Gagner ou perdre une guerre ne se fait pas par hasard ni par l'intervention des dieux ou des esprits. C'est une question de méthode et de stratégie. Ce livre guide le lecteur sur les cinq éléments à prendre en compte dans l'élaboration d'une stratégie : la cause morale ; les conditions temporelles ; les conditions géographiques ; le dirigeant ; l'organisation et la discipline.Influencé par le taoïsme et du Yi King (le Livre des Changements), L'Art de la guerre énonce que l'harmonie entre ces cinq éléments est une condition préalable au succès d'une campagne.Il montre comment la réflexion peut mener à la victoire, comment l'analyse des faiblesses de l'ennemi peut fonder une tactique, si l'on sait les exploiter, et même les aggraver ; il met l'accent sur la psychologie du combat et sur l'importance de la ruse et de la fuite.
En juillet 1846, Henry David Thoreau est emprisonné pour avoir refusé de payer un impôt à l'État américain, en signe d'opposition à l'esclavage et à la guerre contre le Mexique. Cette expérience sera à l'origine de cet essai paru en 1849 et qui fonde le concept de désobéissance civile. Ce texte influença Gandhi, Martin Luther King ou Nelson Mandela et il ne cesse d'inspirer philosophes et politiciens depuis plus de 150 ans.
Caroline de Gruyter a vécu à Vienne. Comme tant d'autres, elle y a été frappée par la persistance dans la société, dans les esprits et dans la culture autrichiennes, de l'ancien empire habsbourgeois, un siècle après sa disparition. Elle s'est interrogée sur les causes de celle-ci et sur ses conséquences - un chaos qui a saisi les pays d'Europe centrale et dont les traces sont encore visibles aujourd'hui. Ensemble multilingue et multinational entouré de puissances rivales ou ennemies, l'empire austro-hongrois ressemblait à l'Union européenne. En quoi celle-ci mérite-t-elle l'appellation d'empire ? Et quels facteurs pourraient la faire éclater ? L'auteur a développé ces réflexions entre le Brexit et la pandémie, mais la crise ukrainienne actuelle leur donne une résonance prophétique.
Pourquoi un peuple s'est-il livré à un seul homme en juin 1940 ? Comment cet homme est-il parvenu à s'emparer d'un navire sombrant au milieu de la tempête ? Pourquoi la faiblesse des hommes au pouvoir dans l'entre-deux-guerres lui a-t-elle été si propice ? Quelle France a pactisé avec l'Allemagne nazie ? De quoi Pétain est-il le nom ? Faut-il craindre son fantôme ?
Ces questions hantent la psyché collective française depuis 1945.
Dans une enquête inédite, le journaliste Philippe Collin interroge douze historiens, parmi les plus importants sur cette période, pour comprendre le rôle et la vie hors normes de Philippe Pétain.
Éric Alary, Stéphane Audoin-Rouzeau, Fabrice Bouthillon, Olivier Dard, Laurent Joly, Nicolas Offenstadt, Pascal Ory, Denis Peschanski, Yves Pourcher, Henry Rousso, Bénédicte Vergez-Chaignon, Annette Wieviorka.
Le phénomène du populisme n'a pas encore été véritablement pensé. C'est en effet surtout à caractériser sociologiquement les électeurs populistes que se sont attachés la plupart des livres sur le sujet ; ou à discuter ce dont il est le symptôme (le désenchantement démocratique, les inégalités galopantes, la constitution d'un monde des invisibles, etc.) ; ou encore à sonner le tocsin sur la menace qu'il représenterait.
Cet ouvrage propose de le comprendre en lui-même, comme une idéologie cohérente qui offre une vision puissante et attractive de la démocratie, de la société et de l'économie. S'il exprime une colère et un ressentiment, sa force tient au fait qu'il se présente comme la solution aux désordres du présent. Il est pour cela l'idéologie ascendante du xxie siècle, à l'heure où les mots hérités de la gauche semblent dorénavant résonner dans le vide.
