L'image de Robespierre n'est pas un bloc, comme le montre l'étude du discours public du xixe siècle, et notamment celle de la parole politique. Ce discours n'a pas jusqu'ici retenu l'attention des historiens, qui se sont concentrés sur l'historiographie, la littérature et les beaux-arts. Il révèle que la légende noire de Robespierre se scinde entre la Révolution et le milieu du xixe siècle en quatre légendes, qui peuvent être rapprochées de quatre courants politiques distincts : conservateur/contre-révolutionnaire, libéral, communiste et anarchiste. De plus, une légende dorée, peu analysée jusqu'ici, émerge dans les années 1830 chez les militants républicains les plus radicaux. Ce schéma interprétatif, présenté dans les deux premières parties de l'ouvrage, est confirmé par l'étude de l'image de Robespierre dans les débats parlementaires au xixe siècle, objet de la troisième partie. Il permet de comprendre pourquoi, plus de deux siècles après sa mort, Robespierre reste au coeur des débats sur l'héritage républicain.
Loin d'être réductible à une somme de violences illimitées, la guerre est aussi une relation, certes brutale entre belligérants. Le moment où les armes se taisent en témoigne. Le temps de la sortie du combat est caractérisé par des interactions entre adversaires. Vainqueurs et vaincus accomplissent des gestes, des rites de reddition par le truchement de médiateurs, d'émissaires, voire d'otages. Ils échangent promesses, serments et autres engagements toujours susceptibles d'être transgressés tant l'instant est fragile. Autant d'éléments qui constituent un ordinaire du champ de bataille et suggèrent que le combat est aussi une pratique transactionnelle. Cet ouvrage qui interroge la longue durée dans une perspective d'anthropologie historique propose d'inscrire la fin des hostilités au coeur même de l'expérience combattante. La manière dont cessent les combats dit la guerre qui est pensée et menée.
Si la guerre est pensée comme un monde d'hommes, les femmes y ont aussi toute leur place et y jouent un rôle actif. À la croisée de l'histoire du fait guerrier et de l'histoire du genre, Femmes en guerre explore ainsi les multiples facettes de la présence des femmes au sein des armées, de l'époque médiévale à nos jours. Il souligne tout d'abord la variété de leurs expériences, comme combattantes, cheffes de guerre ou dans des rôles de soin plus traditionnellement associés à la féminité. C'est également une réflexion sur le genre que propose cet ouvrage, tant sur la construction des féminités en milieu guerrier que sur ce que la présence des femmes en milieu militaire dit de la virilité guerrière. Enfin, alors que les récits de guerre sont souvent accaparés par les hommes et que les femmes sont parfois invisibilisées par les sources, ce livre s'attache à redonner toute leur place à ces voix de femmes en guerre.
Les Révolutions se font aussi avec des mots. De la fin du xviiie siècle à nos jours, elles sont un moment de relecture du passé. Bouleverser l'ordre politique et social, c'est condamner et rejeter ce qui existe ; c'est aussi, souvent, s'inspirer ou se revendiquer de précédents historiques. C'est cette construction narrative de la Révolution, par ceux qui la font et ceux qui l'observent, pendant et après l'événement, que ce livre entend explorer. Par l'exemple de la Révolution française et des éclairages choisis en Amérique latine (Brésil, Cuba) et en Europe (Espagne, Tchécoslovaquie, URSS), il s'interroge sur la réécriture de l'histoire qui aide à justifier la Révolution.
Face à la maladie d'Alzheimer, la sociologie s'est montrée, dans les années 2000, particulièrement prolifique. Portés par un contexte dans lequel la maladie d'Alzheimer constituait une préoccupation croissante, encouragés par des financements dédiés, des travaux d'une grande richesse ont vu le jour. Cet ouvrage rend compte de ce « moment Alzheimer » de la sociologie, des regards originaux qu'elle a portés sur la maladie d'Alzheimer et des savoirs qu'elle a produits. Il est organisé en trois grandes parties. La première, « Politiques publiques et initiatives de terrain », interroge les dispositifs mis en place. La deuxième, « Du diagnostic aux derniers temps de la vie. Moments et processus de la maladie d'Alzheimer » retrace les expériences sociales de la maladie des différents acteurs concernés (professionnels, personnes malades, proches). La troisième, « Proches face à la maladie d'Alzheimer », étudie plus précisément ce qui se produit pour les proches aidants.
