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« J'ai aimé Blaise Cendrars pour son pseudonyme de braise et d'art, de phénix et d'ogre. J'ai cru comme lui qu'on pouvait écrire pour renaître de ses cendres, partir comme on se régénère, rêver comme on se recommence. J'ai aimé les masques du poète, les ruses du voyageur. J'ai poursuivi le désir jusqu'en Ouzbékistan, la joie jusqu'au Brésil, les livres jusqu'à l'absurde. J'ai appris à m'esquiver pour mieux me retrouver. Cendrars a voulu que la poésie soit dans sa vie avant d'être dans ses livres. Il a fini par confondre les trois : la poésie, la vie et les livres. Il avait bien raison. Je ne sais pas faire autre chose. » Adeline Baldacchino
L'auteur : Adeline Baldacchino a publié plusieurs recueils de poésie et des essais : « La Ferme des énarques » (Michalon) et « Michel Onfray ou l'intuition du monde » (Le Passeur).
La collection Duetto : un écrivain en raconte un autre. -
« Françoise Sagan fut de ces quelques écrivains qui m'ouvrirent la porte de la littérature et du théâtre. Grâce à elle, j'accédais à un nouveau monde. Bonjour tristesse et Château en Suède furent de véritables chocs littéraires. Cette "petite musique" que l'on retrouve dans toute son oeuvre, et qui a transporté tant d'hommes et de femmes, ne m'épargnait pas. Je me suis mise à lire tous ses livres. Le choix de ses mots, le caractère de ses personnages, la force de ses décors, la finesse de son style, la subtilité de chaque réplique me donnaient l'envie de la lire encore, de tout découvrir et même de relire. Je dévoile dans ce texte mon histoire avec son oeuvre, ses romans, ses pièces de théâtre, ainsi que ma rencontre avec son fils, Denis Westhoff. Se plonger dans l'oeuvre de Françoise Sagan, c'est devenir dépendant d'un style et d'une écriture reconnaissable entre mille. Mettez-moi au défi de retrouver ses mots parmi d'autres, je vous promets de jouer le jeu et de reconnaître sa plume à coup sûr. » Myriam Thibault
La collection Duetto invite écrivains et critiques à évoquer leur grande passion littéraire, à parler d'un auteur qu'ils admirent, qu'il s'agisse d'un maître disparu depuis longtemps ou d'un contemporain qu'ils ont eu la chance de rencontrer. -
« Jules Verne ? Et pourquoi pas la comtesse de Ségur ? Un auteur pour la jeunesse comme écrivain fétiche alors que nous sommes censés arrêter de le lire passé 15 ans. Je persiste et je signe. J'aurais pu choisir la Comtesse dont j'ai follement aimé les livres fillette mais j'ai opté pour le pendant masculin de mes passions littéraires de jeunesse. De nos rêves d'enfance découle tout le reste. Et Jules Verne m'a imposé sa manière : de l'ambition et pas de frontières. Il est celui qui fait cavaler l'imagination. Il la débride. Il la ventile. Il la disperse aux quatre coins du monde et au-delà. Les voyages extraordinaires, un thème inépuisable associé à un adjectif jamais galvaudé chez lui. Le tout en 62 romans que je n'ai pas tous lus mais que je peux toujours lire. On ne quitte jamais Jules Verne. On lui reste fidèle. » Françoise Dargent
La collection Duetto invite écrivains et critiques à évoquer leur grande passion littéraire, à parler d'un auteur qu'ils admirent, qu'il s'agisse d'un maître disparu depuis longtemps ou d'un contemporain qu'ils ont eu la chance de rencontrer. -
« Pourquoi ai-je choisi Roger Vailland ? Ce n'est pas moi qui l'ai choisi ; c'est lui qui m'a choisi. Ou, tout au moins, j'en ai, depuis quelque temps, ressenti la prétentieuse et mégalomane impression. Je m'explique. En rédigeant ce texte, j'ai pris conscience qu'au fil des années, trop de coïncidences nous réunissaient, nous unissaient, lui l'écrivain, moi le lecteur. Dans le désordre : son lieu de naissance (Acy-en-Multien), en Picardie, comme moi ; Acy-en-Multien à quinze kilomètres de Silly-le-Long, petit village où résidait mon arrière-grand-mère et où ma mère fut élevée ; son lieu d'adolescence (Reims) et j'ai passé mes vacances d'enfant et