L'auteur en présente une théorie documentée, en retrace l'histoire dans celle de la modernité démocratique et en développe une critique approfondie et argumentée. Il permet ainsi d'en finir avec les stigmatisations impuissantes et dessine les grandes lignes de ce que pourrait être une alternative mobilisatrice à ce populisme.
Pierre Rosanvallon est professeur au Collège de France. De L'Âge de l'autogestion (1976) au Bon Gouvernement (2015), il est l'auteur de nombreux ouvrages qui occupent une place majeure dans la théorie politique contemporaine et la réflexion sur la démocratie et la question
Aucun ouvrage n'avait jusqu'à présent réussi à restituer toute la profondeur et l'extension universelle des dynamiques indissociablement écologiques et anthropologiques qui se sont déployées au cours des dix millénaires ayant précédé notre ère, de l'émergence de l'agriculture à la formation des premiers centres urbains, puis des premiers États.
C'est ce tour de force que réalise avec un brio extraordinaire
Homo domesticus. Servi par une érudition étourdissante, une plume agile et un sens aigu de la formule, ce livre démonte implacablement le grand récit de la naissance de l'État antique comme étape cruciale de la " civilisation " humaine.
Ce faisant, il nous offre une véritable écologie politique des formes primitives d'aménagement du territoire, de l'" auto-domestication " paradoxale de l'animal humain, des dynamiques démographiques et épidémiologiques de la sédentarisation et des logiques de la servitude et de la guerre dans le monde antique.
Cette fresque omnivore et iconoclaste révolutionne nos connaissances sur l'évolution de l'humanité et sur ce que Rousseau appelait " l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes ".
Quel est le plus important : avoir des droits ou des devoirs ? Chef-d'oeuvre de la pensée politique, L'Enracinement est un livre engagé sur le patriotisme, les déracinements et notre besoin vital d'appartenances, mais aussi - et surtout - de vérité. Il peut se lire comme un "manuel de citoyenneté" qui prône une société où l'épanouissement de chacun est la norme, où des principes moraux nous guident, et où l'argent et la technique ne font plus la loi.
Qu'est-il arrivé à la France ? Pourquoi son décrochage, sa dépression ? Allons-nous basculer dans le chaos ? Comment le comprendre, comment le prévenir ? Convoquant les puissances de l'imaginaire, l'influent politologue et spécialiste de l'opinion Stéphane Rozès livre, comme jamais, son diagnostic sur l'état du pays.
Aiguillonné par son confrère Arnaud Benedetti, il procède à un tour d'horizon complet des génies des civilisations et des imaginaires des peuples, frappés de plein fouet par une globalisation néolibérale qui porte en elle la menace d'une régression décivilisatrice.
Témoin de la vie publique, Stéphane Rozès en appelle à l'histoire longue mais aussi à ses expériences de sondeur des mentalités et de conseiller des gouvernants, livrant ici leurs confidences et leurs confessions. Il formalise, surtout, une grille de lecture " imaginariste " globale, seule capable de saisir pleinement le réel et d'offrir les clés pour répondre aux défis auxquels nous ferons face demain. Plus que jamais, s'ils veulent éviter le chaos et s'approprier à nouveau le cours des choses, les peuples devront lutter pour redevenir maîtres de leur destin.
Un essai lucide, lumineux, implacable.
« Tout est politique », « La politique est partout »... Mais comment s'y retrouver quand les repères nous semblent brouillés ? Politikon nous propose de revenir à la base avec cette petite histoire des idéologies politiques modernes occidentales - synthétique et accessible à tous les lecteurs désireux d'affermir leurs connaissances. L'auteur retrace les grands moments théoriques du libéralisme, du socialisme jusqu'aux pensées récentes du féminisme ou de l'écologie politique, en passant par le nationalisme et les doctrines autoritaires. En évoquant les grandes figures de ces courants et les contextes historiques et sociaux de leur émergence, il montre d'où viennent les représentations et les imaginaires politiques qui nous poussent à adopter tel ou tel point de vue sur la société, sur ce qu'il faudrait faire ou ne pas faire. Karim Piriou prend le maximum de recul pour placer des points de repères théoriques et déjouer les pièges de la communication politique qui entretiennent la confusion - comme les différents usages du clivage gauche/droite ou de la notion de populisme. Il rappelle ainsi qu'en politique les mots sont souvent utilisés comme des armes, et qu'il est nécessaire de les désamorcer pour mieux en restituer le sens et les enjeux. Diplômé de philosophie à l'université de Rennes-I, Karim Piriou est professeur-documentaliste. Dans Politikon, son premier livre, il prolonge le travail entamé sur sa chaîne YouTube, en se concentrant sur l'histoire des idéologies politiques modernes occidentales.