Affranchir l'homme de ses contraintes biologiques, accroître ses capacités physiques, cérébrales, mémorielles, combler ses déficiences, lui épargner la souffrance et peut-être même la mort... Et si de telles ambitions ne relevaient plus de l'irréalisable ? Prothèses, orthèses, pacemakers, implants oculaires et cérébraux, stimulateurs électriques, greffes, thérapies géniques, clonage : d'irrépressibles avancées scientifiques dessinent un tel avenir à notre horizon. La nature humaine en sera-t-elle changée ? C'est ce que soutiennent les discours « transhumanistes », persuadés de l'émergence toute proche d'un « homme nouveau » : posthumain. Placé sous l'égide de l'Unesco, le présent ouvrage réunit des philosophes, des anthropologues, des littéraires, des juristes, des spécialistes de l'art et des sciences numériques autour d'écrivains qui se sont saisis de ces questions. À l'heure où Internet et les nouvelles technologies, caméras de surveillance et réseaux sociaux ont déjà puissamment modifié nos modes de sociabilité, se profile désormais sous nos yeux un nouveau Grand Récit, aussi riche de promesses que lourd de menaces.
Figure de proue de la nouvelle danse des années quatre-vingt, la chorégraphe Anne Teresa De Keersmaeker n'a cessé depuis de maintenir le corps dansant au centre de ses préoccupations artistiques. Cette analyse met en exergue les éléments qui permettent de définir son style chorégraphique, marqué par une volonté d'assimilation intime et physique des éléments de la composition. Centrée sur le mouvement, ancrée dans un étroit rapport à la musique, la structure compositionnelle met également en valeur une vision exigeante mais éthique de l'interprétation. Ce livre est issu d'une recherche sur le statut de la description, ainsi que son rôle dans l'activité critique et le débat esthétique. L'auteur tente de donner ici au matériau même de la danse l'importance qui lui revient, en alliant étude des textes et analyse des oeuvres composant le répertoire de la compagnie Rosas, de Fa se (1982) à Raga for the rainy season (2005).
Les enjeux de genre appliqués au masculin ouvrent des perspectives pour comprendre la société nazie et le nazisme en guerre. Le régime, qui prônait un idéal de camaraderie et de pureté raciale, réglementa le genre, les sexualités et la procréation par des lois racistes, homophobes, sexistes et eugénistes. Or, la période des années 1930 aux années 1950 fit coexister des contraintes sexuelles et des formes de violence de genre avec l'ouverture de nouveaux espaces d'expérimentation hétérosexuelle. L'attaque de la Pologne en 1939 et la guerre de conquête et d'anéantissement marquèrent une césure importante. En tant que combattants et colonisateurs, les hommes allemands et autrichiens se trouvèrent au coeur de mutations genrées : acteurs de la violence, agents de la guerre et, in fine, porteurs de la défaite. Chaque chapitre du livre explore, dans une perspective d'histoire intégrée du genre (femmes/hommes ; hétérosexuels/homosexuels ; Juifs/non-Juifs), la diversité et l'ambivalence des situations vécues au quotidien par les hommes.
La juritraductologie est un nouveau champ d'étude interdisciplinaire fondée sur les sciences juridiques et les sciences du langage. Elle offre une grille de lecture innovante des vulnérabilités des personnes et des traductions dans un contexte de mondialisation. Toute personne, dès lors qu'elle se trouve dans un pays dont elle ne comprend, ni ne parle la langue, s'expose à des risques linguistiques pouvant avoir des répercussions juridiques. Toute traduction, dès lors qu'elle est apportée en justice, s'expose à ce que les critères retenus par le juge pour en apprécier la qualité ne coïncident pas avec ceux posés en traductologie. En croisant les approches juridique et traductologique, cet ouvrage poursuit deux objectifs principaux. Le premier est épistémologique, il démontre que la traduction du droit n'existe pas sans le droit de la traduction. Le second est méthodologique, il fournit des formulaires pour guider, pas à pas, le processus de traduction de concepts juridiques complexes.
S'inscrivant dans la dynamique du centenaire de la Première Guerre mondiale, cet ouvrage se penche sur la naissance des services cinématographiques militaires qui éclosent partout dans le monde quand, au coeur du conflit, le cinéma, média alors tout à fait récent, s'engage au service des États et/ou des armées. Le cinéma militaire, multiple, se décline selon les zones géographiques, l'espace-temps dans lequel il évolue et les genres à traiter, créant par conséquent de grandes disparités. Cet ouvrage propose dès lors une approche par cinématographie nationale et sur le temps long, 1914-1939, permettant de croiser temps de guerre et temps de paix. Si les articles se concentrent sur les structures spécialisées dans la production d'images filmées, tous appréhendent les questions transversales par l'analyse de la production, de la distribution et de la circulation de ces images.
