaires, la désintégration de l'ordre international post-guerre froide et une résurgence du nationalisme populiste, l'Ukraine est plus que jamais la ligne de fracture la plus sensible entre le monde de l'autoritarisme et l'Europe démocratique.
Pourquoi le 18 juin 1901 Picasso est-il « signalé comme anarchiste » à la Préfecture de police, quinze jours avant sa première exposition parisienne ? Pourquoi le 1er décembre 1914 près de sept cents peintures, dessins et autres oeuvres de sa période cubiste sont-ils séquestrés par le gouvernement français pour une période qui dure près de dix ans ? D'où vient l'absence presque totale de ses tableaux dans les collections publiques du pays jusqu'en 1947 ? Comment expliquer, enfin, que Picasso ne soit jamais devenu citoyen français ? Si l'oeuvre de l'artiste a suscité expositions, ouvrages et commentaires en progression exponentielle à la hauteur de son immense talent, la situation de Picasso « étranger » en France a paradoxalement été négligée. C'est cet angle inédit qui constitue l'objet de ce livre.
Pour l'éclairer, il faut exhumer des strates de documents ensevelis, retrouver des fonds d'archives inexploités, en rouvrir, un à un, tous les cartons, déplier chacune des enveloppes, déchiffrer les différentes écritures manuscrites. Alors tout s'organise autrement et le statut de l'artiste se révèle beaucoup plus complexe qu'on ne l'imaginait.
Un étranger nommé Picasso nous entraîne dans une enquête stupéfiante sur les pas de l'artiste surdoué, naviguant en grand stratège dans une France travaillée par ses propres tensions. On le voit imposer au monde son oeuvre magistrale, construire ses propres réseaux et devenir un puissant vecteur de modernisation du pays. Un modèle à contempler et peut-être à suivre.
Dans son récit haletant, Zweig accompagne l'archiduchesse d'Autriche de Schnbrunn jusqu'à la montée à l'échafaud en passant par une existence faite d'inconscience et de frivolité. L'auteur entrelace le destin individuel d'une reine et le cours de l'histoire au moment où la Révolution française rend caducs les principes sur lesquels reposait l'Ancien Régime et où fait irruption l'idée de souveraineté populaire. Avec la reine, c'est une époque synonyme d'incrédulité, de charlatanisme, de corruption et d'injustice qui meurt, sanctionnant la rupture entre deux modes de gouvernement des hommes. Observateur lucide et souvent cruel des êtres qui s'agitent sur la scène de l'histoire, Zweig, passé maître dans l'art des portraits et des tableaux contrastés, privilégie les lieux qui sont autant d'étapes dans la marche en avant d'un temps qui s'accélère, comme mu par d'irrésistibles forces élémentaires. Si l'on excepte le fidèle Fersen et les amies proches, il n'est que la haute figure de Marie-Thérèse, maternelle, perspicace donneuse de conseils, mais Cassandre impuissante, à bénéficier d'une aura positive, écho d'un monde définitivement perdu. « Caractère ordinaire », Marie-Antoinette fait preuve face aux humiliations que lui impose la Terreur d'une dignité exemplaire, celle, paradoxale, d'« une vaincue de l'histoire ».
C'est à la France, et à Paris, que la reine Elizabeth II a réservé, en 2014, ce qui devait être son avant-dernière visite d'État à l'étranger, à l'occasion des cérémonies marquant le 70ème anniversaire du Débarquement en Normandie. Partout, des Champs-Élysées aux plages de la Manche et du Calvados, la reine a été acclamée par les Français qui l'aiment et lui sont reconnaissants de sa fidélité à l'Hexagone. La France, dont elle parle parfaitement la langue et presque sans accent, est sans nul doute le pays hors du Commonwealth qu'elle préfère. Une histoire d'amour qui remonte loin, comme elle l'a souligné sous les ors du palais de l'Élysée, où François Hollande la recevait : " Je me rappelle le plaisir que j'ai eu à découvrir ce beau pays pour la première fois, et à cultiver à mon tour une grande affection pour le peuple français. "
Stéphane Bern
Pour la première fois, Stéphane Bern et Paris Match nous révèlent le lien si particulier, si cher qui unit la souveraine à notre pays. Ce livre richement illustré est un hommage à celle qui a su, au-delà des protocoles, nourrir une véritable complicité avec nos présidents et conquérir le coeur des Français par sa grâce et sa simplicité. À chaque déplacement, des visites à Versailles aux déjeuners au Grand Trianon, des réceptions à l'Opéra Garnier aux visites en Corse ou dans les haras normands, la reine a su apprécier les trésors culturels et gastronomiques français, témoignant ainsi de son attachement sincère à notre nation.
