Aimer passionnément le Moyen Âge, c'est embrasser mille ans d'histoire. C'est, dans ce temps long, traquer les images stéréotypées: chaos, violence débridée, rudesse des moeurs... Si les élites, nobles ou prélats, échappent parfois à ce sombre tableau, les petites gens en constituent la cible privilégiée.
Ce livre rassemble une vingtaine de textes écrits par l'une des plus éminentes spécialistes du Moyen Âge pour déconstruire pas à pas cette image qui alimente nos propres fantasmes. La réalité est autre. Les archives, en particulier judiciaires, permettent de décrire une société forte du respect de la tradition, ancrée dans un temps rituel, où hommes et femmes ont des rôles séparés quoique complémentaires. Leurs valeurs ne sont plus les nôtres. La vie n'y a pas de prix si l'honneur est blessé.
N'imaginons pas une société passive et écrasée par le poids des dominations. Elles sont certes nombreuses. Mais les petites gens des derniers siècles du Moyen Âge participent à la construction de l'État, manifestent leur opinion et, au sein du royaume de France, deviennent des sujets politiques.
Les vikings fascinent et laissent dans la mémoire collective des images fortes et contradictoires : pirates redoutables semant la terreur, navigateurs intrépides explorant des terres lointaines ou guerriers et commerçants en quête de richesses. Mais que sait-on réellement du mouvement viking et de ses dynamiques ? Quel monde naît de la rencontre des vikings avec les autres sociétés ?
Parfois présentés comme les précurseurs d'une globalisation, les vikings et leur histoire s'interprètent en termes de routes, de réseaux et de diaspora, et non plus seulement sous l'angle des invasions. Le temps des vikings fut une période de circulation des hommes, de migrations qui contribuèrent à façonner certaines régions de l'Europe, voire au-delà, des terres de l'Atlantique nord (Islande, Groenland) jusqu'en Russie ou aux mondes byzantin et islamique. Les objets, les idées, les in fluences artistiques et religieuses, les objets culturels au sens large circulent, s'échangent, s'adaptent. Les transferts culturels qui y sont associés et leurs manifestations forment le fil conducteur de ce livre.
La guerre et la violence restent au coeur des représentations associées aux vikings. Cependant, la confrontation n'était pas une fin en soi et elle laissait ouverte les voies à des compromis politiques et culturels. Les vikings rencontrèrent en effet des sociétés différentes, s'établirent au contact d'autres populations ou sur des terres vides d'habitants. Suivre ces expériences revient à s'interroger sur des situations « d'entre-deux », de cohabitation ou de rejet qui colorent le phénomène viking de manière singulière. La lecture de cet ouvrage novateur aidera ainsi à penser l'unité et la diversité des vikings.
Autour de Florian Mazel, les meilleurs spécialistes de la période médiévale nous offrent une ambitieuse synthèse qui propose, à la lumière des recherches les plus récentes, et en cheminant au fil d'une soixantaine de textes et d'une centaine d'images, un nouveau récit du Moyen Âge européen.
« Le Moyen Âge est une séquence de temps qui n'a pas d'âge, hors d'âge si l'on veut, et son altérité est profonde. Mais cette étrangeté, le dépaysement que l'on peut éprouver en ses allées, n'est ni sans charme ni sans intérêt. Le Moyen Âge représente en effet, par son altérité même, un extraordinaire lieu de vagabondage et un remarquable terrain d'exercice pour l'esprit critique, où réfléchir entre autres choses, à relative distance des passions contemporaines, aux relations entre public et privé, communauté et identité, hiérarchies et solidarités, rôle et statut, mémoire et histoire, violence et solidarité, droit et tradition, don et échange, imaginaire et identité, institution et pouvoir, croissance et environnement... Qui trouverait la chose inutile ? »
Florian Mazel
Florian Mazel est professeur à l'université de Rennes 2. Ses recherches sur l'aristocratie et l'Église l'ont imposé comme l'un des meilleurs historiens médiévistes français spécialistes de la société féodale. Il a publié en 2010 une magistrale synthèse Féodalités, 888-1180 (volume de « L'Histoire de France » dirigée par Joël Cornette aux éditions Belin) et en 2016 au Seuil L'Évêque et le territoire. L'invention médiévale de l'espace (Ve-XIIIe siècle). Il a par ailleurs participé, en tant que coordinateur, à L'Histoire mondiale de la France, dirigée par Patrick Boucheron (Seuil, 2017).