Ce 24 février 2022 l'Ukraine fait irruption dans la conscience occidentale. L'invasion de son territoire par les troupes russes suscite une résistance héroïque qui force le respect. Mais le philosophe de Kiev Constantin Sigov nous alerte : c'est le sort de l'Europe qui est en jeu !
Le 24 février 2022, l'Ukraine fait irruption dans la conscience occidentale. Elle dit non à l'invasion décrétée par Vladimir Poutine. Elle lui oppose une résistance héroïque. À travers le monde, sa lutte et son courage forcent le respect. Or, nous alerte Constantin Sigov, c'est le sort même de l'Europe qui est en jeu dans ce conflit.
Cette guerre innommable, qui nous mobilise tous, découle de l'abyssale tragédie qui, au xxe siècle, a soumis les peuples de l'Est au joug du totalitarisme soviétique. Elle signe le retour du système criminel dont le maître actuel du Kremlin s'est employé à refouler la mémoire comme la critique, et qu'il veut réinstaurer.
Voici, courant sur toute la dernière décennie, depuis la révolution de Maïdan, en passant par l'annexion de la Crimée et la guerre du Donbass, la grande chronique de ce passé délétère, qu'un philosophe lucide offre aux Européens. S'y croisent l'ouverture de l'Ukraine et l'enfermement de la Russie. Un choc qui nous place entre quête de l'humanité et diktat de la cruauté, entre vérité et mensonge.
Aujourd'hui, les Ukrainiens meurent afin de dire non à l'asservissement des consciences. Pour la dignité. Pour la leur et pour la nôtre.
Un vibrant appel à la clairvoyance et au courage afin que triomphe l'esprit européen.
Ce nouvel essai d'Alain Deneault poursuit les réflexions entamées dans La médiocratie quant aux effets délétères qu'ont la technocratie capitaliste et l'individualisme sur le débat public. L'auteur nous invite à rompre avec la dynamique des querelles identitaires où chacun se rapporte à sa conscience comme à un bâton dont on se sert pour frapper autrui. Il déplore la dégradation en clichés de catégories pourtant importantes - privilège, racisme systémique, censure, fascisme - tout en portant un regard critique sur une droite conservatrice qui défend bec et ongles la liberté d'expression pour les seuls discours qui lui conviennent.
S'interrogeant sur la difficulté de concevoir l'émancipation là où dominent les usages opportunistes de la parole, il rappelle l'importance des enjeux sur lesquels portent ces débats : le commun, l'égalité, la culture, la critique du capital et la suite du monde.
L'auteur du Bref Été de l'anarchie et de La Grande Migration retrace dans cet essai l'histoire des terroristes russes qui, de 1862 à 1917, inlassablement, ont sacrifié leur vie pour renverser le régime tsariste. C'est peu dire que ces personnages sont romanesques ou hors du commun : ils se sont volontairement situés, par l'absolu de leur révolte, hors de l'humanité, poussant à son extrême le mépris de soi, des autres et de la vie en général. Mépris qui culmine dans les figures de Netchaiev ou Asev, qui organisèrent des dizaines d'attentats terroristes et travaillaient en même temps pour la police secrète du tsar.
