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La découverte
46 produits trouvés
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Beauté fatale ; les nouveaux visages d'une aliénation féminine
Mona Chollet
- La découverte
- Poche / Essais
- 23 April 2015
- 9782707186980
Soutiens-gorge rembourrés pour fillettes, obsession de la minceur, banalisation de la chirurgie esthétique, prescription insistante du port de la jupe comme symbole de libération : la " tyrannie du look " affirme aujourd'hui son emprise pour imposer la féminité la plus stéréotypée. Décortiquant presse féminine, discours publicitaires, blogs, séries télévisées, témoignages de mannequins et enquêtes sociologiques, Mona Chollet montre dans ce livre comment les industries du " complexe mode-beauté " travaillent à maintenir, sur un mode insidieux et séduisant, la logique sexiste au coeur de la sphère culturelle.
Sous le prétendu culte de la beauté prospère une haine de soi et de son corps, entretenue par le matraquage de normes inatteignables. Un processus d'auto-dévalorisation qui alimente une anxiété constante au sujet du physique en même temps qu'il condamne les femmes à ne pas savoir exister autrement que par la séduction, les enfermant dans un état de subordination permanente. En ce sens, la question du corps constitue bien la clé d'une avancée des droits des femmes sur tous les autres plans, de la lutte contre les violences à celle contre les inégalités au travail. -
Juif, français, de gauche... dans le désordre
Arié Alimi
- La découverte
- Cahiers libres
- 4 April 2024
- 9782348083754
Né à Sarcelles de parents sépharades exilés d'Algérie et de Tunisie, de culture et de langue françaises, attaché à Israël et à l'idée d'un " foyer juif ", humaniste engagé contre tous les racismes, je fais partie de cette génération qui a vu ses repères exploser. C'est l'échec des accords d'Oslo et la politique israélienne de plus en plus agressive à l'égard des Palestiniens qui ont profondément bouleversé la coexistence intérieure de ces identités. Comment dès lors articuler mon identité juive et mon identité de gauche, attachée à l'émancipation des peuples ? Comment être juif et français, attaché à une certaine conception de la république, fondée sur l'égalité ?
À ces complexités s'ajoutent la menace renouvelée de l'antisémitisme et la nécessité d'appréhender les causes de son surgissement, y compris lorsque ces haines émanent de celles et ceux qui se réclament, comme je le fais, de la gauche décoloniale, ou lorsque les antisémites d'hier affichent un philosémitisme de façade au détriment des musulmans, devenus l'ennemi commun d'une partie de la communauté juive et, plus largement, française.
Contre tous ces vents contraires, cet ouvrage a pour but de montrer la possibilité de réarticuler cet écheveau d'identités - juif attaché à Israël, de gauche à l'émancipation des peuples, français à l'égalité entre toutes et tous -, seul à même de lutter contre tous les racismes. -
La violence des riches ; chronique d'une immense casse sociale
Michel Pinçon, Monique Pinçon-Charlot
- La découverte
- Poche / Essais
- 4 September 2014
- 9782707185006
Sur fond de crise, la casse sociale bat son plein : vies jetables et existences sacrifiées. Mais les licenciements boursiers ne sont que les manifestations les plus visibles d'un phénomène dont il faut prendre toute la mesure : nous vivons une phase d'intensification multiforme de la violence sociale.
Mêlant enquêtes, portraits vécus et données chiffrées, les auteurs dressent le constat d'une grande agression sociale, d'un véritable pilonnage des classes populaires - un monde social fracassé, au bord de l'implosion.
Loin d'être l'oeuvre d'un " adversaire sans visage ", cette violence de classe a ses agents, ses stratégies et ses lieux. Les dirigeants politiques y ont une part écrasante de responsabilité. Les renoncements récents doivent ainsi être replacés dans la longue histoire des petites et grandes trahisons d'un socialisme de gouvernement qui a depuis longtemps choisi son camp.
À ceux qui taxent indistinctement de " populisme " toute opposition à ces politiques qui creusent la misère sociale et font grossir les grandes fortunes, les auteurs renvoient le compliment : il est grand temps de faire la critique du " bourgeoisisme ". -
La matrice de la race ; généalogie sexuelle et coloniale de la Nation française
Elsa Dorlin
- La découverte
- Poche / Sciences humaines et sociales
- 16 January 2014
- 9782707179128
La race a une histoire, qui renvoie à l'histoire de la différence sexuelle. Au XVIIe siècle, les discours médicaux conçoivent le corps des femmes comme un corps malade et l'affligent de mille maux : " suffocation de la matrice ", " hystérie ", " fureur utérine ", etc. Le sain et le malsain justifient efficacement l'inégalité des sexes et fonctionnent comme des catégories de pouvoir. Aux Amériques, les premiers naturalistes prennent alors modèle sur la différence sexuelle pour élaborer le concept de " race " : les Indiens Caraïbes ou les esclaves déportés seraient des populations au tempérament pathogène, efféminé et faible. Ce sont ces articulations entre genre, sexualité et race, et leur rôle central dans la formation de la Nation française qu'analyse Elsa Dorlin, au croisement de la philosophie politique, de l'histoire de la médecine et des études sur le genre. La Nation prend littéralement corps dans le modèle féminin de la " mère ", blanche et saine, opposée aux figures d'une féminité " dégénérée " - la sorcière, la vaporeuse, la vivandière hommasse, la nymphomane, la tribade et l'esclave africaine. Il apparaît ainsi que le sexe et la race participent d'une même matrice au moment où la Nation française s'engage dans l'esclavage et la colonisation.