Du XIVe au XVIIe siècle, dans toute l'Europe, des femmes et des hommes accusés de sorcellerie ont raconté s'être rendus au sabbat : là, de nuit, en présence du diable, on se livrait à des orgies et à la profanation des rites chrétiens.
D'où vient le sabbat ? Les accusés se sont-ils laissé extorquer le récit que leurs juges attendaient d'eux ? Selon Carlo Ginzburg, pas toujours. Dans quelques cas, l'écart entre les questions des juges et les réponses des accusés laisse affleurer des éléments liés à un fond culturel plus enfoui. L'historien italien entreprend alors de recomposer les pièces dispersées de cette histoire nocturne.
L'enquête dessine à la fin du Moyen Âge la place du complot ourdi en son sein par les ennemis de la chrétienté et met au jour les traces d'une culture chamanique. Un programme ambitieux mais aussi une rigoureuse leçon d'historiographie.
Né du chaos européen du début du Moyen Âge, le chevalier monté et en armure a révolutionné la guerre et est très vite devenu une figure mythique dans l'histoire. Des conquérants normands de l'Angleterre aux croisés de la Terre sainte, du héros de la chanson de geste au preux du roman arthurien, des amateurs de tournoi aux chevaliers-troubadours, Le Chevalier dans l'Histoire, de la grande médiéviste Frances Gies, brosse un tableau remarquablement vivant et complet de la chevalerie, de sa naissance à son déclin. Le chevalier apparaît d'abord en Europe comme un mercenaire sans foi ni loi avant de devenir l'étendard de la chrétienté puis un soldat de métier au service des rois. Frances Gies nous fait partager sa vie quotidienne, faite de joutes et de batailles, de pillages et de rançons, mais aussi de dévotion et de pèlerinage, et souvent sanctionnée par l'errance et une mort précoce. Elle nous fait revivre l'aventure des héros du Moyen Âge qui ont joué un rôle historique, comme Bertrand du Guesclin, Bayard et Sir John Fastolf, qui inspira le Falstaff de Shakespeare, ou les grands maîtres des Ordres militaires qu'étaient les Templiers, les Hospitaliers et les chevaliers teutoniques.
Le Moyen Âge a mauvaise réputation. Ne dit-on pas « moyenâgeux » pour
qualifier une situation brutale ? Mal connu, on l'assimile à l'obscurantisme, la barbarie ou l'appauvrissement.
L'historien Martin Aurell prend la hallebarde pour voler au secours de ce pauvre Moyen Âge. Il démonte dix poncifs avec son érudition accessible. Le fanatisme, la haine des femmes, l'inculture, la violence... Il apparaît qu'à bien des aspects, le Moyen Âge n'a rien à envier à d'autres périodes, et qu'il est parfois plus moderne que notre XXIe siècle !
Godefroi de Bouillon, Saladin, Saint-Louis... Jérusalem, Jaffa, Chypre, Constantinople... Animé d'un véritable sens du récit, alternant portraits, combats, alliances et intrigues, René Grousset raconte avec érudition, clarté et précision les neuf croisades qui, pendant deux siècles, bouleversèrent l'histoire de l'Occident chrétien et de l'Islam, depuis la prédication d'Urbain II à Clermont, en novembre 1095, jusqu'à ce 28 mai 1291 où les troupes du sultan El Achraf Khalil prirent Saint-Jean d'Acre et signèrent la fin du royaume franc d'Orient. Un classique.