Hans Magnus Enzensberger est né en 1929 à Kaufbeuren en Bavière. Docteur en philosophie et éminent représentant de la poésie allemande contemporaine, H. M. Enzensberger est aussi romancier, traducteur, journaliste et essayiste. Analyste critique des médias, il s'est notamment illustré par ses études consacrées aux liens qui unissent violence et politique.
« Nous voici retournés au coeur des contradictions qui rendent cette histoire décisive. Parce que les Grecs se sont posé les questions que nous n'avons cessé de retrouver depuis. Parce qu'ils ont consigné avec une clarté sans pareille les différentes réponses possibles. Qu'ils ont analysé avec minutie les tenants et aboutissants des cas de conscience dont seraient tissés pour toujours nos débats politiques. Ils ont eu le génie de donner aux événements de leur histoire une portée universelle en dégageant ce qui relève, dans leurs causes, des permanences de la nature humaine ; ce qui tient, dans leurs conséquences, des lois de la politique. »
Parcourant le Ve siècle grec, des origines des guerres médiques à la fin de la guerre du Péloponnèse, Michel De Jaeghere ne se contente pas ici de faire le récit frémissant de cet apogée de la civilisation hellénique. Il a suivi à la trace les débats, les dilemmes, les conflits inhérents à la naissance du patriotisme, de sa dilatation dans le panhellénisme à sa caricature en volonté de puissance, et de l'échec tragique auquel la tentation de l'impérialisme avait conduit Athènes, aux crises de sa démocratie. Fidèle à la méthode inaugurée dans son Cabinet des antiques (Les Belles Lettres), il prend appui sur Hérodote, Thucydide, Isocrate, Platon, quelques autres, pour faire dialoguer les textes antiques avec notre propre histoire et tenter de dégager, dans l'expérience des Grecs, ce qu'ils ont à nous dire d'essentiel, de vital sur nous-mêmes. L'histoire du grand siècle d'Athènes en sort comme rajeunie.
Paris, avril 1850. Un jeune homme fait paraître ce qui peut être considéré comme le premier manifeste anarchiste de l'histoire. Publié dans le premier numéro de L'Anarchie. Journal de l'ordre, ce Manifeste constitue un virulent plaidoyer contre la farce électorale, la fourberie des partis politiques, ainsi qu'un vibrant appel à l'abstention généralisée.
On sait peu de choses du singulier personnage que fut Anselme Bellegarrigue (1813-1869), sinon qu'il a été l'un des observateurs les plus lucides des lendemains de la révolution de 1848 et qu'il a su voir que les pouvoirs du peuple risquaient d'être accaparés par ses représentants.
Mais ce qui caractérise Bellegarrigue et le rend si actuel, c'est sans l'ombre d'un doute sa défense acharnée de la liberté.
" Nous nous trouvons à un carrefour. Plus nous banaliserons les états d'urgence démocratiques, plus nous assimilerons la liberté à la consommation, plus nous trouverons confortable l'état de léthargie civique engendré par la gestion gouvernementale des risques sociaux (sanitaires, financiers, sécuritaires, climatiques...), plus l'émancipation s'effacera. " F. Tarragoni
Aujourd'hui comme avant, l'émancipation suscite chez certains la méfiance. Le réflexe est bien connu : que ce soit dans le domaine du politique, de la famille, de la sexualité ou du travail, les processus d'émancipation conduisent, depuis l'avènement des sociétés modernes, à rompre avec un ordre, avec une tradition pourvoyeuse de sécurités et de confort, et à les remplacer par un saut dans l'incertain). Mais, notre actualité se singularise sur un point : à ce discours anti-émancipation s'en conjugue désormais un autre, qui vise au contraire à s'emparer du mot pour le détourner de son sens originaire. C'est ainsi que l'émancipation est devenue l'un des maîtres-mots des programmes de réformes néolibérales, que l'on trouve derrière l'éloge des émancipés de la
start-up Nation, la nécessité pour chacun de " se prendre en main ", de devenir l'entrepreneur de sa vie, de se responsabiliser face à ses échecs et d'assumer les risques de ses choix. Le danger existe donc que l'émancipation devienne le maître-mot du retournement de la démocratie contre elle-même, la clef-de-voûte de la novlangue exprimant la volonté de gouverner sans le peuple.