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Suicides en série sur le lieu de travail, " épidémie " de troubles musculo-squelettiques, explosion des pathologies professionnelles... Le développement du mal-être au travail déconcerte les entreprises, l'État, les chercheurs et les experts. Et dans l'urgence se multiplient les fausses solutions qui risquent de virer au " despotisme compassionnel " sans rien résoudre sur le fond. C'est à ce paradoxe intenable que réagit Yves Clot dans cet essai vif et informé. Il rassemble les différentes pièces du puzzle social : discours officiels, analyses de cas, controverses scientifiques et récits. Il montre comment la négation des conflits autour de la qualité du travail au sein de l'entreprise menace le collectif et la vie des organisations.
En se mobilisant avec tous les acteurs concernés - dirigeants d'entreprise, syndicalistes et spécialistes -, celles et ceux qui sont en première ligne peuvent " retourner " la situation. Pour en finir, enfin, avec les " risques psychosociaux ". -
Les Africaines ; histoire des femmes d'Afrique noire du XIXe au XXe siècle
Catherine Coquery-vidrovitch
- La découverte
- Poche / Sciences humaines et sociales
- 8 April 2021
- 9782348066900
De la veille de la colonisation à nos jours, la condition féminine en Afrique subsaharienne a connu d'extraordinaires mutations, à des rythmes différents d'un point à l'autre du continent, du Sénégal à l'Afrique du Sud et du Kénya au Congo. Dans ce monde où modes de vie anciens et nouveaux se côtoient et se mêlent, la vie, le rôle et les activités des femmes offrent un éventail de situations extrêmement diversifiées. En un siècle, tout y a changé, à commencer par le déplacement, à un rythme accéléré, des femmes de la campagne vers les villes.De leurs tâches quotidiennes à leurs activités économiques, de leur éducation à leur sexualité, de leur influence sociale à leur rôle politique, de leur affectivité à leur créativité, tout contribue à faire des femmes africaines un des moteurs de leurs sociétés. Connaître leur histoire, c'est comprendre le rôle essentiel qu'elles ont joué dans l'histoire du continent, mais aussi, par l'espoir dont elles sont porteuses, les possibilités d'évolution des sociétés africaines.Publiée initialement en 1994, cette vaste fresque historique et sociale est signée de l'une des meilleures spécialistes de l'histoire du continent.
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Dans ce livre choc, fruit d'une enquête de deux ans en Amérique du Nord, en Asie et en Europe, l'auteure du Monde selon Monsanto montre que la cause principale de l'épidémie de cancers est d'origine environnementale et due aux quelque 100 000 molécules chimiques qui ont envahi notre environnement, et principalement notre alimentation, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Depuis les années 1980, on assiste dans les pays dits " développés " à une inquiétante évolution : augmentation du taux d'incidence du cancer de 40 % en trente ans (déduction faite du facteur de vieillissement de la population), progression des leucé-mies et des tumeurs cérébrales chez l'enfant d'environ 2 % par an, progression similaire pour les maladies neurologiques (Parkinson et Alzheimer) et auto-immunes, ou pour les dysfonctionnements de la reproduction. Comment expliquer cette épidémie ? C'est à cette question que répond Marie-Monique Robin dans ce livre choc, fruit d'une enquête de deux ans en Amérique du Nord, en Asie et en Europe. S'appuyant sur de nombreuses études scientifiques, mais aussi sur les témoignages de chercheurs et de représentants des agences de réglementation, elle montre que la cause principale de l'épidémie est due aux dizaines de milliers de molécules chimiques qui ont envahi notre quotidien et notre alimentation. Elle décortique le système d'évaluation et d'homologation des produits chimiques, à travers les exemples des pesticides, de l'aspartame ou du bisphénol A, et montre qu'il est totalement défaillant et inadapté. Surtout, elle raconte les pressions et les manipulations de l'industrie chimique pour maintenir sur le marché des produits hautement toxiques. -
Yoga, une histoire-monde ; de Bikram aux Beatles, du LSD à la quête de soi : le récit d'une conquête
Marie Kock
- La découverte
- Cahiers libres
- 14 March 2019
- 9782348043185
Sur les 300 millions de pratiquants que compte le yoga dans le monde, combien partagent la même expérience que d'authentiques ascètes hindous ? Façonnée pour séduire largement, la discipline s'est considérablement modifiée depuis son origine et constitue aujourd'hui un cas exemplaire de culture mondialisée. Marie Kock en propose une histoire méconnue, critique et vivante.
Pour évoquer l'enthousiasme qu'il suscite aujourd'hui, on parle de " boom ", de " phénomène ", de " déferlante ". Deux millions et demi d'individus pratiquent le yoga en France. Trois cents millions dans le monde. Je fais partie de cette masse en constante expansion.