Des temps mérovingiens ne surnagent aujourd'hui que quelques images d'Épinal : le vase de Soissons, la culotte du bon roi Dagobert... Si rien ne prédisposait les rois des Francs à diriger un vaste territoire en Europe, il y eut pourtant une dynastie qui occupa le trône trois siècles durant, plus que toutes autres à l'exception des Capétiens. Comment les Mérovingiens parvinrent-ils à un tel succès ? Pour comprendre la création de cet empire informel et sa pérennité, Bruno Dumézil sollicite, à nouveau frais, l'ensemble de la documentation. De Childéric et son fils Clovis aux "rois fainéants", l'auteur montre que le monde mérovingien se maintint parce qu'il fut sans cesse agité de mouvements, que l'on peut considérer comme des crises ou comme des réformes, mais qui obligeaient de multiples acteurs à s'investir dans la vie du royaume : institutions, relations avec le roi, identités présentes ou passées, tout pouvait être discuté ou reformulé. Tel fut le monde de Théodebert le Grand, Brunehaut, Chilpéric Ier, Frédégonde et de leur famille, tel fut l'empire des Mérovingiens.
Les sociétés anciennes vivaient sous la menace de la précarité, du chômage, des crises et des épidémies ; mais elles vivaient aussi le retour des famines et les rues des villes envahies de mendiants criant à la rage de la faim. Comment les hommes ont-ils vécu ces misères en France au Moyen Âge et à la Renaissance ?
Pour mener l'enquête, Jean-Louis Roch traque, recense et décrypte leurs mots : les lieux communs, les proverbes, et l'expression des sentiments, comme la honte ou la pitié. Il explore, à côté des archives, la littérature et en particulier le théâtre à destination populaire, les farces et les Mystères. Ce faisant, il multiplie les points de vue sur ces gueux sans souci, sans six sous : le travail précaire, l'obsession de la faim et de la ruse, la fraude et la violence, les mille et une stratégies de survie et les rêves de festins plantureux et du pays de Cocagne. Il raconte l'ambivalence du rapport aux pauvres, qui font rire au théâtre et que l'on chasse dans la rue : « truand », « maraud », « bélître », « gueux » ; des termes à l'étymologie mystérieuse.
En détaillant le vocabulaire de la misère à la fin du Moyen Âge, c'est l'ensemble de l'imaginaire social des humbles et un pan entier de la culture populaire qui se découvrent chemin faisant. Les mots des pauvres témoignent d'une très ancienne conception magique du monde, qui allait s'effacer lors de son désenchantement. Cela valait la peine d'aller voir à la fois du côté de la langue et du côté de l'histoire.
En 1968, je reçus proposition d'écrire, pour la collection Trente journées qui ont fait la France, le livre consacré à l'un de ces jours mémorables, le 27 juillet 1214. Ce dimanche-là, dans la plaine de Bouvines, le roi de France Philippe Auguste avait affronté malgré lui la coalition redoutable de l'empereur Otton, du comte de Flandre Ferrand et du comte de Boulogne Renaud ; il était, grâce à Dieu, resté le soir maître du champ. L'empereur avait détalé ; les deux comtes rebelles étaient pris. Victoire, comme on l'a dit et répété, fondatrice : les assises de la monarchie française en furent décidément raffermies. Une bataille. Un événement. Ponctuel. Retentissant.
Quel intérêt, pour le grand historien des sociétés médiévales que fut Georges Duby, attaché aux profondeurs d'une histoire longue et lente, d'accepter de traiter un sujet aussi convenu dans une collection qui, de surcroît, incarnait un genre d'histoire si étranger à celui dont il était un illustre représentant ?
Renouveler de fond en comble l'approche de l'événement. Le subvertir de l'intérieur. Substituer au récit une anthropologie de la guerre au XIIIe siècle et amorcer une histoire du souvenir. Planter le drapeau de l'histoire nouvelle sur l'Annapurna de l'histoire la plus traditionnelle, écrit Pierre Nora, l'historien des lieux de mémoire, dans sa préface qui situe ce grand classique dans le mouvement de la production historique.