d'adolescent au château de Sept-Saulx, dans la Marne, à 21 kilomètres de Reims (mon grand-père maternel y était jardinier) ; la profession de journaliste nous est commune, de même que notre intérêt pour la condition ouvrière, les femmes et l'alcool. Le fait que j'ai été amené, par hasard, à connaître ses amis chers (Jacques-Francis Rolland, Jean-Jacques Brochier) ; ils devinrent les miens. Ils me manquent. Mais, au fond, tout ceci n'est rien. Je pense que Roger Vailland est l'un des plus grands stylistes français. J'aime également qu'il fût un hussard rouge. Un homme de gauche, d'une vraie gauche extrême, qui, jamais, ne fit la morale, et jamais ne négligea le plaisir. C'est si rare... Une manière d'aristocrate, adorateur de nos meilleurs écrivains : Laclos, Stendhal, Diderot, Bernis. » Philippe Lacoche
La collection Duetto invite écrivains et critiques à évoquer leur grande passion littéraire, à parler d'un auteur qu'ils admirent, qu'il s'agisse d'un maître disparu depuis longtemps ou d'un contemporain qu'ils ont eu la chance de rencontrer. -
« Je me vois toujours en train de lire un livre de Colette. C'est ma drogue dont je prends, chaque matin, une dose en ouvrant, au hasard, un volume des oeuvres complètes de mon idole qui m'a aussi servi de guide pour explorer Lesbos. Comme Marcel Proust était fasciné par les jeunes filles en fleurs de Gomorrhe, je l'ai été par ces mêmes jeunes filles qui étaient devenues des vieilles dames quand je les ai rencontrées, au siècle dernier. Elles évoquaient, en rougissant de plaisir au souvenir des plaisirs passés, les aventures saphiques de celle qui fut successivement Mme Willy, Mme de Jouvenel, Mme Goudeket et avec qui elles avaient secrètement partagé d'inoubliables voluptés. Seule une femme aimant les femmes comme Colette a pu dépeindre des femmes aussi profondément femmes que Claudine, Lea de Lonval, Julie de Carneilhan, ou Gigi. Avec Colette, les "femmes damnées" chères à Baudelaire sont devenues des amantes ne se cachant plus et montrant leur fierté d'être des élues de Lesbos qui célèbrent ouvertement leur culte. Pour parvenir à cette visibilité, Colette, par son exemple et par son oeuvre, a fait plus que la plus engagée des féministes. Elle a été, à sa façon, révolutionnaire. Et surtout adorable, comme l'avait décrété Léon-Paul Fargue : "Adorable Colette". Oui, adorable et éternelle Colette qui gagne à être mieux connue... » Jean Chalon
La collection Duetto invite écrivains et critiques à évoquer leur grande passion littéraire, à parler d'un auteur qu'ils admirent, qu'il s'agisse d'un maître disparu depuis longtemps ou d'un contemporain qu'ils ont eu la chance de rencontrer. -
« Pourquoi l'ancien flic que je suis, devenu auteur de romans policiers, s'est-il passionné pour l'oeuvre de Sartre ? Il n'est pas anodin de fréquenter la mort et des meurtriers. On se pose forcément des questions sur le sens de l'Être, sur "l'existence". Le flic peut trouver chez Sartre une incitation à mieux réfléchir, donc mieux comprendre la nature humaine qui est son champ d'action. L'auteur de polar peut y braconner un modèle d'écriture, du sens, des énigmes ou des personnages. Dans La Nausée, je me suis intéressé aux hommes, lorsqu'ils jouent les imbéciles ou les salauds. Pour moi, le Roquentin et l'Erostrate de Sartre côtoient Maigret et Gabriel Lecouvreur alias "Le Poulpe". Au cours d'une conversation avec l'Autodidacte, Roquentin est soudainement frappé par la réalité d'un couteau à dessert; je serais tenté d'imaginer une suite tragique bien différente de celle philosophique donnée par Sartre. Pourquoi Roquentin n'endosserait-il pas les habits d'un assassin ? Quelques personnages du théâtre de Sartre sont aussi des tueurs en série en puissance. Goetz, notamment, dans Le Diable et le Bon Dieu, qui recherche le Mal pour le Mal : il pourrait devenir un meurtrier mystique. Sartre voulait être à la fois Spinoza et Stendhal. Un auteur de polar pourrait rêver d'être Sartre et Simenon.»