Je suis journaliste et je fais du yoga depuis dix ans. Je l'enseigne depuis deux. À Paris, en Inde ou en Californie, je peux pratiquer un yoga qui me sera toujours familier, mélange de philosophie indienne, de postures parfois spectaculaires et de promesses de sérénité et de vie meilleure inspirées des techniques de développement personnel. Cet assemblage standard est présenté partout comme le yoga traditionnel, comme la survivance d'un art et d'une sagesse millénaires.
Pourtant, le yoga que nous pratiquons aujourd'hui est un yoga moderne, vieux d'une centaine d'années à peine, pensé pour répondre aux besoins de l'Occident et y être exporté. Par qui ? Par des gourous indiens qui y ont vu un moyen de revaloriser un savoir et une pratique qui périclitaient dans leur propre pays mais pouvaient être revêtus des atours de l'authenticité.
Opérations séduction à Hollywood, fascination pour les muscles et la pop culture, batailles théoriques autour du LSD, du nationalisme indien et de la relation à Dieu, guerriers en lutte contre l'oppression coloniale britannique, développement de franchises mondialisées et stars du showbiz converties en hommes-sandwichs, c'est cette histoire fascinante et méconnue de la conquête du monde par le yoga que j'ai voulu raconter ici. -
Manifeste pour le progrès social ; une meilleure société est possible
Marc Fleurbaey, Collectif
- La découverte
- Cahiers libres
- 10 January 2019
- 9782348042409
La situation apparaît chaque jour plus alarmante et il est frustrant de constater l'écart entre les possibilités considérables dont jouissent la plupart des sociétés du monde entier, et la piètre performance des institutions et des gouvernements. Ce manifeste montre qu'il est déjà possible de faire beaucoup mieux. Nous pouvons construire une société meilleure.
Déréglementation, crise économique, tensions sociales, déstabilisation démocratique, guerre : la période 1980-2030 va-t-elle rejouer le drame de 1890-1940, avec en outre la forte probabilité d'être suivie de cataclysmes environnementaux balayant tout sur leur passage dans la seconde moitié du siècle ?
La situation paraît chaque jour plus alarmante et il est intolérable de constater l'écart entre les possibilités considérables, inégalées dans le passé, dont jouissent la plupart des sociétés du monde entier, et la piètre performance des institutions et des gouvernements. Les échecs institutionnels et les problèmes de gouvernance sont partout, dans le secteur privé comme dans le secteur public. Or nous pouvons faire beaucoup mieux, nous pouvons construire une société meilleure.
S'appuyant sur le travail d'un panel mondial de chercheurs en sciences sociales, ce manifeste propose une vision fondée sur une nouvelle manière de penser et de réformer nos principaux piliers institutionnels : marchés, entreprises, politiques de protection sociale et mécanismes de délibération démocratique.
Il délivre un message d'espoir et un appel à l'action, à un moment où de nouvelles menaces pèsent sur l'avenir et où les idéologies du siècle passé ont été discréditées. Ni la perte des illusions ni l'essor du capitalisme ne devraient justifier la fin de la quête de justice sociale. -
Dès l'Antiquité, la réflexion sur le politique s'articule autour de celle du vivre-ensemble, cherchant à concilier la pluralité des valeurs et des cultures humaines. Depuis 20 ans, la question se pose désormais en termes de multiculturalisme, projet de reconnaissance équitable des différentes cultures dans l'espace public.
En tant que projet de reconnaissance et de réévaluation des processus de minorisation à l'oeuvre dans la société, le multiculturalisme a été soumis à de rudes critiques ces dernières années. Dans le contexte sécuritaire et répressif de l'après-11 Septembre, sa fin, voire sa mort furent annoncées, y compris par des gouvernements qui ne l'ont jamais expérimenté. Pourtant, les enjeux qu'il revêt demeurent toujours d'une grande actualité : comment vivre ensemble, comment " faire société " ? Faut-il araser ou consacrer les différences ? Comment penser l'altérité à l'aune des questions fondamentales d'égalité et de justice sociale ? Ce sont ces champs problématiques que l'ouvrage propose d'explorer au prisme de débats philosophiques, d'une étude historique de l'intégration et de la citoyenneté, de l'examen critique des politiques nationales, à l'intersection d'une valorisation proclamée de la diversité et du renouvellement des processus de racisation et d'exclusion sociale. -
La France noire ; présences et migrations des Afriques, des Amériques et de l'océan Indien en France
Collectif
- La découverte
- Cahiers libres
- 15 November 2012
- 9782707175649
Après le succès du beau livre événement de la rentrée 2011 et des trois documentaires associés, en voici la version " texte ", brochée et sans illustrations, amenée à devenir la référence au carrefour de la culture, de l'histoire et des mémoires croisées de trois siècles de présences des communautés noires en France.