Au même titre que la prostitution, l'espionnage est souvent considéré comme l'un des «?plus vieux métiers du monde?». Il est vrai que l'on peut situer les premières utilisations d'espions entre les VIIIe et VIIe siècles avant notre ère. Au Moyen Âge, sujet de ce livre, pour collecter des renseignements, des acteurs s'imposent et des pratiques neuves sont mises en oeuvre afin de répondre à des besoins multiples : militaires bien sûr, mais aussi diplomatiques et politiques. Lors des croisades, par exemple, les espions sont commandités par les grands barons souhaitant connaître les intentions militaires ennemies. Dans un autre contexte, le roi de France Louis XI organise une pratique du renseignement à but politique et diplomatique?; il est alors au sommet d'une pyramide vers lequel remontent des rapports provenant d'une «?armée?» de l'ombre. Ce sont ces sujets, et bien d'autres, qui sont ici traités avec finesse dans une synthèse aussi accessible que documentée.
Deux soeurs pour deux rois.Au XIIIe siècle, deux soeurs issues de la prestigieuse lignée des comtes de Provence, Marguerite (1221-1295) et Éléonore (1223-1291), connaissent une destinée à laquelle rien ne les préparait. La première, en épousant Louis IX (Saint Louis) en 1234, devient reine de France, tandis que la seconde, s'unissant à Henri III d'Angleterre, monte sur le trône de la perfide Albion en 1236.
Arrivées au pouvoir en plein coeur de la " première guerre de Cent Ans " (1159-1259) qui oppose durablement les Plantagenêts et les Capétiens, ces femmes aujourd'hui largement - et injustement - oubliées marquent leur époque par leur courage et leur détermination. Si elles connaissent les batailles, les croisades et les révoltes, elles sont avant tout des faiseuses de paix. En effet, on l'ignore trop souvent, mais le traité de Paris (1259) qui met momentanément fin au conflit entre la France et l'Angleterre est initié par Marguerite et Éléonore qui font preuve d'un remarquable sens de la diplomatie tout au long de leur règne.
Par quels moyens ces deux soeurs réussissent-elles à faire plier l'ambitieux Henri III et l'inébranlable Louis IX ? Comment parviennent-elles à créer et maintenir un lien indéfectible, malgré la distance, les années et leurs multiples différences ? S'appuyant sur leurs correspondances (ayant reçu une excellente éducation, l'une et l'autre parlent et écrivent plusieurs langues), sur les récits et chroniques des témoins de l'époque (Jean de Joinville et Matthew Paris) et, enfin, sur d'importantes sources secondaires (synthèses et biographies), Sophie Brouquet fait la lumière sur deux vies, deux cours et deux règnes aussi passionnants qu'éclairants.
Traduit dans plus de vingt langues, ce livre est le bréviaire indispensable de qui veut se familiariser avec le Moyen Âge. Car, entre la légende noire d'un "âge des ténèbres" et la légende dorée d'une "belle époque" médiévale, il y a la réalité d'un monde de moines, de clercs, de guerriers, de paysans, d'artisans, de marchands ballottés entre violence et aspiration à la paix, foi et révolte, famine et expansion. Une société hantée par l'obsession de survivre et qui parvient à maîtriser l'espace et le temps, à défricher les forêts, à se rassembler autour des villages, des châteaux et des villes, à inventer la machine, l'horloge, l'Université, la nation. Ce monde dur et conquérant, c'est celui de l'enfance de l'Occident, un monde de « primitifs » qui transforment la terre en gardant les yeux tournés vers le ciel, qui introduisent la raison dans un univers symbolique, équilibrent la parole et l'écrit, inventent le purgatoire entre l'enfer et le paradis.
Les lieux communs ont la vie dure. Ainsi cette idée d'un Moyen Âge dualiste, qui aurait instauré une guerre entre le corps et l'âme : d'un côté, un corps coupable, source du péché ; de l'autre, une âme pure tournée vers Dieu.
Réfutant cette construction, Jérôme Baschet montre que le Moyen Âge chrétien a développé une pensée positive du lien entre l'âme et le corps, soucieuse de valoriser l'unité psychosomatique de la personne. Un tel modèle a permis de penser l'être humain mais aussi l'ordre social dont l'Église est alors l'institution dominante.
Décloisonnant sa réflexion et dépassant les limites du Moyen Âge, l'auteur s'attache aux différentes perceptions de la personne dans d'autres cultures, de la Chine impériale aux sociétés amérindiennes en passant par l'Afrique ou la Nouvelle-Guinée.