Jean-Paul Ceccaldi
La collection Duetto invite écrivains et critiques à évoquer leur grande passion littéraire, à parler d'un auteur qu'ils admirent, qu'il s'agisse d'un maître disparu depuis longtemps ou d'un contemporain qu'ils ont eu la chance de rencontrer. -
«Lorsqu'il m'est demandé d'écrire sur un auteur qui compte pour moi, qui m'accompagne, c'est à Antoine Blondin que je pense sur le champ. Pourtant je l'ai découvert tardivement. D'autres auteurs dans le peloton des incontournables dévorés à l'adolescence auraient très bien pu s'imposer. Mais Blondin, avec sa petite musique de cloche fêlée et son maillot d'outsider, me touche dans chacun de ses livres. Ses romans sont comme des variations poétiques sur le même thème, celui d'une blessure profonde. Il l'explore sans peser, navigant entre excès et pudeur, humour et mélancolie. »
Jean-Claude Lalumière
L'auteur : Jean-Claude Lalumière a écrit trois romans remarqués par la presse et les lecteurs : « Le Front russe », « La Campagne de France » et « Comme un karatéka belge qui fait du cinéma », parus aux éditions Le Dilettante.
La collection Duetto: écrivains et critiques sont invités à évoquer leur grande passion littéraire, à parler d'un auteur qu'ils admirent, qu'il s'agisse d'un maître disparu ou d'un contemporain qu'ils ont eu la chance de rencontrer. -
«Je ne sais pas comment ça a commencé, notre histoire, cet amour déraisonné que j'ai pour ton verbe, tes images, la forme alanguie de chacune de tes phrases, ce culte que je te voue et qui m'a conduit à entreposer ton portrait au centre de ma bibliothèque, juste en dessous de mon vénéré grand-père. Non, vraiment, Gustave, je ne sais pas. Comme toutes les passions, j'imagine. Par hasard et parce qu'il le fallait. Mais dans cet épais mystère, je garde une certitude. Une seule. À travers les âges, à travers la pierre tombale qui te recouvre et sous les vers qui te dévorent, tu me vois, tu sens cet amour, cette admiration béate et, prenant une profonde respiration dans l'air vicié, tu pars d'un immense éclat de rire, moqueur. »
Vincent Pieri
L'auteur : Vincent Pieri est l'auteur d'un essai, "Enfants du Mékong" (2008) et de deux romans, "Station Rome" (2013) et "La voix intérieure" (2016), publiés au Mercure de France.
La collection Duetto : un écrivain en raconte un autre. -
« On snobe d'autant plus facilement Émile Zola que l'immensité de son oeuvre et l'énormité de l'Affaire Dreyfus lui donne un je-ne-sais-quoi d'inaccessible. Pour ma part, je l'ai laissé longtemps en dehors de mon panthéon littéraire avant de finir par serrer la main aux membres de Rougon-Macquart et surmonter ma timidité envers le petit capitaine. Mais alors, en moins de deux, Émile et moi sommes devenus des amis à la vie, à la mort. Cet élève avant l'heure de l'Actor's studio, cette plume si moderne, si sensible, se sont révélés sans partage. Il a suffi que je le relise en gardant en tête qu'il fut, certes l'écrivain consacré que l'on sait, mais surtout un homme accompli et fantasque comme il en eut peu. » Valentine del Moral
L'auteur : Valentine del Moral a publié "Chez Zola. Si Médan m'était conté" (Fallois, 2015). Libraire en livres anciens, elle rédige une "Lorgnette" qui dépoussière la bibliophilie (villabrowna.blogspot.com).