Le long cheminement de l'histoire des populations afro-antillaises en France a longtemps été absent des représentations de l'histoire de France, dont il est pourtant partie intégrante. C'est dire l'importance de ce livre, retraçant pour la première fois la formidable aventure qui a vu évoluer le regard de la France sur les Afro-Antillais à travers les siècles. Reprenant l'ensemble des textes qui accompagnaient la première édition largement illustrée du beau livre publié sous le même titre en 2011, cet ouvrage événement constitue une référence majeure sur plus de trois siècles de présence des Noirs en France, issus d'Afrique subsaharienne, des Antilles, des Comores, de Madagascar, de la Réunion, de Nouvelle-Calédonie ou de Guyane. L'histoire de la France noire commence au XVIIe siècle, quelques décennies avant le terrible Code noir (1685), et traverse plus de trois siècles d'histoire de France : trois siècles de présences caribéennes, africaines, issues des États-Unis ou de l'océan Indien, dans l'Hexagone, trois siècles d'une histoire culturelle, politique et économique intense et méconnue. Rédigé par les meilleurs spécialistes français et internationaux, pour un regard transversal sur une histoire aux mille et un visages, ce livre montre comment ces présences ont contribué à bâtir ce pays et la République. C'est au creuset de ce récit que l'on peut comprendre les enjeux du présent. -
Les Narcisse ; ils ont pris le pouvoir
Marie-France Hirigoyen
- La découverte
- Cahiers libres
- 14 March 2019
- 9782348043192
Narcisses pathologiques mégalomanes, prêts à tout pour réussir, Narcisses vulnérables, hypersensibles à la critique, dissimulant leur désir de toute-puissance derrière une façade d'humilité, les Narcisses sont de tous les fronts et font recette. Pour s'en prémunir, il faut pouvoir les reconnaître : Marie-France Hirigoyen propose ici une grille de lecture explicite et salutaire.
Dans un monde toujours plus compétitif, les Narcisse ont pris le pouvoir. Notre société de performance et de consommation pousse les individus à se centrer toujours plus sur eux-mêmes, renforçant leurs traits narcissiques et sélectionnant les plus ostensibles pour les plus hauts postes. Comme Narcisse contemplant son reflet dans l'étang, de plus en plus de personnes, accros à leurs écrans et aux réseaux sociaux, n'existent que dans le regard de l'autre.
Face à cette narcissisation de notre société, certains peuvent avoir le sentiment de perdre leurs repères et leur identité. Ils souffrent d'une chute de l'estime de soi, se sentent méprisés par l'exercice abusif des pouvoirs. Le repli sur soi, les addictions, les comportements discriminatoires, le refus de l'autre deviennent alors leurs mécanismes de défense.
Partant de sa clinique, Marie-France Hirigoyen pointe la confusion entre le narcissisme sain, qui permet d'avoir suffisamment confiance en soi pour s'affirmer, et le narcissisme pathologique consistant à se mettre en avant aux dépens des autres. Elle invite à mieux comprendre ce qu'est cette pathologie afin d'en repérer les dérives et de contrer l'ascension des Narcisse tout-puissants. -
L'image a fait le tour des réseaux sociaux : un jeune homme joue et chante dans la rue, au milieu des décombres et des maisons éventrées de Yarmouk, une ville de réfugiés palestiniens proche de Damas. Figure iconique, celui que l'on surnomme désormais " le musicien des ruines " a pourtant dû se résoudre à prendre le chemin de l'exil, Daech ayant finalement brûlé son instrument.
Un jeune homme joue et chante au milieu des décombres et des maisons éventrées. La photo, prise à Yarmouk, ville de réfugiés palestiniens de la banlieue de Damas, a fait le tour du monde.
Ce musicien est devenu un symbole d'humanité face à la guerre. Après avoir enduré avec dignité les souffrances du conflit syrien, celui que l'on surnomme désormais le " pianiste des ruines " a finalement dû se résoudre à prendre le chemin de l'exil : en guise d'avertissement, Daech avait brûlé son piano... Partageant le sort de milliers d'autres, il a ainsi connu la séparation d'avec sa famille, la périlleuse traversée de la Méditerranée, l'éprouvante route des Balkans, puis l'arrivée en Allemagne.
Dans cette autobiographie bouleversante, Aeham Ahmad raconte son enfance de Palestinien en Syrie, son apprentissage de la musique au sein d'une famille talentueuse, jusqu'à la révolution de 2011, bientôt engloutie par la guerre. Un éclat d'obus le blesse à la main. Bravant la peur, il décide alors de jouer dans la rue, se laissant filmer pour témoigner de la résistance qui subsiste, obstinée, dans la ville assiégée. Car ce livre a une portée politique. Il dénonce la violence extrême, les exactions du régime d'Assad comme celles des djihadistes, mais il rappelle aussi la précarité du peuple syrien et le destin tragique de tous les réfugiés. Un requiem en hommage aux victimes et une ode à la musique. -
Surveillés, tracés, fichés, catalogués, et même autocontrôlés, chaque jour de plus en plus : comment en sommes-nous arrivés là ? Un document informé et révolté sur les mécanismes qui nous dépossèdent , avec notre pleine adhésion, de nos libertés individuelles.