Un voyage comparatiste indispensable pour évaluer la singularité des conceptions occidentales de l'humain et mettre à distance l'idée moderne du moi.
Pourquoi parler aux simples ? Et a fortiori dans leur langue ? Le christianisme exigeait l'adhésion personnelle des individus. Il fallait donc parler à tous. C'est ce qu'ont tenté de faire les auteurs médiévaux qui, entre intérêt et moquerie, respect et mépris, ont ainsi donné naissance à la littérature en langue vulgaire.
Les " simples gens " au Moyen Âge ? Ils ne sont pas rien. Au contraire, on leur parle. Et dans leur langue ! Pourquoi ? Parce que le christianisme exige l'adhésion personnelle des individus. Parce qu'il faut donc s'adresser à tous. Et non pas en latin.
Les langues nouvelles existent à peine quand les conciles exhortent à y recourir pour prêcher au peuple. Mais qui sont les " simples gens " ? On voit en eux la figure du Christ, mais on les méprise, on les exploite, on s'en moque. Les auteurs et les prédicateurs sont déchirés entre le modèle de la grande rhétorique antique et la puissance qui émane de la simplicité biblique.
Parler aux simples, parler des simples, faire parler les simples : tout se mêle, les formes littéraires en jouent et s'en enrichissent. C'est cet univers méconnu que parcourt ici le grand historien Michel Zink.
Il rend aussi hommage à l'effort de vulgarisation que nous devons à
ce Moyen Âge si décrié. Et à son influence décisive sur notre langue,
notre littérature et notre civilisation.
Une synthèse brillante, accessible et vivante.
« Je suis historien. J'ai publié une biographie de Jacques de Molay en 2019. Elle fait à présent partie des travaux d'autorité sur les Templiers et leur dernier grand-maître. Et, pourtant, elle ne me suffit pas. Savons-nous toujours ce que sont les vies que nous, historiens, racontons ? L'énigme biographique survit inévitablement à l'écriture biographique. Ce constat est encore plus vrai lorsque la mort d'un personnage l'emporte sur sa vie, au point d'en conditionner le récit. C'est le cas de Jacques de Molay. Il me faut revenir à cette vie. Il me faut changer de méthode. Et faire parler les vivants et les morts. » Philippe Josserand
Sous la plume de Philippe Josserand, sept proches de Jacques de Molay, contemporains du dignitaire ou de nous, racontent, chacun leur tour, à travers lettres, dialogue et monologues, « leur » Molay. De ces témoignages d'une vie en polyphonie ressort une inédite orchestration biographique qui conserve à l'histoire, par la littérature, la recherche de la vérité comme fin première.
Au Moyen Âge, deux femmes parmi les plus féroces et les plus influentes ont marqué leur temps : Brunehaut et Frédégonde. L'une était reine d'Austrasie (actuelle Belgique, nord-est de la France et une partie de l'Allemagne), l'autre reine de Neustrie (nord-ouest de la France actuelle). À une époque où il était interdit aux femmes de posséder des biens ou d'hériter du trône, elles commandaient des grandes armées, négociaient avec les empereurs et les papes, développaient des politiques fiscales et construisaient des infrastructures. À leur mort, leur héritage a été délibérément oublié, déformé, voire ignoré. Pourquoi ?
À travers un récit épique, où la qualité d'écriture porte avec majesté un travail historique, Shelley Puhak répond à cette question et revient sur le parcours de deux femmes puissantes et... ennemies. Car pendant plus de quarante ans, Brunehaut et Frédégonde se sont affrontées dans des guerres civiles sans pitié.
Aujourd'hui, faire la lumière sur ces reines de l'âge des ténèbres invite à réfléchir au statut des femmes de pouvoir, au fil d'un récit palpitant.