La collection Duetto : un écrivain en raconte un autre. -
« Je vous ai rencontré très tard et j'en suis navrée : que de temps perdu ! J'aurais voulu être du premier cercle de vos lecteurs conquis. Quoi qu'il en soit, je chemine désormais en votre compagnie, vous êtes à mes côtés, une présence pure, discrète et muette, une ombre portée.
J'apprends à regarder avec vos yeux, puis avec les miens. Je découvre - enfin ! - la beauté du monde. Ce n'est pas un mince cadeau que vos livres me font.
Je sais que vous n'aimez recevoir que des lettres manuscrites. Qu'allez-vous penser de ce texte qui n'est même pas imprimé mais seulement virtuel ? J'ai cédé à la suave tyrannie des techniques, raison de plus pour vous déplaire. Pardonnez-moi, voulez-vous ? » Eve Chambrot.
L'auteur: Eve Chambrot vit à Nancy, où elle anime des ateliers d'écriture, notamment à Sciences Po. Après "Le Noeud de pomme" et "La Bonne Distance", son troisième roman, "La Fuite", sortira en août 2016.
La collection Duetto: un écrivain en raconte un autre. -
« Comme tout le monde, je fais des listes (1)
Et Queneau s'y prête, comme tout le monde.
Donc, liste : Queneau et l'asthme, Queneau et la boxe, Queneau et le neo-français, Queneau et la fête foraine, Queneau fils unique, Queneau et Rabelais, Queneau et Hegel, et Joyce, et Breton, etc, et les rues de Paris, et le cul des femmes. Ce dernier sujet m'occupe ici : le Q de Queneau.
Donc, liste : Queneau et la gaine Scandale (d'époque), Queneau et les (jeunes) fesses de Zazie, Queneau et les petits tabliers qu'on dénoue dans les bistrots, et les culottes cyclistes. Liste mon cul, comme aurait dit Zazie, incomplète. Bien sûr, et c'est heureux : la liste, c'est le trou dans la liste, c'est le manque, qui agite tant nos désirs, et nos plaisirs littéraires. »
Claude Meunier (2)
1. Il y a les écrivains à listes et les écrivains à images. (a)
a. Les écrivains à images n'ont aucun intérêt.(b)
b. Le seul intérêt des écrivains à images, c'est qu'on peut en faire la liste.(c)
c. Mais on comprend que cet intérêt leur est extérieur.(d)
d. Voir note a.
2. Claude Meunier est écrivain. En ligne (effet de légèreté). À l'écart dorénavant, ça s'est fait comme ça, du commerce papetier (dernier livre-en-papier publié : Petit dictionnaire du rire et de ses environs, Seuil, 2011).. Textes de toutes sortes et, en ce moment, plutôt de la poésie, sur son site : claude-meunier.com. -
« J'ai découvert Nietzsche chez les Jésuites à Avignon au printemps 1976. Je me rappelle la sensation de tremblement éprouvée à la lecture de quelques pages de Par-delà bien et mal et cette impression que ce livre s'adressait à moi en particulier. Je marchais dans la cour du lycée, j'avais 17 ans et me croyais marxiste. J'étais ébranlé dans mes certitudes qui m'apparurent soudain comme autant de fictions. Je savais désormais que l'idée que je me faisais de la vie ne serait plus tout à fait la même. Je ne suis pas nietzschéen mais je suis reconnaissant à Nietzsche de m'avoir fait gagner du temps. Quelques semaines seulement après avoir découvert ce livre, je quittai le mouvement des jeunesses communistes auquel j'appartenais depuis l'âge de 15 ans. » Paul François Paoli
L'auteur : Né à Marseille et corse d'origine, Paul François Paoli est journaliste et critique littéraire. Il a publié une douzaine d'essais dont "La Tyrannie de la faiblesse" (François Bourin, 2010) et "Quand la gauche agonise. La république des bons sentiments", paru en janvier 2016 aux éditions du Rocher.