Les chapitres 4-6 du Livre II de la Physique d'Aristote constituent le premier essai dans notre littérature philosophique occidentale consacré au hasard et à la fortune. On y trouve l'exemple de la pierre qui en tombant d'une hauteur sur le crâne de quelqu'un le tue, repris par Spinoza dans son Éthique. Aristote et Spinoza s'accordent pour dire que la pierre n'est pas tombée pour tuer. Mais le rejet du finalisme et en même temps de toute forme de contingence chez Spinoza est aux antipodes du finalisme dans lequel Aristote peut inscrire le hasard. Le commentaire de Simplicius apporte sur la doctrine d'Aristote des éclaircissements et des prolongements substantiels, encore peu connus, auxquels la présente traduction, la première en français, donne un accès direct. Simplicius permet en particulier de trancher sur la question de la traduction des termes et en Phys. II, 4-6, à savoir, respectivement, « fortune » et « hasard » (plutôt que « hasard » et « spontanéité »). En bon néoplatonicien, il couronne son commentaire par un hymne à la déesse Fortune. Ce livre vient à la suite de la traduction du commentaire de Simplicius à la Physique, Livre II, chap. 1-3, publiée par A. Lernould aux Presses universitaires du Septentrion en 2019. Il sera suivi d'un troisième volume qui contiendra la traduction du commentaire aux trois derniers chapitres (7-9) du Livre II de la Physique, qui portent sur la finalité naturelle et la nécessité.
Dans un contexte de reconfiguration des principales structures de socialisation, d'accroissement et d'apparition de nouvelles inégalités, les parcours de vie apparaissent de plus en plus incertains et hésitants. Cette évolution des normes institutionnelles entraîne une responsabilisation accrue des individus dans la conduite de leurs transitions biographiques, dans la construction du sens de leur trajectoire et de leur identité. Ainsi l'injonction à se raconter, à construire son parcours, à lui donner du sens, s'impose comme une norme pour certains individus. En particulier, le parcours devient l'outil privilégié de l'État social. Cet ouvrage se propose de montrer comment les logiques institutionnelles, les déterminations sociales et la réflexivité individuelle façonnent les parcours de vie et de leurs évolutions dans nos sociétés contemporaines. L'étude des parcours de vie nous conduit à réinterroger le coeur même de ce qui fait la spécificité des objets en sciences sociales : le lien entre les dynamiques sociales et les actions individuelles et ouvre un espace de compréhension des tensions et mouvements qui animent la société civile.
Alors que la crise financière de 2008 et de multiples scandales financiers ont ébranlé les systèmes bancaires et encore dégradé la confiance dans les banques, on connait mal les modes de contrôle externe et interne, qui sont pourtant un instrument essentiel de la régulation bancaire. Cet ouvrage - le premier en langue française sur ce sujet - entend replacer la supervision prudentielle dans la perspective d'une histoire longue et comparative. Après un bilan historiographique, il présente des travaux récents sur les acteurs et les institutions, les pratiques et les outils du contrôle bancaire depuis le xixe siècle, en France, en Suisse et dans l'espace colonial français. Il analyse ensuite l'internationalisation de la supervision et des normes comptables du contrôle des risques, fin xxe- début xxie siècle. Enfin, les contributions d'archivistes de banques et des autorités de régulation constituent un appel à de nouvelles recherches pour combler le retard historiographique français.
« Développer le pouvoir d'agir des habitant·es » : comment ce leitmotiv des centres sociaux, au coeur de leur projet fédéral depuis 2013, se traduit-il sur le terrain ? Une recherche collaborative menée en Région Centre-Val de Loire analyse les modes d'appropriation, par les salarié·es et bénévoles de l'animation sociale, de cette approche visant un processus d'autonomisation des usager·es, et les tensions auxquelles ils et elles sont confrontées. Comment impulser le pouvoir d'agir, alors que ce projet ne vient pas nécessairement d'une demande des habitant·es ? S'agit-il d'attendre ou d'inciter, d'accompagner ou de susciter la mobilisation ? Comment et pourquoi peut-on (re)mettre du politique dans les actions des centres sociaux ? Cet ouvrage analyse les reconfigurations des engagements professionnels et militants, en explorant des lieux d'animation de la vie sociale et politique jusqu'ici peu investis par les chercheur·es.