Dans cet essai brillant, le sociologue Federico Tarragoni, après être revenu aux origines latines du mot (l'
emancipatio du mineur et de l'esclave) et à ses évolutions sémantiques (émanciper/s'émanciper) au cours des XVIIIe et XIXe siècles en particulier, tente d'arracher l'émancipation à l'oubli et au dévoiement, afin que le mot demeure la quintessence de l'humanité, qu'il continue à désigner ses aspirations vers un monde meilleur.
Qu'est-ce que l'anarchisme ? Ce livre répond à cette question en 10 chapitres courts et concis qui s'intéressent à toutes les facettes de l'anarchisme, pour en comprendre les fondements et les aspirations. Tous les thèmes importants y sont abordés : la religion, le féminisme, le projet économique, l'approche écologiste, les stratégies d'action, etc. En fin d'ouvrage, on trouvera également une galerie de portraits des figures emblématiques du mouvement anarchiste, d'Emma Goldman ou Bakounine à Emile Pouget, Nestor Makhno ou Voltairine de Cleyre.
Ce petit livre de vulgarisation, facile d'accès et à petit prix, donne des outils pour mieux appréhender des notions comme la lutte des classes, l'autogestion, l'anarcho-syndicalisme, qui sont les bases essentielles du mouvement anarchiste.
Alors que les inégalités sociales (notamment face à l'école) ont été aggravées ces vingt dernières années par les crises économiques, pourquoi continue-t-on de croire au mérite ? " Yes, we can ! ", " Qui veut, peut ", " premiers de cordées "... Défendu autant par les partis progressistes que conservateurs, peu de notions font l'objet d'un consensus politique aussi complet que le mérite. Il est ainsi investi comme un principe " juste " de distribution des ressources rares. De la même façon, l'école s'est imposée dans de nombreuses sociétés comme l'espace de construction de l'émancipation des individus par le mérite par excellence. Pourtant qui définit le mérite aujourd'hui, et surtout comment le définit-on ?
Cet essai incarné et sensible vise, à partir de l'apport d'études récentes en sciences sociales, à réhabiliter les luttes (ordinaires ou politiques) qui structurent les usages de la rhétorique méritocratique comme principe de justice. Car loin d'être univoque, le mérite fait l'objet d'une reconfiguration perpétuelle, autant dans l'espace public, que dans nos relations ordinaires aux institutions. De la même manière, à rebours d'une lecture qui ferait du mérite un principe abstrait de la justice sociale hérité de la Révolution française, la sociologue Annabelle Allouch propose de comprendre le mérite comme une morale sensible de la reconnaissance qui structure notre quotidien, ce qui permet de comprendre notre attachement à cette notion, malgré les critiques dont elle fait l'objet. Pour ce faire, elle mobilise avec talent un ensemble de saynètes tirées de l'actualité ou bien ses propres enquêtes autour de la sociologie du concours et des effets de la discrimination positive dans l'accès à l'enseignement supérieur.
Emmanuel Macron avait invité les chômeurs à « traverser la rue » pour trouver un travail. Il définissait alors l'individu comme un acteur non seulement solitaire mais aussi rationnel et calculateur, tout à fait informé des conséquences de ses actes. Or cet individu n'existe pas, personne n'est le coach de soi-même et la nation n'est pas une « start up », sinon dans ce certain discours managérial et comptable qu'Emmanuel Macron a repris à son compte et qui le rend dupe du mirage d'un « nouveau monde ».
Car le sujet-citoyen n'est pas celui qui se montre « capable » seul, mais celui qui, avec d'autres, oeuvre à rendre possible telle ou telle option, pour chacun ; l'individu autonome n'est pas un bloc d'intérêts et de concurrence mais celui qui sait ce qui le relie aux autres. L'autonomie, la responsabilité ou la capacité sont des notions qui n'ont de sens que comprises comme porteuses d'une tension : elles relèvent la discordance entre une problématique de séparation (l'indépendance des individus) et d'intégration dans la communauté. Autrement dit, il existe un endettement réciproque entre l'homme et le social. C'est pourquoi, loin d'être anodin, ce propos sur les chômeurs ou celui sur le « pognon de dingue » trahissent, et engendrent, des lectures simplifiantes et univoques du monde social.