La collection Duetto : Ecrivains et critiques sont invités à évoquer leur grande passion littéraire, à parler d'un auteur qu'ils admirent, qu'il s'agisse d'un maître disparu depuis longtemps ou d'un contemporain qu'ils ont eu la chance de rencontrer. -
« Marguerite Duras, je m'en étais fait depuis longtemps une idée presque définitive. Ses tics et ses poses, son minimalisme maniéré. Un jour, on m'a annoncé qu'elle était morte ou quasi. Un an après, Marguerite me téléphone: ressuscitée! C'est ainsi que tout a commencé. Aujourd'hui, j'ose écrire ce portrait d'elle, autour de quelques promenades que nous avons faites en Normandie, mon pays natal. Elle connaissait la région comme sa poche, bistrots, chemins, rivages paumés, forêts, cimetières de la guerre... Marguerite me confiait mille anecdotes au débotté, intimes et féroces. Son vrai visage m'apparaissait: ses obsessions tragiques, ses peurs, ses décrets furieux, sa belle dinguerie littéraire. » Patrick Grainville.
La collection Duetto invite écrivains et critiques à évoquer leur grande passion littéraire, à parler d'un auteur qu'ils admirent, qu'il s'agisse d'un maître disparu depuis longtemps ou d'un contemporain qu'ils ont eu la chance de rencontrer. -
« Nous nous connaissions, bien avant de nous rencontrer. »
Boris apparait dans ma vie comme une mystérieuse évidence, il incarne le mystère de la rencontre.
Boris, je le connais depuis toujours. Avant de devenir amis, nos routes s'étaient étrangement croisées plusieurs fois. J'ai voulu interroger ces énigmes qui nous ont conduits jusqu'à cette fraternité de « résilients ». J'ai voulu donner à voir l'homme pudique et rendre hommage à celui qui dénonce la fatalité de la souffrance.
Grâce à Boris, les béances de mon histoire se sont comblées. "L'enfance sous silence" peut alors se dire, s'écrire. Les quêtes et enquêtes de mon grand frère de sens ouvrent la voie et éclairent nos parcours ; à la lumière du sien j'ai pu retrouver les archives du Service des enfants secourus : admissions, placements et même photo de mon collier au matricule gravé.
- Je suis le numéro 93 10.
- ...et toi Boris?
Catherine Enjolet.
La collection Duetto invite écrivains et critiques à évoquer leur grande passion littéraire, à parler d'un auteur qu'ils admirent, qu'il s'agisse d'un aîné disparu depuis longtemps ou d'un contemporain qu'ils ont eu la chance de rencontrer. -
« L'histoire de mon Duetto sur Dan Fante, c'est une histoire de survie. Ou comment la littérature peut relier les êtres, quand on fait le choix -radical- de l'art plutôt que celui de la mort. L'histoire d'un jeune écrivain solitaire, aidé dans son écriture comme dans son existence par un auteur plus expérimenté. L'histoire de deux rapports aux pères, de deux univers qui se rejoignent par la force de résister. L'histoire des liens qui peuvent unir deux plumes, d'une transmission par-delà les océans ; celle aussi d'un héritage impalpable, et pourtant bien réel, qui passe uniquement par les mots.
L'histoire de mon Duetto sur Dan Fante, c'est une histoire... de vie. » Christophe Diard
L'auteur : Écrivain épris d'une littérature virtuose, engagée, Christophe Diard s'applique depuis plusieurs années à bâtir une oeuvre aussi discrète qu'enragée. Il aborde des thèmes comme la mémoire, le déni ou la survie. En matière d'écriture, il s'autorise à explorer des formes allant du roman au scénario en passant par la chanson. Christophe Diard est par ailleurs rédacteur en chef du magazine Rebelle(s).