" Attentifs ensemble ! " Ce message d'appel à la vigilance diffusé dans le métro parisien est l'un des plus emblématiques de l'ordre sécuritaire qui s'est lentement mis en place, en France et dans le monde, depuis la fin des années 1970, et qui s'est considérablement renforcé avec les attentats du 11 Septembre et la " guerre contre le terrorisme ". Le principal modus operandi de cet ordre sécuritaire consiste à nous impliquer en permanence dans la sécurisation de nos existences, tout en faisant de chacun de nous, selon une logique " proactive ", des coupables en puissance. Ainsi sommes-nous sommés de tout dévoiler, y compris les éléments les plus intimes de notre vie, et à mettre en berne notre liberté au nom de notre prétendue sécurité. Ce livre, fruit de nombreuses années de recherches, est une enquête sur les mécanismes et les institutions de cet ordre sécuritaire : les " marchands de contrôle " et les officines plus ou moins officieuses de conseils en sécurité ; les émissions de télévision et la presse dédiées à l'ordre policier ; les paravents éthiques et les garde-fous illusoires comme la CNIL - qui en sont à la fois les rentiers et les porte-parole, les pompiers et les pyromanes. Il offre aussi une plongée vertigineuse dans l'univers technologique qui lui sert de colonne vertébrale : les produits high-tech de la surveillance généralisée, nouvel eldorado du capitalisme policier... -
Nos corps, nos intelligences, les messages et les biens que nous échangeons sont affectés d'un mouvement de virtualisation rapide et généralisé. Cette évolution atteint même nos manières d'être ensemble : communautés virtuelles, entreprises virtuelles, démocratie virtuelle... Quoique l'interconnexion des ordinateurs de la planète (le cyberespace) joue un rôle crucial dans la transformation en cours, il s'agit d'une vague de fond qui déborde amplement l'informatisation. Faut-il craindre une déréalisation générale ? Sommes-nous sous la menace d'une apocalypse culturelle ? Ce livre défend une autre hypothèse : parmi les évolutions à l'oeuvre en ce tournant du troisième millénaire, et malgré leurs indéniables aspects sombres, s'exprime une poursuite de l'hominisation. Ni fulmination contre le présent, ni promotion d'un enthousiasme naïf devant les prouesses technologiques, ce livre explique ce qu'est la virtualisation et en quoi elle contribue à l'invention de l'humain. L'enjeu : comprendre la mutation contemporaine pour avoir une chance d'y devenir acteur.
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L'intelligence collective ; pour une anthropologie du cyberespace
Pierre Lévy
- La découverte
- Poche / Essais
- 21 November 2013
- 9782707172396
Pierre Lévy nous invite dans ce livre à ne plus penser en termes d'impact des techniques sur la société, mais de projet. Forme sociale inédite, le collectif intelligent peut inventer une " démocratie en temps réel ".
La magie des mondes virtuels est désormais à la portée du grand public: le nombre d'utilisateurs des réseaux mondiaux de communication informatisé augmente de 10% par mois. Le réseau Interne et le multimédia interactif annoncent une mutation dans les modes de communication et l'accès au savoir. Il émerge un nouveau milieu de communication, de pensée et de travail pour les sociétés humaines : le cyberespace. Comment notre culture en sera-t-elle affectée ? N'aboutirons-nous qu'à une super-télévision où renouvellerons-nous le lien social dans le sens d'une plus grande fraternité ? Pierre Lévy nous invite dans ce livre à ne plus penser en termes d'impact des techniques sur la société, mais de projet. Les nouveaux moyens de communication permettent aux groupes humains de mettre en commun leurs imaginations et leurs savoirs. Forme sociale inédite, le collectif intelligent peut inventer une " démocratie en temps réel ". L'auteur situe le projet de l'inintelligence collective dans une perspective anthropologique de longue durée. Après avoir été fondés sur le rapport au cosmos, puis sur l'appartenance aux territoires, et finalement sur l'insertion dans le processus économique, l'identité des personnes et le lien social pourraient bientôt s'épanouir dans l'échange des connaissances. -
Quand les femmes auront disparu ; l'élimination des femmes en Inde et en Asie
Bénédicte Manier
- La découverte
- Poche / Essais
- 27 February 2020
- 9782348057120
Cent millions de femmes de moins que d'hommes en Asie: ces " femmes manquantes " sont ces petites filles qui n'ont pas pu naître, celles tuées à la naissance ou qu'on a laissé mourir en bas âge. Une enquête de terrain saisissante.