Avec cette histoire condensée de la Suisse, Thomas Maissen délivre la nouvelle vue d'ensemble longtemps attendue. S'appuyant sur les recherches les plus actuelles, il décrit de manière fluide l'émergence de la Confédération suisse, son extraordinaire continuité, mais aussi les nombreuses lignes de fractures qui la traversent jusqu'à aujourd'hui. Comment se sont formés les ligues fédérales et les mythes fondateurs ? Pourquoi la Confédération, divisée entre catholiques et protestants, n'a-t-elle pas éclaté ? La guerre du Sonderbund était-elle nécessaire pour que naisse, en 1848, un État fédéral moderne ? Pourquoi Hitler n'a-t-il pas conquis la Suisse en juin 1940 et comment la Suisse se positionne-t-elle dans l'Europe et le monde au xxie siècle ? Si l'interprétation de l'histoire suisse est controversée depuis plusieurs années à l'intérieur du pays, elle a aussi été remise en question par des critiques venues de l'extérieur. Rédigée avec clarté, cette synthèse solide et exhaustive met au jour les racines historiques du régime politique actuel de ce pays plurilingue au coeur de l'Europe. Dans sa version allemande, cet ouvrage de référence en est à sa sixième édition. La présente traduction en propose une version remaniée et actualisée.
Philippe Rousseau propose une interprétation de l'Iliade fondée sur l'analyse de la logique immanente à la construction de l'intrigue et répondant à l'exigence de déchiffrement du sens formulée par l'aède dans le cinquième vers du poème. Croyant oeuvrer à leurs propres objectifs, les acteurs humains et divins du drame agissent selon un plan arrêté par Zeus, Fils de Cronos et Père des dieux et des hommes, dont l'économie dialectique et les jeux trompeurs leur échappe. Le dieu tourne la colère d'Achille et la défaite des Achéens en moyen de la perte de Troie. De la crise que raconte le poème, l'aède fait ainsi le moment décisif où se joue l'issue de toute la guerre, et la fin de l'âge des héros. Au fil des chapitres, Philippe Rousseau guide le lecteur dans l'analyse de cette mise en récit et montre comment l'Iliade absorbe et dépasse dans sa construction monumentale l'ensemble de la tradition épique du cycle de Troie.
L'enseignement et la formation professionnels forment chaque année des jeunes femmes et des jeunes hommes dans les lycées professionnels, les centres d'apprenti.e.s, à l'Université. Mais qui forme-t-on à quoi ? Quelles conditions de formation s'imposent aux unes et autres ? Quels stéréotypes sont véhiculés ? A quelle condition peut-on y résister ? Cet ouvrage propose de se saisir de ces questions à partir d'enquêtes sociologiques et historiques récentes, dans les contextes de formation français et suisses.
Pourquoi l'accès au savoir a-t-il constitué l'un des grands enjeux de la décolonisation ? C'est la question à laquelle cet ouvrage se propose de répondre en examinant le processus d'internationalisation de la politique éducative française en Afrique subsaharienne entre 1945 et 1961. Fondée sur une riche documentation archivistique, cette enquête met en lumière les relations qui se tissent entre la France, les autres puissances coloniales européennes et l'UNESCO, offrant une plongée unique au coeur des visions contrastées du développement et de la coopération internationale qui émergent au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Le livre retrace plus particulièrement les échanges et les rivalités qui accompagnent l'élaboration de nouveaux paradigmes - en particulier l'éducation de base - et analyse de manière détaillée leur mise en application en Afrique occidentale et équatoriale française. Il dévoile enfin les multiples reconfigurations qui s'opèrent au moment des indépendances, fournissant un éclairage inédit sur la genèse de l'aide au développement.
« Je suis quadruple citoyen : roubaisien, français, européen, du monde » : telle est la profession de foi d'André Diligent, né en 1919 à deux pas de la mairie de Roubaix, ville dont il est le premier magistrat de 1983 à 1994. Cette biographie vise d'abord à rappeler ce qu'il doit à son père, le démocrate-chrétien Victor Diligent, avocat des riches et des pauvres, puis à présenter son investissement au sein du Mouvement républicain populaire issu de la Résistance attaché à la famille, l'autorité tout autant qu'au souci social et à l'esprit de justice. Qualifié par les médias de M. Propre ou de Candide du Sénat pour avoir dénoncé la publicité clandestine à la télévision, André Diligent lutte durant 25 ans pour faire droit aux résistants de La Voix du Nord, est lucide sur l'Algérie et sur l'environnement. Ce catholique roubaisien, « capable de tout » pour sa ville, s'engage dans la résistance, suit Pierre Pflimlin pour une Europe proche de ses concitoyens. Orateur percutant et chaleureux, André Diligent a dû affronter des épreuves familiales sans jamais oublier de « jouer collectif ».