La collection Duetto : un écrivain en raconte un autre. -
« Hugo Pratt m'a permis de prendre le large. Et cela dès l'adolescence. Comme Homère a pu insuffler à des générations l'esprit d'aventure, le génial dessinateur fut l'un des premiers à guider les pas de mon odyssée littéraire. Corto Maltese a été mon Ulysse. Ce qui m'attache aussi à lui, c'est cette espèce de dérive, de flottement. En imaginant les aventures de cet étrange héros, Pratt explore moins des pays, des situations géopolitiques, que les rêves qu'il a pu faire. En cela, Corto Maltese incarne à merveille l'un de ces personnages légendaires taillés, selon la formule de Shakespeare, "dans l'étoffe dont sont faits les rêves"».
Olivier Delcroix
La collection Duetto invite écrivains et critiques à évoquer leur grande passion littéraire, à parler d'un auteur qu'ils admirent, qu'il s'agisse d'un maître disparu depuis longtemps ou d'un contemporain qu'ils ont eu la chance de rencontrer. -
"On se demande ce que tu lui trouves !" J'ai si souvent entendu cette phrase lorsque j'évoque ma passion pour Houellebecq, ses textes, sa parole libre et ses provocations. C'est vrai qu'il ne laisse personne indifférent : on l'adore ou on le déteste, parfois même sans l'avoir lu. Moi j'ai choisi mon camp : je suis fan. On l'agresse, je le défends, on l'encense, je jubile. On le dépeint comme un auteur dépressif, personne ne me fait rire autant que lui : son humour - zigzaguant de féroce à malicieux - est le meilleur remède contre toute morosité latente. Dessiner ce portrait aujourd'hui, c'est tout autant le signe de ma houellebecqmania que le désir profond de faire partager mon enthousiasme : que ceux qui l'aiment y trouvent du plaisir, et que ceux qui le détestent le regardent d'un oeil neuf. Eve Chambrot
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« Saint Exupéry est beaucoup plus que l'image que l'on a parfois de lui : un aviateur qui a écrit "Le Petit Prince". Pour rencontrer l'essence de son oeuvre, je me suis tourné vers les lieux de son enfance dans la Sarthe et en Provence, j'ai retrouvé les témoignages de ceux qui l'ont côtoyé durant ses années de collège. Et je me suis vite rendu compte qu'il n'est pas indispensable de parcourir le Maroc, l'Argentine ou le désert de Libye pour mettre au jour les sources les plus vivifiantes de son inspiration. » Thierry Dehayes
L'auteur : Enseignant de culture générale en classes préparatoires aux grandes écoles, Thierry Dehayes s'est intéressé très tôt aux deux écrivains qui, comme lui, ont vécu entre la Sarthe et la Provence : Marcel Pagnol et Antoine de Saint Exupéry. Il a publié une dizaine d'ouvrages. Parmi ceux-ci, "Pique-la-lune, sur les pas de Saint Exupéry en Sarthe", paru en 2001, et "Marcel Pagnol, lieux de vie, lieux de création" (Equinoxe, 2015).
La collection Duetto : un écrivain en raconte un autre. -
« Les pièces de Molière m'ont toujours paru autobiographiques. Avant de se moquer de ses contemporains, il se moquait de lui-même -ce qui est le premier degré de l'humour. J'ai toujours senti derrière ses intrigues, le portait de « l'honnête homme », celui que prônait Poquelin, celui que j'ai toujours voulu être. Oui, Molière a créé une figure morale faite de tempérance, de bienveillance, de tendresse, de liberté... « Je voudrais m'entretenir avec vous de quelque affaire » pourrait être le titre de ses oeuvres complètes, du moins est-ce la phrase que j'entends en ouvrant une de ses pièces. La belle affaire ! Questions d'amour, toujours, d'amour contrarié par l'argent, la religion, la vanité, l'âge, la médecine, la société... Mon métier me pousse à lire ou entendre une à deux pièces chaque jour. Pourquoi en reprenant Molière y trouve-je la fraîcheur, la magnifique fraîcheur du français, « la langue de Molière » ? Ce théâtre-là est vraiment celui de la vie. »
L'auteur : Christophe Mory est éditeur de théâtre et chroniqueur de la vie théâtrale (Radio Notre Dame, BFM Business). Auteur de romans, de biographies (dont celle de Molière publié en Folio biographie, Gallimard), d'essais, de théâtre et de chroniques), il est le gérant de la Librairie théâtrale à Paris.