Devant un tel dévoiement, Myriam Revault d'Allonnes reprend à nouveaux frais ces notions fondamentales pour en montrer la profondeur, les paradoxes et la puissance. Dans la même veine que le travail qu'elle avait mené sur le sarkozysme dans L'homme compassionnel (2008), cette grande philosophe du politique donne, une fois de plus, une leçon de clarté et de rigueur sur un sujet d'actualité.
« Celui qui ne sait pas garder le secret, ses affaires péricliteront à coup sûr, même si elles avaient d'abord réussi, comme un bateau désemparé sur l'océan. »
Ce texte est le traité de politique par excellence de l'Inde ancienne. Son objet n'est pas de s'interroger sur la meilleure forme de gouvernement. Pour son auteur, la réponse à cette question est claire : le seul régime valable est la monarchie, le roi doit concentrer tous les pouvoirs et, sans un pouvoir fort, on tomberait dans la violence anarchique. Sur cette base, le texte est rédigé comme un manuel d'instruction princière : comment le souverain doit-il asseoir le pouvoir de l'État, comment doit-il réguler l'économie et comment doit-il se comporter en politique étrangère, avec ses alliés et ses ennemis ? Le titre sanskrit de cet ouvrage pourrait être traduit par « Traité du profit ».
La politique occupe en effet la place essentielle dans la « science du profit » qui constitue, dans l'Inde classique, l'un des trois grands objets de l'activité humaine, les deux autres étant le devoir et le plaisir. L'Arthashatra, après des siècles d'oubli, n'a été redécouvert qu'en 1905 par Rudrapatna Shamasastry alors que ce chercheur effectuait le catalogage des manuscrits (sur feuilles de palmier) de la Mysore Oriental Library. Ceci pose la question des manuscrits et de la transmission du savoir en Inde, dont l'histoire est bien différente de la tradition occidentale. Pour donner quelques éléments de compréhension de ce contexte, l'ouvrage est illustré par les photos de manuscrits, d'archives et d'archivistes indiens réalisées par Anthony Cerulli dans le cadre de son projet « Manuscriptistan », ainsi que d'une notice présentant la tradition ecdotique indienne.
Le 23 novembre 1932, quelques semaines avant l'accession de Hitler au pouvoir, le philosophe Carl Schmitt prononce un discours devant le patronat allemand. Sur fond de crise économique, son titre annonce le programme : " État fort et économie saine ".
Mobilisant des " moyens de puissance inouïs ", le nouvel État fort, promet-il, ne tolérera plus l'" émergence en son sein de forces subversives ". Ce pouvoir autoritaire musèlera les revendications sociales et verticalisera la présidence en arguant d'un " état d'urgence économique ".
Lorsqu'il lit ce texte de Schmitt, son adversaire de toujours, le juriste antifasciste Hermann Heller, ne saisit que trop bien de quoi il s'agit. Peu avant de prendre le chemin de l'exil (il mourra en Espagne l'année suivante), il laisse un court article qui compte parmi les plus clairvoyants de la période. Nous assistons là, analyse-t-il, à l'invention d'une nouvelle catégorie, un " libéralisme autoritaire ".
Ce recueil rassemble ces deux textes majeurs de la pensée politique, encore inédits en français, assortis d'une présentation qui éclaire les rapports méconnus entre Schmitt et les pères fondateurs du néolibéralisme.