La commémoration du centenaire de la Grande Guerre a donné lieu à de nombreuses publications. L'économie n'a pas été oubliée. Mais la perspective est souvent restée très nationale. Cet ouvrage s'intéresse à l'économie du principal adversaire et perdant, l'Allemagne. Lui non plus n'était pas préparé à une guerre longue. Lui aussi s'est trouvé pris dans la contradiction entre mobiliser toutes ses forces sur le front et préserver la main-d'oeuvre pour assurer l'approvisionnement par l'arrière. L'État, avec un poids plus fort du pouvoir militaire en Allemagne, s'en est également mêlé de plus en plus, sans aller jusqu'à remettre en cause complètement l'initiative privée. La défaite finale était largement inscrite dans la disproportion initiale des ressources, aggravée par l'entrée en guerre des États-Unis. Les contributions des meilleurs spécialistes allemands, du charbon à l'agriculture, en passant par l'aéronautique ou la chimie, sont discutées ici par leurs homologues français.
L'intensification et l'amplitude des migrations internationales à l'aube du xxie siècle placent l'Europe devant de nouveaux défis. Au coeur d'un système migratoire d'ampleur inédite, il lui faut d'urgence élaborer une stratégie visionnaire pour assurer ou refonder sa cohérence. Condition préalable : la compréhension de son passé migratoire récent. Fondé sur les derniers résultats de la recherche, ce livre explore les articulations complexes entre mobilités, migrations et constructions identitaires en contexte transnational. Les migrations étudiées ici dans plusieurs aires géographiques d'Europe et jusqu'en Israël sont appréhendées dans leur dimension culturelle, économique ou ethnographique, mais aussi historique et politique. Ainsi rassemblés, les articles proposés par des auteurs de diverses nationalités marquent l'état de la réflexion scientifique et constituent un observatoire pertinent dans le contexte contemporain d'une Europe inquiète, marquée par « la crise des réfugiés ». Ce livre vise à nourrir la réflexion politique et civile sur la question migratoire.
La question de l'impunité connaît aujourd'hui un net regain d'actualité. En son nom, les sociétés démocratiques fabriquent en permanence les frontières morales de leur intolérable. Agir impunément, c'est échapper à la sanction prévue par les normes positives ou morales. Pas d'impunité pour les jeunes casseurs de banlieue, pas d'impunité pour les violences policières, pas d'impunité pour les fraudeurs fiscaux, plus d'impunité pour le personnel politique. Inversement, l'impunité sera réclamée pour les lanceurs d'alerte, les faucheurs volontaires, les caricaturistes ; elle est régulièrement convoquée pour justifier les faits divers. L'impunité suscite des réactions contradictoires selon la nature des infractions et le statut de ceux qu'elle est censée protéger des éventuels châtiments. Mieux comprendre cette notion aux usages variables permet de raconter aussi bien nos inclinations au populisme punitif que nos aspirations à une société plus juste et démocratique, nos velléités d'échapper aux règles que nos besoins d'en produire de nouvelles.
Image évocatrice, objet convoité, enjeu de pouvoir, la carte dessine le monde. Outre les géographes-cartographes, de nombreux chercheurs, stimulés par sa puissance de représentation, l'utilisent afin de répondre à quelques-unes des interrogations de la société actuelle. La diversité des points de vue, des regards et des usages scientifiques, par conséquent la multiplicité des questionnements, se combine à la profondeur historique des références en apportant au lecteur curieux du monde des éléments de compréhension spatiale de processus, de circonstances, d'événements et de concepts propres à l'humanité. La carte, vivante et mouvante, est un reflet de l'imaginaire et la représentation d'un réel. Depuis l'Antiquité, les représentations de la Terre instaurent des mondes successifs, en jouant avec la géométrie, les distances et les formes, les plans et les volumes. Inscrites dans le temps, les cartes intègrent les temps de la terre et des sociétés. De nouvelles cartographies réinventent le monde du xxie siècle.
La traduction est aujourd'hui omniprésente et indispensable pour permettre la communication entre les peuples et les cultures. C'est pourtant une activité multimillénaire, qui n'a pas toujours revêtu les mêmes formes ni connu les mêmes enjeux. L'histoire de la traduction, partie intégrante de la discipline que l'on appelle la traductologie, permet de mieux cerner les contextes culturels dans lesquels s'inscrit la traduction et de suivre l'évolution des réflexions concernant cet objet polymorphe. Dans cet ouvrage publié à titre posthume, le chercheur internationalement reconnu qu'est Michel Ballard nous livre le fruit de ses dernières réflexions et apporte un nouvel éclairage sur la place de la traduction dans l'Antiquité, en tenant compte des publications récentes dans le domaine. La période examinée va de l'Égypte ancienne à saint Jérôme, en passant par la Mésopotamie, la Grèce, l'époque ptolémaïque et Rome.