« Quand l'Empereur dictait, il se promenait continuellement de long en large, tenant constamment la tête basse et les mains derrière le dos ; la tension des muscles frontaux était marquée, la bouche légèrement contractée. »
Dans les dernières années de sa vie, Napoléon a dicté ses mémoires. Ces textes ne doivent pas être confondus avec les souvenirs de ses compagnons d'exil dont le succès a parfois fait oublier le témoignage direct de l'Empereur sur sa propre carrière. Conscient du caractère exceptionnel de son destin, il ne voulait laisser à personne le soin de le raconter ou de l'interpréter. Et dans cette bataille pour la postérité, il a, comme de coutume, tout organisé, tout contrôlé, tout décidé. Pendant plus de cinq ans, il a été à la tête d'une véritable entreprise ou fabrique de l'histoire.
Soigneusement composés, relus et corrigés par Napoléon en personne, ces mémoires constituent, si l'on ose dire, le point de vue du principal acteur de l'épopée sur plusieurs étapes importantes de son parcours. On comprend mal, dès lors, que cet ensemble n'ait pas été réédité depuis plus de cent ans.
Les plus grands morceaux des Mémoires de Napoléon sont aujourd'hui reproposés au public en trois volumes, reprenant les textes les plus aboutis et complets : la première campagne d'Italie ; la campagne d'Egypte ; l'île d'Elbe et les Cent-Jours.
La version des textes choisie est celle qui a été établie par l'Empereur lui-même. S'il y donne évidemment sa vérité, s'il privilégie la cohérence de son parcours et se donne toujours le beau rôle, il ne modifie pas les faits, leur chronologie et leur déroulement. Quant à ses interprétations, elles ne peuvent être stigmatisées : pourquoi lui refuserait-on de donner son avis et sa version, alors qu'on l'accepte des autres témoins et, plus encore, des historiens de la période ?
Qu'est-ce que la féodalité ? est l'oeuvre maîtresse du grand historien François L. Ganshof. Depuis sa première édition, en 1944, il a été traduit dans le monde entier, devenant le classique de l'histoire médiévale. « L'irremplaçable mérite de ce petit livre dense, rempli de textes parfaitement commentés, est d'offrir à l'amateur le meilleur des guides, au spécialiste un instrument de référence d'une garantie éprouvée et d'une absolue loyauté.» Georges Duby, Annales, 1958 « Petit quant au volume, mais capital par ses résonances... La méthode adoptée a fait de Qu'est-ce que la féodalité ? le manuel (au sens noble) idéal pour les enseignants de tous étages soucieux de déconcerter le moins possible l'étudiant en l'introduisant au monde féodal, si étrange pour celui-ci.» E.-R. Labande, Cahiers de civilisation médiévale, 1980.
Ernst Kantorowicz scrute le "mystère de l'État", concentré dans la conception des Deux Corps du roi : le mystère de l'émergence, dans le cadre des monarchies de l'Occident chrétien, entre le Xe et le XVIIe siècle, au travers et au-delà de la personne physique du prince, de cette personne politique indépendante de lui bien qu'incarnée en lui, et destinée à vivre un jour sous le nom d'État. C'est l'alchimie théologico-politique qui a présidé à cette opération capitale que reconstitue l'ouvrage.
La transmutation de la figure royale a pour point de départ le modèle des deux natures du Christ. Elle a pour moteur la rivalité mimétique à la faveur de laquelle le pouvoir séculier s'affirme en face de l'Église en s'emparant de ses attributs de corps mystique. Avec une prodigieuse érudition, Ernst Kantorowicz éclaire les fondations métaphysiques de l'État moderne. Sa volonté de retracer une 'histoire totale' transparaît dans le regard que porte l'auteur sur la théorisation des Deux Corps du roi ; il associe aussi bien l'apport de l'économie, de la culture, que de l'interprétation sociale et psychologique. Le savoir le plus spécialisé est au service, ici, de l'exhumation d'un des pans les plus secrets et les plus décisifs du "miracle européen". Il fait de ce chef-d'oeuvre de l'histoire médiévale l'un des livres-clés de nos origines.