Souvent confondu avec la démagogie, le populisme n'a pas bonne presse. De fait, si le mot renvoie à l'origine à un mouvement politico-social russe de la seconde moitié du XIXe siècle, qui s'était donné pour objectif de soulever la paysannerie contre le pouvoir tsariste, il désigne aujourd'hui, dans le débat, les discours et les doctrines qui en appellent au « peuple » comme s'il était un corps politique indifférencié et unifié. Le populiste ? Celui qui flatte les masses dans ses aspirations les moins louables. Or, les crises multiples que traversent nos démocraties libérales (mondialisation, crises économiques, crises migratoires, crise de la représentation) réactivent un spectre qu'on a cru disparu avec les idéologies du XXe siècle. Le populisme est-il une dérive inévitable de nos démocraties ? N'est-il pas aussi un phénomène à la charnière entre un monde qui naît et un monde qui meurt ? Et si le populisme était l'un des symptômes d'une maladie politique bien réelle, mais à laquelle il apporte les mauvais remèdes ? Pascal Perrineau tente de circonscrire un concept flou, fait le point sur les études les plus récentes et montre quelles sont les formes nouvelles du populisme à l'heure des réseaux sociaux et des fake news.
La crise climatique et la question écologique occupent désormais le devant de la scène, mais la profondeur des questionnements nécessaires, sur nos façons de produire, de travailler, de consommer et de nous épanouir, manque souvent à ce brouhaha médiatique. Cette anthologie, la première réunissant les principaux textes d'un des plus grands penseurs de l'écologie et du capitalisme tardif, décédé en 2007, comble ce vide.
Elle offrira des repères et des perspectives solides pour les tempêtes en cours : pensée de l'autonomie et de la liberté prolongeant l'existentialisme, lecture critique des derniers avatars du capitalisme et de sa crise écosystémique. Pour Gorz, loin de mesures gestionnaires et technocratiques, l'écologie est d'emblée politique impliquant une critique radicale des formes de domination, tant par le travail que sur la nature ou via le consumérisme.
Textes rassemblés et présentés par Françoise Gollain et Willy Gianinazzi
Qu'est-ce que l'anarchie et que veulent les anarchistes ? Un humaniste curieux et désireux de comprendre interroge son fils, un militant anarchiste qui s'est penché sur le sujet.
Au fil de leur dialogue, les deux hommes remontent aux racines des notions d'anarchie et de démocratie. Ils évoquent certaines figures de l'anarchisme et les différents courants de ce mouvement révolutionnaire, tout en illustrant leurs propos d'exemples tirés du monde d'aujourd'hui. Ensemble, ils analysent la critique anarchiste des grands systèmes de domination - l'État, la religion, le patriarcat, le capitalisme et le racisme - et offrent ainsi une initiation vivante et originale à l'anarchie.
Le guide du citoyen connecté d'aujourd'hui et de demain : souveraineté numérique, digital business, surveillance digitale...
Et si renouveler son passeport était aussi facile que d'acheter sur Amazon ? Et si réserver et régler un séjour à l'hôpital était aussi simple que de commander un Uber ?
Par leur facilité d'utilisation, les nouveaux géants digitaux rendent obsolètes les vieux modèles bureaucratiques. Ils nous montrent que, dans le monde de demain, les données numériques seront une de nos propriétés les plus précieuses.
Les différents combats pour les protéger, les conquérir, les traiter et les utiliser vont se retrouver au coeur d'une nouvelle civilisation. C'est à celle-ci que nous introduisent les auteurs de Data démocratie dans un parcours qui intègre aussi bien l'impact de ces pratiques sur tous les aspects de notre vie (notre travail, notre santé, notre sécurité, nos loisirs, etc.) que les questions éthiques qui en découlent, ou encore les forces et les faiblesses des grands États (Chine, Etats-Unis, Russie, Inde, France...) face à cette mutation. Avec, en filigrane, un grande question : comment inventer un nouveau modèle de gouvernance qui respecte notre héritage démocratique tout en intégrant les progrès rendus possibles par le digital ?
Un ouvrage essentiel pour tous citoyens voulant se préparer au monde de demain - qui est déjà le nôtre -, et comprendre les enjeux éthiques et géopolitiques qui existent dans cette nouvelle dimension de l'activité humaine.