La collection Duetto : un écrivain en raconte un autre. -
« A votre Simone de Beauvoir, je dénouerai le chignon. Parce qu'elle chapitra à longueur de pages les femmes soumises, vassales, auxiliaires, dévouées, régénératrices, oublieuses d'elles-mêmes, on n'a pas voulu voir cette femme coquette qui se fendait de lettres d'amour sottement passionnelles.
C'est cette Simone-là que j'aime. La grande amoureuse, la jolie capricieuse, la demanderesse d'affection, épongeant son ego avec une serpillère.
Je me retrouve en Simone quand je lis et fume seule dans la nuit. Je suis Simone quand on me prend la main et que j'en ai les larmes aux yeux. Je suis Simone quand je vis avec mes livres dans une maison cachée dans un bois. Je suis Simone quand je coupe la parole aux hommes. Je suis Simone quand je baise parce que mes traces de doigts raclent la sueur qui perle sur le dos de mon amant. » Bénédicte Martin
L'auteur : Petite femme mais grande liseuse, grande voyageuse, grande solitaire, Bénédicte Martin est auteur de nouvelles ("Warm Up", Flammarion, Prix Contrepoint 2004), de poésies, de beaux-livres (La Source des femmes, Glénat, 2010), d'essai (La Femme, Les Équateurs). Elle est aussi journaliste (L'Express, Le Point, Next Libération, Paris Match, Marianne...)
La collection Duetto : un écrivain en raconte un autre. -
« A vrai dire, je ne sais plus vraiment comment j'ai été amené à lire mon premier livre de Michel Tournier, un professeur peut-être, une bibliothèque éventuellement, le hasard sans doute. Ce dont je me souviens, c'est que je n'avais pas acheté ce livre, il n'y avait déjà plus de librairie en ville et le centre commercial avait été fermé après une attaque à la voiture-bélier. Je l'avais emprunté, ou peut-être même volé, au centre de documentation du collège Jules-Verne. Il n'y avait pas de livres chez mes parents.
Des dizaines d'années ont passé. Je suis revenu aux Mureaux pour une lecture d'un de mes livres et une signature à la médiathèque, entre le commissariat et la mosquée. Quelques heures avant cette rencontre, de la fenêtre de ma chambre d'autrefois, dans l'immeuble que mes parents n'ont pas quitté, j'ai le sentiment que la seconde partie de ma vie regarde la première. Et par un jeu de reflets avec la glace d'une armoire, je me revoie dans cette chambre, comme un double de moi-même lisant les livres de Michel Tournier, qui m'a sans doute appris à écrire, et peut-être à vivre. » Christophe Rioux
L'auteur: Christophe Rioux aime autant les images que les mots. Il enseigne à l'université et dans plusieurs grandes écoles telles que Sciences Po Paris ou HEC et dirige des Masters spécialisés dans la culture, de la littérature aux arts visuels. Il a également présenté l'émission « Les Deniers de la Culture » sur France 5 et écrit pour divers médias, comme Le Quotidien de l'Art. Il est auteur de romans publiés chez Flammarion ("Des croix sur les murs", "Tête de gondole"), d'une dizaine de nouvelles (dont "Les Mureaux, récit autobiographique en zone urbaine sensible" paru chez Pocket), et coauteur d'essais ou de textes critiques publiés chez Actes Sud ou Beaux-Arts Éditions.