La France de l'an mil est celle des chevaliers et des miracles. Les seigneurs et les princes ont un peu éclipsé les rois, et il semble parfois que les saints, grands faiseurs de miracles, portent ombrage à Dieu lui-même. Les uns et les autres, violents et vindicatifs, s'opposent, nouent et dénouent des alliances, occupent enfin tout l'espace social. Mais leur idéologie et leurs ambitions sont-elles si divergentes ? Faut-il croire qu'à des chevaliers mal dégrossis et prompts à régler leurs querelles par l'épée, l'Église aurait appris peu à peu la civilisation des moeurs, la canalisation des pulsions, la paix et la charité ?
À lire les récits du temps, les chroniques et les hagiographies, ces histoires de batailles, de miracles, d'exorcismes et d'anathèmes qui forment tout l'horizon culturel des hommes de l'époque, il semble que les seigneurs et les saints aient en fait combattu côte à côte, pour assurer et maintenir leur domination sur la population paysanne. Si le système féodal a pu durer, c'est parce qu'il était chrétien et que la religion a prêté son concours à un ordre politique très peu respectueux des commandements divins.
Les deux grands recueils de miracles de l'an Mil, ceux de saint Benoît de Fleury et ceux de sainte Foy de Conques illustrent cette réalité. En dépit de traits communs, ils présentent de vraies différences : davantage de châtiments, de combats contre les démons dans le cas de saint Benoît, davantage d'aides et de faveurs aux chevaliers en difficulté, voire de jeux, dans le cas de sainte Foy.
Une histoire symbolique
du Moyen Âge occidental
Les procès intentés aux animaux, la mythologie du bois et des arbres, le bestiaire des fables, l'arrivée du jeu d'échecs en Europe, l'histoire et l'archéologie des couleurs, l'origine des armoiries et des drapeaux, l'iconographie de Judas, la légende du roi Arthur et celle d'Ivanhoé : tels sont quelques-uns des sujets traités par Michel Pastoureau dans cette " Histoire symbolique du Moyen Âge occidental ".
L'auteur, qui construit cette histoire depuis trois décennies, nous conduit ainsi sur des terrains documentaires variés : le lexique et les faits de langue, les textes littéraires et didactiques, les armoiries et les noms propres, les images et les œuvres d'art. Partout, Michel Pastoureau souligne avec force combien cette histoire symbolique des animaux et des végétaux, des couleurs et des images, des signes et des songes, loin de s'opposer à la réalité sociale, économique ou politique, en est une des composantes essentielles.
Pour l'historien, l'imaginaire fait toujours partie de la réalité.
Dernier ouvrage de l'un des plus grand historien du XXe siècle, Le Bourgeois de Paris au Moyen Âge revient sur les hommes - commerçants, boutiquiers, artisans, gens de finance, praticiens du droit, collaborateurs de l'administration royale, officiers de justices diverses, attachés aux institutions d'Église - qui, aux côtés du roi, ont fait de Paris la première ville d'Europe. Sous la plume de Jean Favier, détails pittoresques et anecdotes savoureuses émaillent le récit de la vie d'une population qui n'a pas sa pareille dans la France du Moyen Âge. Et à travers la question de la notabilité bourgeoise, il traverse l'ensemble de l'histoire médiévale de la cité parisienne. « Le Paris médiéval, de l'aube ou du soleil couchant, respire et s'active sous nos yeux. Et Jean Favier en est le guide ardent. » Télérama
Deux siècles durant, deux dynasties françaises, les Plantagenêts et les Valois, placées l'une à la tête de l'Angleterre, l'autre sur le trône des fleurs de lys, se sont livré une lutte à mort. Comment les rois de France, qui font figure de besogneux, tandis que leurs flamboyants adversaires récoltaient les lauriers de Crécy, Poitiers et Azincourt, ont-ils in fine remporté la victoire?? Ce n'est certes pas le seul effet du hasard ou de la Providence. Les Valois ont gagné, parce que, mieux que leurs adversaires, qui ne manquaient pourtant ni de volonté ni d'intelligence, ils ont su concevoir et mettre en oeuvre une stratégie globale, diplomatique et militaire, mais aussi politique, fiscale, sociale et idéologique. C'est ce que démontre avec brio Amable Sablon du Corail à travers le passionnant récit de cette confrontation totale, dont l'objet était tout autant la conquête des coeurs et des âmes que celle de territoires, de villes ou de forteresses.