Entre 1990 et 2005, l'Asie a vu le nombre de " femmes manquantes " passer de 100 millions à 163 millions : toutes ces absentes sont des petites filles qui n'ont pas pu naître, qui ont été tuées à la naissance ou qu'on a laissées mourir en bas âge. L'Asie rejette les filles au nom de préjugés liés à l'honneur, de croyances religieuses et de plus en plus, de calculs économiques qui font des garçons un investissement pour l'avenir et des filles une charge. En Inde, par exemple, la dot nécessaire à leur mariage en fait un insupportable fardeau financier. Echographie et avortement sont donc utilisés à grande échelle pour se débarrasser des foetus féminins, tandis qu'infanticides et abandons de bébés filles sont loin d'avoir disparu. Fruit d'une longue enquête de terrain, ce livre rend compte de cette impressionnante réalité. Bénédicte Manier relate l'élimination organisée des petites filles et ses répercussions, en particulier en Inde : femmes obligées d'avorter, célibataires ne trouvant plus d'épouses, fiancées vendues et " partagées " entre plusieurs hommes... Cette nouvelle édition, enrichie d'une postface dévoilant les données les plus récentes, décrit l'émergence en Asie d'une génération de plusieurs dizaines de millions d'hommes seuls. Et ce déficit de femmes, inédit dans l'histoire de l'humanité, aura des conséquences sociales difficiles à imaginer... -
Les ouvrières de l'après-68 n'ont plus grand-chose de commun avec leurs mères : elles ne sont ni fatalistes ni soumises. Et, de fait, grâce à leurs combats, de nouvelles lois ont révolutionné le travail et, plus largement, la société. Fanny Gallot a recueilli les témoignages précis des femmes engagées dans cette lente et profonde révolution. Des histoires surprenantes et émouvantes, en particulier celles des ouvrières de Chantelle et Moulinex dont les luttes ont marqué l'actualité.
Alors que depuis la fin des années 1990, le monde ouvrier revient sur le devant de la scène avec des luttes de plus en plus dures (occupations, séquestrations, grèves de la faim, menaces de faire " sauter l'usine ", etc.), le rôle joué par les femmes a été passé sous silence. À la différence des hommes, elles ont souvent effectué leur carrière entière dans la même usine et subissent de plein fouet l'épreuve des restructurations ou de la liquidation pure et simple.
Qui sont ces femmes décidées à " en découdre " ? Ayant commencé à travailler après 1968, elles n'ont plus grand-chose de commun avec leurs mères : elles ne sont ni fatalistes ni résignées. Grâce à leurs combats, de nouvelles lois ont révolutionné le travail et, plus largement, la société. Elles ont obtenu d'être reconnues comme des salariée à part entière, et non pas comme des subalternes devant se contenter d'un salaire d'appoint. Elles ont mis en cause le pouvoir des petits chefs disposant d'un quasi-droit de cuissage. Elles ont donné sa dignité au travail en usine jusqu'alors considéré comme dégradant pour une femme. Elles ont changé le fonctionnement syndical en refusant de tout déléguer aux hommes. Les syndicats ont été obligés de prendre en charge des questions comme la contraception, l'avortement ou le partage des tâches familiales.
Fanny Gallot s'est appuyée, entre autres, sur les témoignages précis des femmes engagées dans cette lente et profonde révolution. Elle raconte leurs histoires surprenantes et émouvantes, comme celles des ouvrières de Chantelle et Moulinex dont les luttes ont marqué l'actualité. -
L'ecole du soupcon les derives de la lutte contre la pedophilie
Marie-monique Robin
- La découverte
- Cahiers libres
- 28 November 2013
- 9782707178640
Après avoir toujours nié l'existence d'abuseurs sexuels dans ses rangs, l'Éducation nationale a opéré une volte-face au milieu des années 1990 : la pédophilie a enfin été dénoncée et poursuivie. Mais, sous l'effet de la pression médiatique, cette salutaire prise de conscience a conduit l'État à adopter un dispositif de contrôle inadapté. C'est ce que montre Marie-Monique Robin dans ce livre, fruit d'une investigation approfondie sur les dérives de la lutte indispensable contre les pervers.
Après avoir toujours nié l'existence d'abuseurs sexuels dans ses rangs, l'Éducation nationale a opéré une volte-face au milieu des années 1990 : grâce aux militants de la protection de l'enfance, la pédophilie a enfin été dénoncée et poursuivie. Mais, sous l'effet de la pression médiatique, cette salutaire prise de conscience a conduit l'État à adopter un dispositif de contrôle inadapté, qui mine en profondeur l'ensemble du corps enseignant. Et qui menace à terme l'équilibre de nos enfants. C'est ce que montre Marie-Monique Robin dans ce livre, fruit d'une investigation approfondie sur les dérives de la lutte indispensable contre les pervers. En effet, depuis l'adoption en août 1997 de la circulaire Royal, qui impose le signalement au procureur du moindre " fait " suspect, les accusations de pédophilie en milieu scolaire se sont multipliées. D'authentiques coupables ont été démasqués, mais des centaines d'innocents ont également vu leur vie brisée. Or, depuis 1999, près de trois affaires sur quatre se sont conclues par un classement sans suite, un non-lieu ou une relaxe. Grâce à ses enquêtes et à l'expérience de la Fédération des autonomes de solidarité, la principale association d'enseignants, Marie-Monique Robin rapporte ici des témoignages bouleversants d'enseignants injustement mis en cause. Et elle explique comment la plupart de leurs collègues ont modifié en profondeur leurs comportements vis-à-vis des élèves, s'interdisant désormais le moindre contact physique. Entre la protection des victimes et le respect de la présomption d'innocence, faut-il vraiment choisir ? L'alerte à l'enseignant pédophile nous interpelle sur l'école que nous souhaitons : celle du soupçon ou celle de la confiance ? Et sur la société de demain, où les enfants d'aujourd'hui auront été conditionnés à assimiler à la perversion tout contact physique avec l'adulte. -
Un quart en moins ; des femmes se battent pour en finir avec les inégalités de salaires
Rachel Silvera
- La découverte
- Cahiers libres
- 6 March 2014
- 9782707182487
Malgré les lois, discours, et chartes, le salaire des femmes reste inférieur d'un quart à celui des hommes. Portant un nouveau regard sur cet écart, Rachel Silvera montre qu'il est possible de gagner sur ce front. Des femmes l'ont fait, elles témoignent ici très largement. Malgré les lois, discours et autres chartes, en France, le salaire des femmes reste inférieur d'un quart à celui des hommes. Comment expliquer cet écart persistant ? Au XIXe siècle, on considérait qu'il n'était pas vital pour une femme de travailler. Pouvant compter sur " monsieur Gagnepain ", celle-ci ne pouvait prétendre qu'à un " salaire d'appoint ". De manière insidieuse, ce modèle pèse encore aujourd'hui. Les salariées semblent piégées, entre " plancher collant " et " plafond de verre ".