La collection Duetto: un écrivain en raconte un autre. -
« Si j'ai eu un maître en littérature, c'est bien Julien Green. Un père spirituel et un maître en écriture. Je lui dois tout ou presque. La postérité se comporte mal avec Julien Green. J'ai honte pour elle. Depuis sa mort, en 1997, c'est une pitié de le voir pourrir dans le Purgatoire des écrivains avec tant d'auteurs de son temps comme Malraux ou Montherlant. Traiter ainsi l'auteur de « Moïra », « Minuit » ou « Jeunes années », jeune homme au-delà de toutes les modes, c'est un non-sens !» Franz-Olivier Giesbert
L'auteur : Écrivain et journaliste, Franz-Olivier Giesbert fut directeur de la rédaction du Figaro avant de diriger Le Point. Il est notamment l'auteur d'essais (« François Mitterrand, une vie », « La Tragédie du président ») et de romans (« L'Américain », « L'Immortel », « Un très grand amour » ou encore « La Cuisinière d'Himmler »).
La collection Duetto : un écrivain en raconte un autre. -
« Lorsque l'éditeur des Duettos m'a contacté, il m'a proposé de parler d'un auteur germanique de mon choix. Je trouvais la chose passionnante et déjà, avant même d'avoir raccroché, quelques noms fusaient dans ma tête : Goethe, Schiller, Winckelmann, Stefan Zweig, Elfriede Jelinek, Doris Lessing, Thea Dorn, etc. Mais voilà, comment pouvais-je parler de littérature allemande sans évoquer Madame de Staël ? Cette dernière a joué un rôle si crucial dans ma passion pour l'Allemagne ! J'ai donc tout naturellement proposé un Duetto sur la baronne. Parce que je devais commencer par le commencement. Mon éditeur en fut surpris ; je venais d'éveiller sa curiosité. La rédaction de ce témoignage d'amour pour Madame de Staël va au-delà du portrait, ce sont mes remerciements. Oui, si je n'avais pas lu Madame de Staël, ma vie aurait simplement été tout autre. » Lilian Auzas
L'auteur : Né en 1982, Lilian Auzas a fait des études d'histoire de l'art et publié plusieurs romans (Riefenstahl, éd. Léo Scheer) et essais (Le Génie dans l'ombre, éd. Connaissances & Savoirs). Il vit actuellement à Lyon.
La collection Duetto : un écrivain en raconte un autre. -
« Mon phare s'appelle Sylvia Plath. Elle a longtemps irrigué mes pensées. Elle aimait la vie, et certainement trop. Elle savait lui rendre hommage, apprécier les bonheurs. Elle rêvait de gonfler chaque seconde, de l'emplir à craquer. Elle cherchait à conquérir la plus grande densité. Elle voulait une existence gorgée. Être soi-même comme un arc bandé, nerfs luisants, oeil bombé, pouls frénétique, papillon de sang qui danse : passer tout entière, dans une parole, un geste, et en faire un éclat, un luxe somptueux. Cette femme, je l'ai aimée, je l'ai comprise, je l'ai intégrée dans mes raisonnements les plus intimes. Je m'invite encore, de manière fréquente, dans son espace, sa puissance poétique et j'y trouve des résonances, des miroirs, des similitudes, des feux et des lumières.»
Virginie Troussier
L'auteur : Virginie Troussier est née dans les Alpes. Elle a longtemps escaladé ses montagnes natales et pratiqué le ski en compétition, avant de vivre à Paris. Elle a publié deux romans "Folle d'Absinthe", en 2012, et "Envole-toi Octobre", en 2014, aux éditions Myriapode. Son troisième roman paraîtra en février 2017 aux éditions La Découvrance. Elle collabore régulièrement à Montagnes Magazine, Voile Magazine et actualitte.com. Elle tient également une chronique littéraire à France Bleu, et part naviguer aussi souvent que possible dans les eaux charentaises et bretonnes.
Le blog de Virginie Troussier : http://lesheuresinsulaires-virginietroussier.blogspot.fr/
La collection Duetto : un écrivain en raconte un autre.