39 historiennes et historiens remontent à la source de nos préjugés
Les préjugés se définissent comme des opinions préconçues et mal fondées. La majorité d'entre eux stigmatisent des groupes humains : les peuples, les nations, les femmes, les gros, les roux, les riches, les pauvres, les artistes, les intellectuels... Ils expriment un sentiment de supériorité ou un complexe d'infériorité d'un groupe envers un autre. Rien ni personne n'est à l'abri de ces jugements, pas même les animaux, les couleurs, les aliments ou les arts.
Dans cette Histoire des préjugés, les historiennes et les historiens sont remontés à la source de plus de cinquante préjugés pour en expliquer la genèse, le contexte historique et surtout la permanence à travers les âges. Une leçon d'histoire et un antidote à la haine.
Comment l'humanité, qui était au sommet du progrès technique, a-t-elle pu se laisser happer par la barbarie totalitaire et finir par y sombrer ? Telle est la question de Condition de l'homme moderne. Cette faillite est la conséquence de l'oubli par l'homme moderne d'un monde de valeurs partagées et discutées en commun avecautrui, dès lors qu'il n'a plus envisagé les choses qu'au travers du prisme de leur utilité pour son bonheur privé. Indifférent aux autres, l'homme moderne ne forme plus avec eux qu'une foule d'individus sans lien véritable et sans défense contre la voracité des dictateurs et des leaders providentiels. Seule une « revalorisation de l'action »,nous dit Arendt, cette intervention consciente avec et en direction d'autrui, permettra à l'homme moderne d'échapper aux dangers qui pèsent toujours sur sa condition.
Paru une première fois en français en 1961, Condition de l'homme moderne est le premier texte de Hannah Arendt publié en France. Cette réédition est accompagnée de l'importante préface originale de Paul Ricoeur qui reste à ce jour une des meilleures introductions à la pensée d'Arendt. Dans son avant-propos inédit, Laure Adler montre comment le texte d'Arendt fut et reste visionnaire dans l'éclairage qu'il jette sur les urgences d'aujourd'hui.
" Ce ne serait pas trop de l'histoire du monde pour expliquer la France "
Jules Michelet, Introduction à l'histoire universelle (1831)
Voici une histoire de France, de toute la France, en très longue durée qui mène de la grotte Chauvet aux événements de 2015.
Une histoire qui ne s'embarrasse pas plus de la question des origines que de celle de l'identité, mais prend au large le destin d'un pays qui n'existe pas séparément du monde, même si parfois il prétend l'incarner tout entier. Une histoire qui n'abandonne pas pour autant la chronologie ni le plaisir du récit, puisque c'est par dates qu'elle s'organise et que chaque date est traitée comme une petite intrigue.
Réconciliant démarche critique et narration entraînante, l'ouvrage réunit, sous la direction de Patrick Boucheron, un collectif d'historiennes et d'historiens, tous attachés à rendre accessible un discours engagé et savant. Son enjeu est clair : il s'agit de prendre la mesure d'une histoire mondiale de la France, c'est-à-dire de raconter la même histoire – nul contre-récit ici – qui revisite tous les lieux de mémoire du récit national, mais pour la déplacer, la dépayser et l'élargir. En un mot : la rendre simplement plus intéressante !
Ce livre est joyeusement polyphonique. Espérons qu'un peu de cette joie saura faire front aux passions tristes du moment.
Directeur d'ouvrage : Patrick Boucheron est professeur au Collège de France.
Coordination : Nicolas Delalande est professeur associé au Centre d'histoire de Sciences Po ; Florian Mazel est professeur à l'université Rennes 2 ; Yann Potin est chargé d'études documentaires aux Archives nationales ; Pierre Singaravélou est professeur à l'université Paris I Panthéon-Sorbonne.
Rendu célèbre par ses récits de voyage et son humour, l'Américain Bill Bryson entreprend dans ce nouveau livre le plus extraordinaire des périples : surpris d'apprendre qu'on pourrait acheter tous les composants chimiques de notre organisme pour cinq dollars dans une quincaillerie, il décide d'explorer le corps humain et d'en percer les secrets.