Pourtant, ces dernières années, des femmes ont décidé de se battre et ont obtenu gain de cause. Rachel Silvera leur donne largement la parole. Parce qu'elles ont eu des enfants, sont passées à temps partiel, ou simplement parce qu'elles sont femmes, Maria, Flora et les autres n'ont eu aucune augmentation de salaire, ou très peu, au cours de leur carrière. Les juges ont reconnu qu'elles étaient victimes de discrimination et devaient obtenir réparation à travers un rappel de salaires et une requalification.
À jour de la jurisprudence la plus récente, ce livre donne de nouveaux moyens pour en finir avec des inégalités d'un autre âge. Au-delà, il plaide pour une autre façon d'évaluer les compétences, celles des femmes restant trop souvent perçues comme relevant de qualités " innées ". -
Puisqu'il faut bien mourir
Véronique Fournier
- La découverte
- Cahiers libres
- 21 May 2015
- 9782707187055
Le docteur V. Fournier, qui dirige depuis sa création le Centre d'éthique clinique de l'hôpital Cochin, raconte les histoires de familles et de patients qu'elle a accompagnés, souvent sur plusieurs années, et l'évolution de sa réflexion. Elle a pu observer, sur le terrain, les manifestations très concrètes de ces demandes, les réactions au sein du corps médical, dans le débat public etc. Un témoignage irremplaçable d'un médecin dont les positions ont évolué au fil des années. La contrepartie des progrès de la médecine est que souvent la mort ne vient plus toute seule. Dans bien des cas, il faut désormais
décider qu'elle survienne et
faire quelque chose si l'on veut qu'effectivement elle arrive. Si la médecine a changé nos vies, elle a donc également transformé nos morts. Tout comme elle participe à brouiller chaque jour un peu plus les frontières entre ce qui est encore une vie et ce qui peut-être n'en est plus tout à fait une. Si bien que, parfois, les patients - ou leurs familles pour eux - en viennent à réclamer la mort, lorsque celle-ci se fait vraiment trop attendre. C'est alors que des conflits peuvent naître entre ceux qui supplient pour que l'on aide à ce que cette fin puisse enfin advenir, et ceux qui à l'inverse ne veulent surtout pas aller dans cette voie.
C'est dans cet espace que s'inscrit le travail du Centre d'éthique clinique de l'hôpital Cochin, que dirige Véronique Fournier. Dans ce livre, elle raconte quelques-unes des histoires qu'elle a accompagnées depuis dix ans : comment s'expriment ces demandes, qui les porte, comment y réagissent les équipes soignantes, et quels débats elles suscitent au sein du groupe citoyen d'éthique clinique qui travaille à ses côtés.
Peu à peu, ces histoires ont fait évoluer sa position sur cette difficile question : faut-il et jusqu'où peut-on aider à mourir ? C'est cette évolution qu'elle relate ici, de ses réticences premières à sa conviction de plus en plus nette que les médecins ne peuvent pas refuser d'aider à mourir ceux qui sont à l'extrémité des possibilités de la médecine et qui n'en peuvent plus. En espérant qu'expliquer pas à pas le chemin parcouru pourra, peut-être, aider d'autres à s'y risquer à leur tour. -
Idéographie dynamique ; vers une imagination artificielle ?
Pierre Lévy
- La découverte
- Anthropologie science technique
- 1 July 2010
- 9782707155290
L'écriture fut depuis l'origine conçue et utilisée sous formes de signes statiques sur un support fixe. Or, grâce aux écrans interactifs, l'informatique ouvre aujourd'hui des possibilités radicalement nouvelles à l'expression visuelle de la pensée. A partir de ce constat, et grâce à une approche théorique originale du langage et de la pensée, Pierre Lévy propose ici pour l'informatique de demain un programme de recherche complémentaire de celui de l'intelligence artificielle.
L'écriture fut depuis l'origine conçue et utilisée sous formes de signes statiques sur un support fixe. Or, grâce aux écrans interactifs, l'informatique ouvre aujourd'hui des possibilités radicalement nouvelles à l'expression visuelle de la pensée. A partir de ce constat, et grâce à une approche théorique originale du langage et de la pensée, Pierre Lévy propose ici pour l'informatique de demain un programme de recherche complémentaire de celui de l'intelligence artificielle. Présentée pour la première fois dans cet ouvrage, l'"idéographie dynamique" n'est pas un code de programmation, mais un nouveau genre d'interface, un langage d'images animées pour la communication entre les hommes. L'idéographie dynamique est la forme d'écriture réclamée par les supports techiques contemporains. Elle fonctionne suivant le principe d'une représentation figurative et animée des modèles mentaux, plutôt qu'en redoublant le langage phonétique sur un plan visuel, comme le fait l'alphabet. Faire de l'image animée une technologie intellectuelle à part entière, c'est contribuer à inventer une culture informatico-médiatique critique et imaginative, dessiner une autre voie que celle de la société du spectacle, vouée au scintillement sans mémoire de la télévision et à la gestion "rationnelle" par les systèmes d'information. Cet ouvrage s'adresse au public curieux des nouvelles approches de la connaissance proposée par la philosophie et les sciences cognitives. Il stimulera également les informaticiens passionnés par l'avenir de leur discipline. -
L'Évasion silencieuse
Lena Constante
- La Découverte (réédition numérique FeniXX)
- 24 August 2015
- 9782348013096
Je suis condamnée à douze ans de prison. Le procès a duré six jours. L'enquête cinq ans. J'ai donc déjà exécuté cinq ans de prison. Seule. Dans une cellule de 5 m2, 1827 jours, 43 848 heures. Dans une cellule, où chaque heure a, inexorablement, 60 minutes, chaque minute, 60 secondes. Une, deux, trois, quatre, cinq secondes. Six, sept, huit, neuf, dix secondes, mille secondes, cent mille secondes. J'ai vécu, seule, en cellule, 157 852 800 secondes de solitude et de peur. Cela se hurle ! Ils me condamnent à en vivre encore 220 838 400. À en vivre ou à en mourir. Les premières lignes du récit de Lena Constante donnent le ton de ce livre extraordinaire. À quarante-et-un ans, en 1950, elle est arrêtée à Bucarest. Son seul tort : être l'amie de la femme d'un des principaux dirigeants communistes, Lucretiu Patrascanu, victime d'un procès de type stalinien. Lena Constante passera douze années dans les prisons et les pénitenciers du régime communiste, dont huit années seule, soumise à un régime spécial. Ce n'est qu'en 1977 qu'elle commencera à rédiger le récit de ces années-là, terminé en 1984. Comme elle avait choisi de rester en Roumanie, ce n'est qu'après la révolution de décembre 1989 qu'elle décide de le faire éditer, en France. Car elle a écrit directement en français, dans une langue remarquablement maîtrisée. L'extraordinaire de ce livre, c'est qu'il n'est pas le récit d'une détention, mais celui d'une évasion. Une évasion silencieuse, dans la tête, nourrie de poésie, de littérature et d'une farouche détermination. Face aux enquêteurs et aux garde-chiourme qui veulent la briser, elle conservera toujours sa dignité. C'est cette volonté de vivre, cette invraisemblable faculté de créer de vastes mondes imaginaires dans cet univers rétréci, qui rendent la lecture de ce texte, plus roman que témoignage, si prenante.
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Mes mémoires
Jeanne Bouvier
- La Découverte (réédition numérique FeniXX)
- Actes et mémoires du peuple
- 23 October 2015
- 9782348017414
Jeanne Bouvier connut durant son enfance l'extrême pauvreté. La misère, écrit-elle, était grande au foyer paternel. C'est à la racine de cette misère que cette ouvrière s'arma, dès 1876 (elle était alors âgée de onze ans, et travaillait dans une fabrique de soie), contre l'injustice sociale. Très vite, son investissement syndical devint la grande affaire de sa vie. Avec elle, nous traversons un quart de siècle de syndicalisme cégétiste, et nous assistons aux conflits de personnes et de tendances, toutes choses rarement abordées au sein même d'une organisation de défense des droits des travailleurs. Aussi, ces Mémoires d'une militante syndicale - Jeanne Bouvier appartenait, en l'occurrence, à la Fédération de l'habillement-, ayant atteint un haut niveau de responsabilité, sont-ils essentiels pour la compréhension de l'histoire sociale et politique contemporaine. Jeanne Bouvier reprochait, notamment, aux dirigeants syndicaux de l'époque leur refus de prendre en compte la création d'un système de prévention sociale (retraites ouvrières, assurances maladie, etc.), ainsi que la syndicalisation féminine. Pour cette féministe, mue par une sorte d'éthique de la bienfaisance, et en lutte permanente contre le sectarisme mâle, ce n'est pas, en effet, la politique qui peut décider de la forme que doit prendre la prévention sociale, mais le but escompté, à savoir la défense des travailleurs ; et seule cette défense est susceptible d'exprimer la vérité des décisions politiques. Les dirigeants cégétistes tentèrent alors de l'évincer : il est probable qu'aujourd'hui encore, sa parole dérangera plus d'un.